L’extrême droite n’invoque la laïcité que pour la religion musulmane et pour justifier la stigmatisation des « musulmans ». Il s’agit là d’un véritable détournement d’un principe démocratique qui, tout au contraire, permet de vivre ensemble.
Car la laïcité c’est aussi le respect accordé à nos concitoyens de culture différente de celle de la majorité, et la lutte contre les discriminations dont ils sont l’objet.
Il faut déplorer que les thèmes d’exclusion de l’extrême droite aient gangréné le débat politique, et il semble malheureusement que, comme le montre Laurent Lévy dans le texte repris ci-dessous, de nombreuses personnes aient été abusées par cette instrumentalisation de la laïcité à des fins discriminatoires.
Voir en ligne : plaintes contre Marine Le Pen pour provocation à la discrimination
La métaphore laïque illustrée par l’exemple
Un cas d’école du racisme républicain
par Laurent Lévy, 9 novembre [1]
Lorsque, au nom fantasmatique d’une laïcité qui n’était pas en cause, le Parlement a décidé d’interdire « le foulard à l’école », nombreux sont ceux – et sans doute plus encore nombreuses sont celles – qui ont vu dans ce détournement et cette dénaturation du principe laïque une simple feuille de vigne devant le racisme le plus sommaire. À jouer ainsi avec ce mot, « laïcité », on lui a fait perdre son sens. D’un principe démocratique essentiel, on a fait un synonyme de principe d’exclusion. Cela ne pouvait pas ne pas avoir d’effet sur ses usages à venir.
Il y a quelques semaines, un incident à agité les débats entre parents d’élèves d’une école primaire de la région lyonnaise. La mère d’une élève racontait ainsi dans un débat récent cette anecdote : Pour préparer la fête de l’école, les enfants apprennent quelques chansons. L’équipe enseignante a pris l’habitude de leur en faire apprendre certaines dans des langues étrangères. Chansons anglaises, allemandes, espagnoles…
Mais voici que cette année, les enfants ont ramené dans leurs cahiers le texte de l’une de ces chansons, avec une transcription phonétique des paroles : une chanson en arabe. Ce scandale n’a pas tardé à émouvoir certains parents. Et ce qui devait arriver arriva, dans le cours des discussions qui s’en sont suivies, une mère de famille a fait observer que cette chanson (une chanson pour enfants parfaitement anodine) ne pouvait pas être admise pour la fête de l’école, parce que cela serait contraire au principe de laïcité. Parce qu’enfin, nous sommes en République !
Cela mérite-t-il un commentaire ? Cette mère de famille avait bien compris le sens profond du mésusage désormais bien acquis de l’appel à la laïcité. Il n’a bien souvent plus rien à voir avec l’indépendance réciproque de l’État et des religions. Depuis la loi anti-foulard de 2004, pour beaucoup, il signifie simplement ceci : « Il y en a marre des bougnoules ! »
Autres lectures proposées :