Le problème soulevé par l’aumônier traditionnaliste du lycée Dumont-d’Urville qui se présentait ensoutané au lycée toulonnais était un signe parmi d’autres ...
Lire ci-dessous :
Un "effet indirect" de la loi sur le voile [Le Monde de lundi 8 nov 2004].
Fillon : les aumôniers ne sont pas concernés par la loi sur les signes religieux
[AFP - mardi 9 nov. 2004, après-midi].
Un "effet indirect" de la loi sur le voile.
par Xavier Ternisien [Le Monde daté du 9 nov 2004]
Les évêques ne veulent pas dramatiser. Ils n’en font pas une affaire d’Etat. Mais ils ressentent "un climat", "une crispation". Et ils s’en plaignent. Mgr Jean-Pierre Ricard, qui vient d’être réélu pour trois ans à la tête de la Conférence épiscopale, a évoqué, dans son discours d’ouverture de l’assemblée plénière qui se tient du 4 au 9 novembre 2004 à Lourdes, les "effets indirects" de la loi sur les signes religieux. [...]
Le souci des catholiques porte essentiellement sur les aumôneries de l’enseignement public. Elles sont 2 000 dans les collèges et les lycées, et accueillent environ 115 000 élèves. Certaines fonctionnent à l’intérieur des établissements. Elles sont créées sur demande des parents et après accord du recteur, selon les termes d’un décret du 22 avril 1960 intégré au code de l’éducation.
Les services de la Conférence épiscopale expliquent que « les difficultés à la rentrée n’ont pas été plus nombreuses que d’habitude. Mais, quand elles ont lieu, les réactions sont plus violentes ». Le diagnostic est unanime : « On sent que tout le monde est sous tension, note un responsable. Il suffit que des groupes de pression se manifestent pour que des problèmes surgissent. Le chef d’établissement, lui, cherche avant tout la paix scolaire. »
RESTRICTIONS ET EMBARRAS
A Toulon (Var), c’est un prêtre de la communauté Saint-Martin, portant la soutane [1], à qui l’on a refusé l’entrée du lycée Dumont-d’Urville. Selon l’évêque du diocèse, Mgr Dominique Rey, « l’objection n’a pas porté sur la soutane, du moins officiellement. L’argument était que le conseil d’administration n’avait pas autorisé l’ouverture de l’aumônerie. Or celle-ci existait depuis 1962. Et cela faisait quatre ans que le prêtre entrait dans l’établissement en soutane ». L’affaire s’est réglée à l’amiable. Le recteur a demandé au proviseur d’appliquer la loi, et le prêtre a adopté une tenue civile pour entrer dans l’établissement [2].
Mgr Rey avance que, dans son diocèse, cinq autres cas difficiles se sont présentés : des restrictions ou des embarras pour ouvrir ou maintenir une aumônerie. « Par exemple, on nous explique que, dans telle zone, le nombre des chrétiens a baissé, qu’il faut donc refaire les démarches pour rouvrir l’aumônerie. » La loi sur les signes religieux n’est pas seule en cause. Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes (Aube), glisse avec un sourire : « Allons, vous la connaissez bien la raison pour laquelle on nous crée toutes ces difficultés... A chaque fois, c’est le même refrain. L’éducation nationale nous dit : "On ne peut pas ouvrir d’aumônerie catholique parce que, vous comprenez, autrement, il faudrait le faire aussi pour les musulmans..." »
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Fillon : les aumôniers pas concernés par la loi sur les signes religieux
[AFP - mardi 9 nov. 2004, après-midi]
Le ministre de l’Education nationale François Fillon a déclaré mardi que la loi sur les signes religieux à l’école ne devait pas s’appliquer aux "adultes qui ne font pas partie de la communauté éducative", tels que les parents d’élèves et les aumôniers.
"J’ai demandé, et le Premier ministre a insisté sur ce point, que cette loi soit respectée mais qu’on n’aille pas au-delà de la loi et que dans les établissements on ne cherche pas à faire appliquer la loi à des gens à qui elle ne s’applique pas", a-t-il dit à l’issue d’une réunion avec les recteurs d’académie, présidée par Jean-Pierre Raffarin, à Matignon.
"Je pense aux parents d’élèves, aux aumôniers, à tous ces adultes qui ne font pas partie de la communauté éducative et qui ne sont pas concernés par ce texte", a indiqué le ministre de l’Education.
Le conseil d’administration du lycée Dumont d’Urville à Toulon doit évoquer ce mardi soir le problème de l’aumônerie. Depuis début octobre, le fonctionnement de l’aumônerie est suspendu, à la suite de protestations d’enseignants et de parents d’élèves contre le fait que l’aumônier, l’abbé Antoine Galland, venait en soutane.
Pour justifier cette suspension, le proviseur, rappelant que la loi sur la laïcité ne s’appliquait pas pour cet intervenant extérieur, s’était appuyé sur le fait que le conseil d’administration du lycée ne s’était jamais prononcé sur le fonctionnement de l’aumônerie.
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[1] L’affaire de l’aumônier du lycée Dumont d’Urville qui pénétrait ensoutané dans le lycée a été rapidement "règlée" : « un accord à l’amiable avait été trouvé entre l’évêché et le rectorat pour que l’abbé Galland intervienne en tenue plus discrète » [Var-Matin, du 11 novembre 2004.]
Lundi 15 novembre, on apprenait que l’aumônerie du lycée toulonnais rouvrira fin novembre, l’abbé ayant accepté de changer de tenue, a-t-on appris lundi auprès de l’évêché. "Pour ne pas susciter d’émotion inutile, l’abbé viendra désormais en clergyman, avec un col romain, abandonnant la soutane", a indiqué à l’AFP le chargé de communication de l’évêché, à l’issue d’une réunion lundi entre le proviseur du lycée Dumont-d’Urville et l’abbé Antoine Galland.
Lors de la réunion du CA du lycée, le mardi 9 novembre à 18h, l’ensemble des membres élus du CA (moins une voix) a adopté un texte demandant que les tenues des intervenants réguliers ne manifestent pas ostensiblement une appartenance religieuse de nature à « troubler l’ordre public ».
[2] Notre surprise à la lecture de cette information publiée par Le Monde dans l’après midi du lundi 8 novembre, alors que le conseil d’administration du lycée concerné ne s’est réuni que le mardi 9 novembre à 18h.