Jeanne d’Arc et les fafs


article de la rubrique extrême droite
date de publication : dimanche 12 mai 2013
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Depuis 25 ans, le 1er mai, c’est la grand-messe annuelle du parti de Jean-Marie Le Pen devant la statue dorée de Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris. Mais d’autres manifestations ont eu lieu le 12 mai : des groupes de l’extrême droite radicale ont défilé devant la statue de Jeanne d’Arc.
Pénible, le mois de mai, pour cette pauvre Jeanne !

[Mis à jour le 12 mai 2013] – Dimanche 12 mai, en fin de matinée, quatre militantes du groupe féministe des Femen sont parvenues à narguer les manifestants d’extrême droite, en déployant une grande banderole rouge, sur laquelle était écrit « Sextermination for nazism ».

[Mis en ligne le 9 mai 2013, mis à jour le 12]



Les Femen (le 12 mai 2013)

Les cérémonies avaient commencé devant la statue de Jeanne d’Arc une ou deux heures avant les parades néo-fascistes : une cérémonie officielle, car, ce jour-là, l’État français rend hommage à la Pucelle d’Orléans [1]. En effet une loi du 10 juillet 1920 a instauré une « fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme » « célébrée le 2ème dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans »...

Affiche (10 mai 1942)

La Révolution nationale de Pétain s’est évidemment appropriée le personnage mythique de Jeanne. En mai 1944, au moment où la presse collaboratrice se déchaînait contre les bombardements alliés, un tract distribué à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc proclamait : « Hier comme aujourd’hui, un seul ennemi : l’Anglais ! Pour que la France vive, il faut comme Jeanne d’Arc bouter les Anglais hors d’Europe. » [2]

Le Front national

Le 10 mai 1981, Le Pen dépose une gerbe sous la statue de Jeanne d’Arc, place des Pyramides.

Le 7 mai 1987, Bruno Mégret, alors député lepéniste de l’Isère, écrit dans National Hebdo : « Elle est là, pour nous dire que nous appartenons à une communauté qui nous est propre, qui est différente de celle des autres et dont nous devons être fiers parce que c’est la nôtre et celle de nos ancêtres. Retrouvons cette confiance en nous, cette fierté de ce que nous sommes et cette spontanéité dans l’affirmation de notre identité... »
 [2]

A partir de 1988, le rassemblement du Front national coïncide avec la Fête des travailleurs. Jean-Marie Le Pen fait de Jeanne d’Arc le symbole de l’essence française à opposer à tous les envahisseurs — c’est-à-dire les étrangers, les immigrés, ceux-qui-ne-sont-pas-de-chez-nous. « L’exemple de Jeanne d’Arc doit guider notre action », elle « qui sut bouter l’étranger hors de France » déclare-t-il dans son discours du 1er mai 1994.

L’appel de “3ème Voie”

Le 4 mai dernier, le “Réseau France Nationaliste | Troisième Voie” a publié un communiqué décrétant une « Mobilisation générale pour l’Unité des Patriotes Francais, des nationalistes et solidaristes Francais ! » et appelant à un rassemblement le 12 mai 2013 à 10h00 à la Madeleine, à Paris.

En voici l’injonction finale :

« Serrez les rangs derrière la phalange unitaire du Front Populaire Solidariste de 3ème Voie, qui guide et unit ce 12 mai 2013 l’ensemble des forces patriotes et nationalistes francaises ! Unité ! Unité ! Unité ! ORDRE ! JUSTICE ! SOLIDARITÉ ! »

Une vidéo permet d’avoir une idée de ce qu’a pu être la manif du dimanche 13 mai 2012 :


On comprend que plusieurs organisations aient demandé au ministre de l’Intérieur d’interdire ces « parades fascistes » !

Peste brune : non à la parade de l’extrême-droite le 12 mai

Ce 12 mai, une nouvelle fois, l’extrême-droite la plus violente annonce plusieurs manifestations dans Paris.

Plusieurs groupes et organisations, dont certains sont ouvertement néo-nazis, vont en effet « commémorer » à leur manière, la mort d’un de leurs militants, survenue le 9 mai 1994 suite à une manifestation non autorisée et violente, organisée par le GUD ; pour certains d’entre eux il s’agit aussi de rendre leur « hommage » à Jeanne d’Arc.

Le premier cortège partira de la Madeleine à 10h ; il est organisé par le groupe « 3ème Voie » son dirigeant Serge Ayoub alias "Batskin" , a animé nombre d’organisations et de mouvances, dont certains militants ont très rapidement franchi le pas vers la violence active, voire le meurtre. Ainsi le 18 juin 1990 au Havre, le jeune James Dindoyal était empoisonné puis jeté à l’eau, avant de décéder dans d’atroces souffrances. Les responsables étaient deux membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, proches de Serge Ayoub [3].

Aujourd’hui, Serge Ayoub et ses troupes prétendent à la respectabilité : cependant, très récemment, le 23 avril dernier les deux militants armés venus soutenir les agresseurs homophobes du bar de Lille et interpellés par la police, ont fait référence à leur appartenance au groupe 3ème Voie [4].

Cette manifestation est appelée au nom de la lutte contre l’« impérialisme ». Or, la dernière initiative de ce type [5]
a rassemblé autour de 3ème Voie des organisations de défense de la dictature syrienne, organisations dont les militants ont attaqué très violemment, à Paris et ailleurs en France, des manifestations organisée par les démocrates syriens [6].

Cette initiative est d’ailleurs rejointe par d’autres groupes notamment une partie des « nationalistes autonomes », belges et français, dont la dangerosité immédiate n’est plus à prouver. Ainsi, leur section de Nancy s‘est spécialisée dans l‘agression des cibles habituelles de l’extrême-droite, membres des minorités ou des mouvements progressistes [7].

La seconde manifestation est appelée notamment par l’Oeuvre Française, à 10h à la Concorde. On y trouvera aussi les Jeunesses Nationalistes et le GUD. Ces trois organisations sont ouvertement pétainistes et pro-nazies. Leur propagande est faite d’un mélange extrêmement violent d’antisémitisme, de racisme, d’homophobie et de négationnisme. Les Jeunesses Nationalistes comme le GUD sont à l’origine de nombreuses agressions ces deux dernières années : très récemment, le GUD a appelé ouvertement à la violence contre les homosexuels
 [8], et l’un de ses membres a également été condamné pour l’agression grave d’un jeune musulman dans les Yvelines [9].

Plus globalement c’est autour de ces groupes et de leur propagande en ligne, que gravitent et se forment les individus qui attaquent les locaux des associations LGBT, des forces de gauche, les centres de planning familial, les mosquées. C’est aussi sur leurs sites et leurs pages Facebook que sont diffusées des théories meurtrières contre les Juifs et les Roms et des appels au passage à l’acte contre ces populations.

L’après-midi, une troisième manifestation se tiendra à l’appel de CIVITAS, et nul doute que nombre des manifestants du matin iront ensuite grossir les rangs de l’organisation catholique intégriste.

Ces dernières semaines, galvanisée par l’élan violent des manifestations homophobes, cette extrême-droite n’hésite plus, même dans la capitale, à passer à l’attaque physique contre les manifestations ou les militants : le 1er mai, un cortège en hommage à Brahim Bouarram a été attaqué par une quarantaine de néo-fascistes armés [10].

[....]


Memorial 98
Opération Poulpe


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