décréter le lundi de Pentecôte jour de deuil national


article de la rubrique laïcité
date de publication : mardi 5 avril 2005
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après la mort du pape ...
un fidèle lecteur propose une mesure consensuelle

une proposition de Dominique Hasselmann

Les drapeaux en berne et les visites de condoléances des préfets aux évêques font partie des "usages républicains" après la mort d’un Pape, assure un communiqué du ministère de l’Intérieur, diffusé lundi soir. "A l’occasion du décès d’un souverain pontife, les usages républicains prévoient la mise en berne de l’emblème national afin d’honorer la personne d’un chef d’Etat décédée dans l’exercice de ses fonctions s’agissant d’un pays proche de la France", fait valoir le ministère.

Il ajoute, au titre de ces "usages républicains", "l’autorisation pour les préfets d’effectuer une visite de condoléances aux évêques et à se rendre à l’invitation éventuelle de ces derniers au service funèbre organisé à la mémoire du souverain pontife dans leur département".

A gauche, des élus ont dénoncé la mise en berne des drapeaux en l’honneur d’un chef religieux. Ils se sont également émus que les préfets soient invités par le ministre de l’Intérieur aux messes organisées dans leurs départements en mémoire de Jean Paul II. Plusieurs associations et syndicats ont également exprimé leurs réserves.

La FSU, première fédération de l’enseignement public, et la deuxième, l’Unsa-Education, se sont élevées contre la mise en berne des drapeaux aux établissements scolaires. "Alors qu’il y a un an à peine était promulguée une loi sur les signes religieux à l’école, de telles pratiques conduisent à donner le signe que les principes de laïcité peuvent être à géométrie variable", a déclaré la FSU.

Cet hommage est "malvenu", juge Michel Tubiana, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH). S’il ne critique pas la présence de Jacques Chirac à Notre-Dame de Paris, dimanche 3 avril, "à titre privé", il juge l’attitude des pouvoirs publics "disproportionnée".
"Il a changé la peau de l’Eglise et non son contenu" juge le président de la LDH qui voit en Jean Paul II un partisan de l’"ordre moral".
 [1]

L’UMP s’est dite "choquée par une polémique qui traduit une intolérance d’un autre âge : la laïcité, ce n’est pas la négation de la religion, a fortiori quand cette religion est la première de notre pays".

Mais il faut bien constater avec le Figaro qu’il subsiste en France "des voix isolées contre les drapeaux en berne". Nous en avons trouvé une à Toulon :

Service public, France 2 ou Télé Vatican ?

L’overdose médiatique avant, pendant, et après la mort du pape m’amène à poser deux questions. La première : France 2 est-elle encore une chaîne de service public ? La deuxième, qui en découle : la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat est-elle encore en vigueur dans notre pays ? Le zèle avec lequel les journaux télévisés ont été rallongés pour traiter de la mort du pape (y compris avant que celle-ci soit effective, quelle élégance !) m’amène à me demander si en payant dévotement ma redevance je ne paie pas en même temps le denier du culte.

Que cela plaise ou non aux responsables de France 2, il y a une foule de gens qui ne se reconnaissent en rien dans les faits, les gestes et les déclarations du pape, quel que soit son nom, et qui par conséquent accordent à la mort de celui-ci comme à l’élection du prochain une importance tout à fait relative.

Au moins deux accidents de parcours sont venus gâter le bel enthousiasme des journalistes de la Deux. Samedi soir, le journal a commencé par 25 minutes sur le sujet, avant qu’on daigne évoquer, en les saucissonnant en fines tranches (évidemment, il fallait rattraper le temps), d’autres informations tout à fait secondaires comme les ravages du sida au Malawi. On a omis de nous rappeler que les fermes recommandations contre le préservatif émises par le pape n’avaient pas contribué à améliorer la situation. Mais, surtout ; nous avons eu pendant 3 secondes une image terrible : celle du visage d’un malheureux enfant détruit par la maladie. Ces trois secondes ont rendu brutalement et tragiquement dérisoires les bigoteries des 25 minutes précédentes. Et, le lendemain soir, France 2 a carrément innové : son journal de près d’une heure n’a traité que d’une seule information : la mort du pape. Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. Il ne s’est rien passé d’autre en France ni dans le monde. Service public ? France 2 ou Télé Vatican ?

Charles Bottarelli, Toulon
 [2]

Notes

[1Extraits de la chronique de Nicolas Weill, intitulée Le deuil public pour le pape choque les libres-penseurs, dans Le Monde du 5 avril 2005.

[2Courrier de Libé, mardi 05 avril 2005


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