prisons malades, prisonniers en souffrance


article de la rubrique prisons
date de publication : lundi 3 avril 2017
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Avec près de 70 000 détenus pour 56 660 places de prison, la France affiche une dégradation des conditions de détention inquiétante d’autant plus, que la surpopulation carcérale touche plus de la moitié des prisons. La LDH soutient la pétition de l’OIP [1]


Le 31 mars 2017, le directeur de l’Administration pénitentiaire a démissionné. Son départ intervient alors que le garde des Sceaux doit se voir remettre mardi 4 avril, le Livre blanc sur les prisons. [2].

70 000 détenus pour 56 660 places de prison [3] ! Notre pays ne serait pas le plus mauvais élève. Un rapport du Conseil de l’Europe (2013), rapporte que la moitié des pays européens sont également en situation de surpopulation carcérale. La France se place en 11e position après la Serbie, devant la Grèce et l’Italie.

Mais la France est l’un des pays où l’on enregistre le plus de suicides en prison, à la 4e place après le Benelux, Malte et la Macédoine.

Quelles alternatives à la surpopulation des prisons ?

Le plus souvent (Cf. les candidats aux élections présidentielles de 2017), la solution résiderait dans la construction de places supplémentaires, comme si l’augmentation du nombre de détenus ne questionnait pas notre société et son fonctionnement.

Pour d’autres, moins nombreux toutefois, la solution serait l’utilisation des peines alternatives. Faute de moyens [4], l’alternative à la prison est trop peu utilisée alors que la loi française comporte des mesures qui permettent aux juges de punir autrement que par la privation de liberté : le travail d’intérêt général ; le sursis avec mise à l’épreuve ; le placement à l’extérieur ; la surveillance avec bracelet électronique.

La question des alternatives à la prison est-elle une question suffisante ?

Pour l’Observatoire International des Prisons (OIP) qui étudie la question de l’incarcération depuis 1996, « il y a depuis plusieurs années une progression du taux de détention mais il n’y a pas plus de personnes qui commettent des délits », la surpopulation carcérale serait « l’effet des politiques pénales ». « Lors des procédures de comparution immédiate par exemple, les gens sont jugés très rapidement. Plus de sept fois sur dix, des peines de prison ferme sont prononcées », déplore Marie Cretenot, responsable du plaidoyer de l’OIP [5].

« La prison renforce le cercle vicieux de la délinquance », regrette-t-on à l’OIP. L’association dénonce par ailleurs, des régressions dans la reconnaissance de droits visant à protéger la personne détenue, telle la mise en place de « régimes différenciés » et le non respect de l’encellulement individuel. Elle alerte sur le "tournant législatif qui ajoute à des peines de plus en plus longues des mesures de sûreté pour les auteurs d’infractions les plus graves, sur la base d’une évaluation de la « dangerosité » hasardeuse et artisanale. »

La LDH qui agit pour l’indépendance de la justice et pour la présomption d’innocence, s’inquiète des atteintes aux libertés publiques aggravées par des lois sécuritaires qui font des prisons des lieux d’inhumanité et de violence.

Notes

[3La directrice de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) a prévenu la justice que l’établissement ne pouvait plus accueillir de nouveaux détenus car son taux d’occupation a atteint le record de 201%.(31 mars 2017)

[4Pour l’OIP, une rallonge du budget accordé aux alternatives et aux aménagements de peine est indispensable. L’association a lancé une pétition sur Avaaz


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