Lors de la rentrée 2015, le département du Var comptait onze écoles hors contrat, soit 446 élèves ; il y en aura trois de plus à la rentrée 2016, parmi lesquelles le Cours Le Faro à La Loubière : 7 écoles laïques dont 3 Montessori, 6 écoles catholiques dont une Montessori et une école adventiste.
Le Var comporte d’autres établissements d’enseignement hors contrat : 5 collèges, 5 lycées professionnels, 12 lycées (6 n’offrent que des formations post-bac) ; cela représente 245 collégiens, 122 lycéens professionnels et 284 lycéens (dont 166 élèves inscrits dans des formations post-bac).
La situation devrait évoluer. Dans l’intention de lutter contre la « radicalisation », le ministère de l’Education nationale a décidé de renforcer les contrôles des établissements privés hors contrat, et ce en deux points principaux :
d’une part, et, alors que les formalités d’ouverture d’une école hors contrat se limitaient jusqu’à présent à une simple déclaration, il faudra dorénavant obtenir une autorisation administrative préalable ;
d’autre part la liberté pédagogique des écoles hors contrat sera encadrée par l’obligation de suivre la progression pédagogique de l’enseignement public.
Ce que Mgr Rey n’hésite pas à qualifier de « remise en cause [de la] liberté d’enseignement » ....
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La messe sera proposée, lors de la pause méridienne, aux élèves qui mangeront à la cantine. « mais ils ne seront pas obligés d’y assister », insiste Arnaud Masson, directeur du cours Le Faro. Cette nouvelle école privée hors contrat ouvrira ses portes à la rentrée prochaine à côté de l’église de l’Immaculée conception, quartier de la Loubière à Toulon.
Ces établissements sont, depuis quelques semaines, sous la surveillance étroite du ministère de l’Education nationale : la ministre a en effet annoncé un renforcement des conditions d’ouverture de ces établissements qui échappent à la réglementation mais qui « scolarisent » environ 50 000 enfants en France.
Le cours Le Faro entretient certes des « liens privilégiés avec le diocèse » mais se défend d’être une école confessionnelle « même si nous partageons les valeurs et les vertus que nous enseigne la religion catholique »
L’école s’installe à proximité de l’église ? « c’est notre paroisse, c’est pour cela que nous nous sommes rapprochés de l’Évêché pour louer les locaux vacants... », ajoute Arnaud Masson. A court terme, assure le directeur, le cours devrait déménager.
Renforcement des contrôles
En septembre, le cours du Faro devrait accueillir une cinquantaine d’enfants, répartis en 4 classes. Une maternelle Montessori, une classe de CP, une de CE1 et une de CM1 « accueillant du double niveau », ajoute le directeur Arnaud Masson.
« Ma mère était directrice d’un cours privé hors contrat, à Saint-Etienne ». L’un des plus vieux cours en la matière, précise le directeur.
C’est en regardant ses cinq filles évoluer différemment que ce jeune retraité de la Marine a eu l’idée d’ouvrir ce cours : « Ce sont cinq personnes différentes.
Une seule éducation scolaire ne correspondrait pas ». Et c’est toute la richesse selon lui, de l’école privée hors contrat : la liberté de l’enseignement, celle des rythmes scolaires, pour s’adapter aux enfants.
Régi par le code de l’Education
Les écoles hors contrat sont totalement régies par le code de l’Éducation. « On reste une école d’abord ! », explique Arnaud Masson. Modalités d’ouverture, diplômes requis, respect du socle commun, inspection... Sans oublier les normes de sécurité. Les cours seront dispensés par des enseignants « qui disposent de tous des diplômes requis pour enseigner. » Et un extrait de casier judiciaire de moins de trois mois leur est demandé par l’Inspection académique.
L’établissement n’est pas contraint de suivre le calendrier scolaire, tel qu’établi par l’Éducation nationale et, comme le stipule le site internet, les enfants seront contraints de porter un tablier d’écolier.
Comme le prévoient les dispositions légales, le cours le Faro pourra, au bout de la cinquième année, prétendre rejoindre les établissements privés sous contrat. « Mais ce n’est pas une priorité », ajoute son directeur.
Le cours est financé par les frais d’inscription, une opération de subvention via intemet a été lancée. Car l’établissement ne recevra aucun denier public.
Le retour de l’enfant dans le publiic ou dans le privé sous contrat est conditionné par la réussite d’un examen.
Deux autres écoles privées hors contrat vvnt ouvrir à la rentrée prochaine dont une à La Valette, clairement identifiée comme une école confessionnelle.
Monseigneur Rey n’a pas manqué de réagir dès le lendemain de l’annonce du ministère.
« Cette question touche à la liberté de l’enseignement, qui du coup est remise en cause nous a confié l’évêque du diocèse Fréjus-Toulon.
À la capacité de pouvoir développer l’enseignement catholique tel qu’il existe actuellement, autour d’écoles catholiques libres, qui ne sont pas directement sous la tutelle de l’Éducation nationale. »
Pour l’évêque, « ces écoles donnent libre cours à l’inventivité pédagogique, à la fertilisation de la proposition éducative ». Si à l’avenir, ces établissements font l’objet d’une autorisation préalable, « on va mettre dans un cadre unique toutes les pédagogies... Cela va contraindre l’enseignement catholique », ajoute Mgr Dominique Rey pour qui ces écoles hors contrat sont aussi en mesure de proposer, à qui le souhaite, des enseignements non prévus par les programmes du ministère comme le latin, langue de l’église. Mgr Rey comprend cependant cette volonté de renforcer les contrôles et les inspections. « Mais cela ne doit pas se faire en empêchant la croissance de nos établissements. »
La loi en effet, autorise l’État à inspecter les écoles et fermer les écoles dans des délais très brefs. « Cinq fermetures d’école ont d’ailleurs été annoncées ajoute Mgr Rey. Il suffit de mieux contrôler les écoles, de mieux les inspecter pour lutter contre la radicalisation ».
L’enseignement catholique du Var [2] compte 23 écoles, 16 collèges, 9 lycées d’enseignement général et technologique, 6 lycées professionnels ainsi que 4 structures d’enseignement supérieur.
[1] Lire également : Le Monde du 9 juin 2016, mis à jour le 23 juin : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs....
[2] Sous et hors contrat.