Hommage à Yvan Colonna


article de la rubrique justice - police > justice
date de publication : mercredi 23 mars 2022
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De la violente agression contre Yvan Colonna dans la prison d’Arles au doute sur sa culpabilité ... Hommage de Monseigneur Gaillot.


"Yvan Colonna est mort
J’aimais ta dignité rebelle ! Personne n’a jamais pu prendre ta dignité. Elle t’appartenait.
Malgré l’éloignement de ta famille et de ton pays, malgré la dureté de la vie carcérale, tu n’as pas subi ta vie. Tu n’étais pas fait pour être soumis mais pour être rebelle. Que serait l’existence, s’il n’y avait pas de rebelles ?
En entrant dans ta prison de haute sécurité qui m’impressionnait tant, je m’étonnais de me trouver en face d’un homme libre.
Quand on est enfermé dans des murs, cerné par des caméras, comment peut-on rester un homme libre ?
Mais tu l’étais cependant pour aimer et pour prendre soin des autres.
Je me souviens t’avoir dit un jour : « Toi le berger de Cargèse, je trouve que tu as fait un beau parcours »
Tu as souri mais tu ne m’as pas détrompé !
Devant la cour d’assises spéciale de Paris, tu proclames une fois de plus ton innocence : « Je suis un patriote corse, je n’ai jamais tué personne et pas le préfet de Corse. »
Tu as été condamné sans preuve. Ce dont on t’accuse, ne correspond pas à ce que tu es. J’ai toujours cru à ton innocence.
Une autre fois, tu m’as surpris : « J’ai de la sympathie pour le pape François. Il est très humain. Je comprends ce qu’il dit. Il a le souci des pauvres. Quand il parle, ses paroles me touchent. »
Je t’avais répondu : « Si François pouvait entendre tes paroles, ce serait un baume sur son cœur. »
« Yvan, toi que nous aimons, toi qui es resté un rebelle, tu es l’honneur du peuple corse »
Jacques Gaillot
Evêque de Partenia
Paris 22-03-2022

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08.03.2022 - LA LDH SAISIT LE PREMIER MINISTRE SUR LA SITUATION DES PRISONNIERS CORSES

Lettre ouverte d’André Paccou et de Malik Salemkour adressée à Jean Castex, Premier ministre

Monsieur le Premier ministre,

La violente agression contre Yvan Colonna dans la prison d’Arles a suscité une vive émotion et ravivé des tensions en Corse. La famille de la victime a légitimement exprimé une exigence de vérité, exigence que nous partageons pleinement. Nous avons pris note des procédures ouvertes et espérons qu’elles éclaireront les faits et préciseront toutes les responsabilités qui ont conduit à cette dramatique attaque.

Nous tenons à attirer votre attention sur l’importance qu’il y a, plus que jamais, à dissiper la défiance en train de se réinstaller dans les relations entre la Corse, sa société civile, ses élus et les représentants de l’Etat. A cet égard, la famille d’Yvan Colonna, qui s’est constituée partie civile, doit être entendue rapidement par le juge d’instruction pour pouvoir accéder à la procédure.

Le processus pacifique de dialogue politique doit s’accompagner de la part du gouvernement de signes d’apaisement et d’écoute. Dans ce cadre, il est urgent de répondre à la demande de justice exprimée largement par-delà les clivages partisans en faveur du transfert de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi à la prison de Borgo, à des fins de rapprochement familial. Cette demande, qui s’inscrit dans une égalité de traitement devant la loi correspond également à un besoin accru de protection de ces détenus.

L’arrivée d’un nouveau préfet de région dans l’île, dans ce contexte troublé, peut constituer une opportunité, dès lors que les missions engagées au nom de l’Etat aideront au rétablissement de la confiance. Cela passe par des discussions avec la collectivité de Corse et l’ensemble des collectivités territoriales en Corse, ainsi que des décisions favorisant la mise en œuvre de politiques publiques répondant aux inégalités sociales. Celles-ci, en effet, ne cessent de s’accentuer sur l’île, avec en toile de fond une précarisation accrue, des crises sanitaire, climatique et environnementale.

De premiers affrontements ont eu lieu. Il est de votre responsabilité que tout soit mis en œuvre afin de prévenir des réactions répressives préjudiciables à un débat politique et démocratique aussi légitime que nécessaire.

Vu l’objet de ce courrier et de nos vives inquiétudes, vous comprendrez, Monsieur le Premier ministre, que nous le rendions public. La section de Corse de la Ligue des droits de l’Homme se tient à la disposition du préfet de Corse pour aborder ces différents sujets d’une extrême importance.

C’est en comptant sur votre attention et votre compréhension des enjeux de justice qui motivent notre démarche et notre engagement que nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre haute considération.

André Paccou - Président de la section corse de la LDH

Malik Salemkour - Président de la LDH

Paris, le 7 mars 2022


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