l’aumônier toulonnais, non calotté mais culotté, sillonnait le lycée en soutane ...


article de la rubrique laïcité
date de publication : octobre 2006
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Le 5 octobre 2004, le conseil d’administration du lycée Dumont-d’Urville de Toulon avait suspendu l’abbé Galland de ses fonctions d’aumônier de l’établissement. Motif officiel : une circulaire subordonne l’exercice de ce pieux ministère à la consultation préalable du CA, qui n’aurait en fait jamais été saisi. Motif officieux : depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école, de nombreux enseignants n’admettaient pas que l’abbé se présente en soutane au lycée. Appartenant à la communauté religieuse Saint-Martin réputée « traditionaliste » [1], le père Galland revendiquait en effet le droit de porter sa soutane en tout lieu.

[Première mise en ligne le 24 octobre 2004, revue et mise à jour en octobre 2006]

L’aumônier toulonnais, non calotté mais culotté,
sillonnait le lycée en soutane,
au nez et à la barbe des élèves musulmanes,
interdites de se voiler.
Le proviseur, heurté par ce signe ostensible,
a fermé sa porte à l’ecclésiastique.

[La Vie - 14 octobre 2004]

Pour certains membres de la communauté éducative du lycée Dumont d’Urville, la présence à l’intérieur de l’établissement toulonnais
d’un aumonier ensoutané a semblé peu compatible avec la loi interdisant à l’école tout signe ostentatoire d’appartenance religieuse.

l’abbé Antoine Galland

Mardi 5 octobre 2004, le proviseur du lycée Dumont d’Urville de Toulon a invité l’aumônier Antoine Galland à ne plus se présenter en soutane dans son établissement. Cette décision est soutenue par le Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale (SNPDEN), par le SNES et par SUD-Education.

"Un prêtre en soutane dans mon lycée, moi ça ne me gêne pas à condition qu’on ne nous cherche pas des noises pour le port d’un foulard", a déclaré un élève du lycée toulonnais.

Le conseil d’administration du lycée Dumont d’Urville de Toulon se réunira le 9 novembre prochain afin de se prononcer sur la situation de l’aumônier.

Communiqué de la section de Toulon de la LDH

Dès le 19 décembre 2003, la LDH avait déclaré qu’« une loi prohibant les "signes religieux ostensibles" à l’école ou au travail ne résoudra rien. Tout au contraire, cette mesure ne fera, en fait, qu’ouvrir la porte à de nouveaux contentieux et renforcer l’exclusion dont est déjà victime toute une catégorie de la population. »

Cette loi a été votée en mars 2004. Article 1 : « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »

Au prétexte que le voile peut être un signe d’appartenance religieuse, interdiction
est donc faite au élèves voilées de pénétrer dans un établissement scolaire.

Les membres de la communauté éducative, quels que soient leur fonction et leur statut, sont soumis à un strict devoir de neutralité qui leur interdit le port de tout signe d’appartenance religieuse.

Il semble donc difficile de justifier la présence à l’intérieur d’un lycée d’un religieux en soutane, signe indéniable d’appartenance à une communauté religieuse.

Toulon, le 14 octobre 2004

« Un accord à l’amiable avait été trouvé entre l’évêché et le rectorat pour que l’abbé Galland intervienne en tenue plus discrète », titrait Var-Matin le 11 novembre 2004.

Lundi 15 novembre, on apprenait en effet que l’aumônerie du lycée toulonnais rouvrira fin novembre, l’abbé ayant accepté de changer de tenue, a-t-on appris lundi auprès de l’évêché. "Pour ne pas susciter d’émotion inutile, l’abbé viendra désormais en clergyman, avec un col romain, abandonnant la soutane", a indiqué à l’AFP le chargé de communication de l’évêché, à l’issue d’une réunion lundi entre le proviseur du lycée Dumont-d’Urville et l’abbé Antoine Galland.

Lors de la réunion du CA du lycée, le mardi 9 novembre à 18h, l’ensemble des membres élus du CA (moins une voix) a adopté un texte demandant que les tenues des intervenants réguliers ne manifestent pas ostensiblement une appartenance religieuse de nature à « troubler l’ordre public ».

Selon l’évêque du diocèse, Mgr Dominique Rey, « l’objection n’a pas porté sur la soutane, du moins officiellement. L’argument était que le conseil d’administration n’avait pas autorisé l’ouverture de l’aumônerie. Or celle-ci existait depuis 1962. Et cela faisait quatre ans que le prêtre entrait dans l’établissement en soutane ». L’affaire s’est réglée à l’amiable. Le recteur a demandé au proviseur d’appliquer la loi, et le prêtre a adopté une tenue civile pour entrer dans l’établissement.

« L’aumônier viendra sans la soutane, si on ne lui demande pas d’être en tee-shirt, car on ne veut pas d’une dérive maximaliste de la laïcité » a déclaré un responsable de l’évêché [Var-Matin, du 10 novembre].

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Nous ne sommes plus en 1900 ... [2]

... mais en 2004 :

Notes

[1- Qu’est-ce que la communauté Saint-Martin ? (Extraits de Var-Matin, du 7 octobre 2004.)

On la dit proche de l’extrême droite. Présente dans le département du Var depuis près de 20 ans la nouvelle communauté Saint-Martin a été fondée une dizaine d’années après le concile Vatican 2. La communauté met à disposition des évêques diocésains un corps mobile de prêtres.

Une communauté influencée par l’esprit charismatique et le courant, conservateur sinon « restaurateur », dit-on officieusement, insufflé par les évêques d’Avignon et de Toulon.

Voir également : Toulon, Sanary ... les intégristes sont parmi nous.

[2Un arrêté municipal du 10 septembre 1900 avait interdit le port de la soutane sur le territoire de la commune du Kremin-Bicêtre.


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