Marina Petrella a été remise en liberté sous contrôle judiciaire, ce qui ne remet pas en cause la procédure d’extradition vers l’Italie.
Pour résoudre une situation analogue, un précédent Président de la République avait pris un engagement. Cet engagement doit être respecté : la France se déshonorerait si elle extradait Marina Petrella.
La LDH demande qu’elle puisse bénéficier de la clause humanitaire.
Marina Petrella : La mobilisation continue
La LDH se félicite de la décision prise par la Chambre de Versailles concernant le lever d’écrou pour Marina Petrella. Marina est désormais libre mais pour autant ce n’est qu’une première victoire. Le combat demeure l’abrogation du décret d’extradition et le règlement de la situation de tous les réfugiés italiens.
Jeudi 7 août : rassemblement hebdomadaire à 18 heures 30 sur le Parvis de Beaubourg - Centre Georges Pompidou (métro Rambuteau)
Les dernières informations sur Marina :
http://www.paroledonnee.info/.
Marina Petrella est remise en liberté sous contrôle judiciaire
[LEMONDE.FR avec AFP et Reuters, le 5 août 2008 - 17h18]Conformément aux réquisitions du parquet, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a décidé, mardi 5 août, la remise en liberté sous contrôle judiciaire de l’ancienne militante italienne des Brigades rouges Marina Petrella. "L’évolution de l’état de santé de Mme Petrella, si l’on reprend le dernier rapport en date du 1er août, indique qu’il n’est pas compatible avec une situation de détenu", a estimé dans la matinée l’avocat général Michel Doumenq. En vertu de la décision prise, il n’y aura plus de policiers placés en permanence devant la chambre de Mme Petrella à l’hôpital parisien Sainte-Anne. Selon ses médecins, elle est en "abandon de vie", atteinte de "troubles dépressifs et suicidaires" et souffre de "dénutrition". Elle est désormais alimentée par une perfusion, a précisé mardi son avocate Irène Terrel.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel a assorti cette remise en liberté de plusieurs obligations pour Mme Petrella, comme celles d’informer le parquet général de ses lieux d’hospitalisation et de résider chez elle à Argenteuil (Val-d’Oise) lorsqu’elle sortira de l’hôpital.
La décision ne remet pas en cause la procédure d’extradition de l’ex-brigadiste vers l’Italie, où elle a été condamnée en 1992 à la perpétuité, notamment pour complicité dans le meurtre d’un commissaire de police, en 1981. L’extradition ne devrait toutefois pas intervenir avant l’examen, probablement après la rentrée, d’un recours déposé par son avocate devant le Conseil d’Etat.
"La clause humanitaire, la seule solution digne de la France"
par Marie-Christine Vergiat, NouvelObs.com, le 21 juillet 2008
- Comment expliquer que bien que l’état de santé de Marina Petrella s’aggrave dangereusement, la France ne décide toujours pas d’appliquer la clause humanitaire de la convention d’extradition ?
Il faudrait poser la question à François Fillon et Nicolas Sarkozy. Nous, nous pensons que son état de santé mérite que cette clause soit appliquée. Nous appelons à manifester tous les jeudis précisément pour cela et pour l’abrogation du décret d’extradition. Nous n’avons pu voir Marina Petrella car personne n’y est autorisé excepté quelques personnalités et parlementaires. Mais nous savons qu’elle est dans ce que je qualifierai dans un état de "dépression suicidaire" bien que ce ne soit pas un terme médical, qu’elle refuse de se nourrir, qu’elle se laisse mourir, qu’elle préfère mourir en France plutôt qu’à petit feu en prison. Elle est dans un état qui permet de suspendre le décret d’extradition.
Nicolas Sarkozy a fait le choix de demander à Silvio Berlusconi de demander au président italien qu’il la gracie. Or Nicolas Sarkozy a les moyens de le faire lui-même. Pourquoi chercher à se décharger de la décision sur l’Italie alors qu’il a tous les moyens en sa possession ? Surtout que l’on sait bien qu’il y a des criminels, même s’il ne s’agit pas d’extradition, à qui l’on peut reprocher bien plus et qui ont bénéficié de la clause humanitaire. Des gens qui ont été condamnés pour crime contre l’humanité par exemple. Maurice Papon par exemple.
- Compte tenu de la situation, quels sont les scénarios possibles ?
Marina Petrella n’est pas en état d’être extradée. Même Rachida Dati l’a dit. La ministre de la justice a souligné que, conformément à la tradition française, tant que le Conseil d’Etat ne se sera pas prononcé, elle ne pourra être extradée. Cela prendra peut-être 6 mois. Or, Marina Petrella ne tiendra pas d’ici-là. Rachida Dati a également assuré qu’elle serait soignée avant d’être extradée en Italie. Or on ne soigne pas quelqu’un comme ça, quelqu’un qui est sous perfusion, en dépression. Il faut que la France prenne ses responsabilités et applique cette clause humanitaire, c’est la seule solution, et la seule digne de la France. [...]
COMMUNIQUÉ LDH
Paris, le 15 juillet 2008
Il faut libérer Marina Petrella au plus vite
Marina Petrella a été transportée à l’hôpital d’Evry. Son état de santé est alarmant.
La LDH appelle à participer à la manifestation du 17 juillet à 18h30 Parvis de Beaubourg (Centre Georges Pompidou). Mais il y a urgence. La demande de grâce formulée par le président de la République à M. Berlusconi ne suffit pas à sauver la vie de Marina Petrella. Il faut la libérer au plus vite.
COMMUNIQUÉ LDH
Paris, le 8 juillet 2008
Marina Petrella : Nicolas Sarkozy invente la sous-traitance humanitaire
Ce matin, en notre nom à tous, Nicolas Sarkozy a décidé de livrer à son ami Silvio Berlusconi une femme en danger de mort, Marina Petrella. Avec le souhait délicat que les autorités italiennes fassent si possible œuvre d’humanité à sa place.
Un cheval de cruauté, une alouette de communication pseudo-humanitaire : cette présidence décomplexée se surpasse chaque jour.
De ce qui va maintenant arriver à Marina, Monsieur Sarkozy est, moralement, personnellement responsable. On peut fuir devant son devoir d’humanité, on n’échappe pas à la trace qu’on laissera dans l’Histoire.
La Ligue des droits de l’Homme, solidaire du chagrin immense de la proche famille de Marina et de ses amis, tient à leur dire que la France, heureusement, ne se résumera jamais à l’image que ses gouvernants actuels donnent d’elle une nouvelle fois aujourd’hui.
Communiqué du Syndicat de la magistrature
Paris, le 4 juillet 2008
Marina Petrella : « ...comme je te l’avais promis »
Marina Petrella se laisse doucement mourir dans une cellule de l’hôpital psychiatrique de Fresnes. « Elle préfère mourir qu’être enterrée vivante », déclare son conjoint au journal Le Monde, « comme ça, ses filles pourront faire leur deuil ».
Condamnée en Italie pour des faits qui remontent aux « années de plomb », Marina Petrella a choisi de s’installer en France en vertu de la parole donnée par la République sous la présidence de F. Mitterrand, selon laquelle il ne devait pas y avoir d’extradition des ex-activistes italiens qui renonceraient à la lutte armée. Assistante sociale dans notre pays, mère de deux enfants dont l’une, âgée de 10 ans, est née en France, Marina Petrella a parfaitement respecté cet engagement moral à rompre avec l’activisme violent.
En signant son décret d’extradition le 9 juin, le Premier ministre renie une nouvelle fois la parole donnée par la République. L’extradition de Marina Petrella signifiera pour elle un emprisonnement à perpétuité.
Aujourd’hui, rien n’arrête le gouvernement dans sa brutale détermination à extrader cette citoyenne européenne parfaitement insérée dans la société française : ni le respect de la parole donnée, ni l’absurdité d’une telle démarche près de trente ans après les faits, ni son remarquable investissement aux services de plus démunis, ni la mobilisation de ses nombreux soutiens, ni surtout son état de santé dramatique.
En effet, depuis son incarcération, Marina Petrella présente, selon ses médecins, « état dépressif gravissime, douleur morale, idées de mort extrêmement prégnantes, angoisse avec vécu somatique, sensation d’avenir bouché, l’ensemble évoquant une crise suicidaire franche et inquiétante ».
Avec cette extradition, Marina Petrella est poussée vers la mort dans l’indifférence glaciale de l’administration française. Elle dit ainsi adieu à ses proches, et écrit à son conjoint : « quant à toi, tu es le dernier homme que j’ai aimé... comme je te l’avais promis. »
Le Syndicat de la magistrature ne peut se résoudre à un tel traitement et appelle le gouvernement, s’il est encore possible d’être entendu, à faire preuve d’humanité.
COMMUNIQUÉ LDH
Paris, le 4 juillet 2008
Accueillir les ravisseurs d’Ingrid… et laisser mourir Marina ? Un Président de la République ne peut avoir qu’une parole
Une femme est libre, le Président de la République s’est engagé pour sa libération, chacun de nous s’en réjouit. Une autre femme se meurt, parce que la parole d’un Président de la République a été reniée, c’est insupportable.
Parce que nombreux sont les otages dont le calvaire se poursuit en Colombie, Nicolas Sarkozy a eu raison de renouveler sa proposition d’accueillir en France leurs ravisseurs sous la seule condition qu’ils renoncent à la violence politique : c’est seulement ainsi que se dénouent les guerres civiles.
En prenant l’engagement d’offrir l’asile aux guérilleros des FARC, quels que soient les crimes qu’ils viennent de commettre, le Président de la République est pleinement dans son rôle : il comprend la nécessité de contribuer à l’issue d’une tragédie politique.
Or c’est exactement ce qu’a fait François Mitterrand en promettant aux membres des Brigades rouges italiennes, il y a plus de vingt ans, que la France les accueillerait et ne les extraderait pas s’ils renonçaient définitivement à toute violence politique. Les victimes des attentats des Brigades rouges ont été infiniment moins nombreuses que celles des FARC, mais l’engagement présidentiel avait le même sens et la même raison d’être.
Marina Petrella a été condamnée en Italie il y a quinze ans à la réclusion à perpétuité, pour des faits qui ont eu lieu il y a plus de vingt-cinq années, après avoir déjà subi huit ans de « détention provisoire ». Elle s’est réfugiée en France en 1993 sur la foi de la promesse présidentielle. Elle a, depuis lors, scrupuleusement tenu sa parole. Mais la France a renié la sienne.
Parce qu’en 2002 un ministre a trahi l’engagement présidentiel en inscrivant les réfugiés italiens sur le « fichier Schengen », on lui inflige une triple peine : huit années d’emprisonnement, l’exil, et depuis dix mois la perspective de l’enfermement à vie en Italie.
Aujourd’hui, elle se laisse mourir en prison. Que faudra-t-il dire à ses deux filles, dont la plus jeune a dix ans ? Qu’on a laissé mourir leur mère au moment même où on faisait à d’autres la même promesse en laquelle elle avait cru ? Que leur famille, leur propre vie est brisée parce que Marina pensait qu’un Président de la République n’avait qu’une parole ?
Nous ne pouvons imputer à nos gouvernants autant de cynisme politicien. La convention d’extradition franco-italienne comporte une clause humanitaire que la simple équité commande d’appliquer à Marina Petrella.
Nicolas Sarkozy a besoin que l’on puisse croire en sa parole. Il doit tenir celle de la France. Il serait criminel de laisser mourir la femme exemplaire qu’est, depuis tant d’années, Marina Petrella. Elle doit sortir de ce cauchemar. La France ne peut l’extrader sans se déshonorer.
COMMUNIQUÉ LDH
Paris, le 3 juillet 2008
Ingrid Betancourt est libre, la mobilisation doit continuer
L’annonce de la libération d’Ingrid Betancourt est, pour tous les militants de la Ligue des droits de l’Homme, un grand moment de joie et de solidarité humaine. Depuis plus de six ans, nous avons participé à la mobilisation, rappelé les mois et les années qui passaient, refusé l’oubli et les instrumentalisations diverses de cette affaire si emblématique.
Aujourd’hui Ingrid et quelques autres otages sont libres, grâce à une opération réussie par l’armée colombienne sans effusion de sang. Les gouvernants français successifs, qu’il s’agisse de Jacques Chirac, de Dominique de Villepin ou de Nicolas Sarkozy, n’ont pas ménagé leur peine pour tenter d’obtenir ce résultat, et la LDH tient à saluer leurs efforts alors même qu’ils n’ont finalement pas été couronnés de succès.
Notre joie ne doit pas non plus nous faire oublier le sort des centaines d’otages dont le calvaire se poursuit en Colombie. Là encore, Nicolas Sarkozy a eu raison de renouveler sa proposition d’accueillir en France leurs ravisseurs sous la seule condition qu’ils renoncent à la violence politique : c’est seulement ainsi que se dénouent les guerres civiles, et si donner la parole de la France peut y contribuer le Président de la République est pleinement dans son rôle, comme l’ont été ses prédécesseurs en des circonstances comparables, en s’engageant comme il vient de le faire.
Le combat pour la libération des tous les otages et pour le respect des droits de l’Homme en Colombie, menacés tant par les FARC que par les exactions d’un pouvoir autoritaire et de ses anciens complices criminels des « paramilitaires », continue.