Éric Ciotti voudra-t-il inscrire dans la Constitution que nos ancêtres étaient gaulois ?


article de la rubrique laïcité
date de publication : dimanche 10 janvier 2016
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Après Nadine Morano pour qui “la France est un pays judéo-chrétien de race blanche” — voir cette page — c’est maintenant au tour d’Éric Ciotti, président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, de proposer de faire inscrire dans la Constitution que la France est “un pays de racines chrétiennes”. Ne serait-ce pas la porte ouverte à une prise en compte de l’“origine” des personnes ?

Éric Ciotti se montre ainsi digne successeur de Christian Estrosi qui, il y a quelques années, n’avait pas hésité à participer personnellement à la traditionnelle procession du 15 août à Notre-Dame de Fenestre.


Éric Ciotti veut faire inscrire dans la Constitution les racines chrétiennes de la France

par Sylvain Chazot, Le Lab Europe1, le 8 janvier 20167


"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale." L’article 1er de la Constitution de 1958 est quand même assez clair. Mais peut-être pas pour tout le monde.

Ce vendredi 8 janvier, à l’occasion de la présentation de ses vœux au conseil départemental des Alpes-Maritimes, dont il est le président, Éric Ciotti a en effet proposé que soient inscrites dans la Constitution de la 5e République les racines chrétiennes de la France. Il déposera même une proposition de loi en ce sens.

Éric Ciotti a dit :

La France est le fruit de ses racines chrétiennes. Notre devoir est de faire en sorte que la France reste la France !

C’est pourquoi, je vais déposer une proposition de loi visant à inscrire dans notre Constitution nos racines chrétiennes.

Certes, Éric Ciotti aimerait beaucoup que l’on inscrive dans la Constitution les "racines chrétiennes" de la France. Pour autant, il est clair : avant d’annoncer le dépôt d’une proposition de loi sur le sujet, il a tenu à affirmer son attachement à la République. "La République ne doit pas s’adapter aux lois religieuses, ce sont les lois religieuses qui doivent se soumettre à la République", a-t-il lancé.

On résume : La République ne doit pas se soumettre aux religions mais elle doit reconnaître les racines chrétiennes de la France.

Vous pensez qu’Éric Ciotti se contredit tout seul ? Pas du tout. Contacté par le Lab, le député des Alpes-Maritimes estime que la France est "aujourd’hui dans une forme de contradiction comme on a pu le voir avec le débat sur les crèches de Noël". Il ajoute :

Il faut valider ce qui est culturel à une source religieuse. Le calendrier civil a par exemple intégré les fêtes religieuses. Pâques, l’Ascension, Pentecôte, ce sont des fêtes chrétiennes. Demain, cela pourrait être remis en cause… L’idée est donc de dire que la France est une République laïque d’influence et de valeurs chrétiennes.

Éric Ciotti explique encore que "son texte est prêt". Mais il attendra un peu pour le présenter. L’élu LR ne souhaite pas le mélanger à la réforme constitutionnelle en cours actuellement, à l’initiative de François Hollande après les attentats du 13 novembre. "Je le ferai après", indique-t-il.

En novembre dernier, Nadine Morano expliquait sur France 3 que "la laïcité et la loi sur la laïcité n’ont pas été faites pour gommer notre culture et nos racines chrétiennes". "J’entends à ce que nous conservions dans notre pays, la France, qui est un pays aux racines chrétiennes, sa culture", ajoutait l’eurodéputé.

Florian Philippot aussi s’était dernièrement pris les pieds dans le tapis de la laïcité qui, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas une manière de promouvoir le christianisme au dépens des autres religions. En novembre, en pleine campagne des régionales, le n°2 du FN s’était opposé à l’enseignement de l’islam au lycée en Alsace-Moselle. Pour cela, l’élu frontiste avait défendu le Concordat au nom de… la laïcité.

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Christian Estrosi, le 15 août 2013 [1]

M. Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice, président de la Métropole Nice-Côte-d’Azur, ancien ministre, qui dénonce souvent le communautarisme (concernant les musulmans), publie une photo datée du 15 août 2013, sur son compte Tweeter [@cestrosi], avec la légende : « Défendre nos traditions chrétiennes, c’est aussi défendre l’héritage de nos anciens qui ont bâti notre pays niçois.

Le 15 août 2013, Christian Estrosi participait à la procession traditionnelle

L’élu azuréen expose sa participation à cette procession également sur son site web : « Procession de Notre-Dame de Fenestre. Christian Estrosi, Député-Maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur a participé à la traditionnelle procession du 15 août de Notre-Dame de Fenestre. Au cœur du massif du Mercantour, au pied du plus haut sommet des Alpes-Maritimes, le Mont Gélas (3 143m), Christian Estrosi a rappelé que « Défendre nos traditions chrétiennes, c’est aussi défendre l’héritage de nos anciens qui ont bâti notre pays niçois. »

Notes


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