ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur Bollène ?


article de la rubrique extrême droite
date de publication : vendredi 22 juin 2012
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Lundi dernier, la mairie Ligue du Sud de Bollène (Vaucluse) a interdit Le Chant des Partisans lors de la cérémonie de commémoration du 18 juin. Et elle a fait appel à la police municipale pour faire taire les récalcitrants.

Orange depuis 1995 (Jacques Bompard) et Bollène depuis 2008 (sa femme Marie-Claude) sont aux mains de l’extrême droite – Jacques Bompard a été réélu deux fois, avec plus de 60% des voix, et il vient d’être élu député...

Pour en savoir plus : le documentaire Mains brunes sur la ville (90 minutes) de Jean-Baptiste Malet et Bernard Richard, sur le couple Bompard au pouvoir à Orange et Bollène. Le film, qui bénéficie du soutien de la LDH, peut être utilisé pour organiser des projections (aller sur le site).



Foire d’empoigne lors de la cérémonie du 18 juin

par I. P., La Provence, le 19 juin 2012


Une longue altercation ponctuée d’insultes a perturbé la cérémonie.

Cérémonie mouvementée hier à Bollène pour la commémoration de l’appel du 18-Juin 1940. La cérémonie avait plutôt bien commencé. Comme le veut la tradition, Marie-Claire Aubey, fille de Paul Accarias, l’un des premiers Français à s’engager auprès du général, a lu l’appel du général de Gaulle. Puis l’adjoint Claude Raoux a fait une brève allocution avant d’inviter le public à écouter la Marseillaise : "Seul chant patriotique autorisé par le protocole", dira-t-il.

Après le salut des porte-drapeaux, une partie du public commence à entonner le "Chant des partisans". Ce chant des Chouans qui résistaient aux Bonapartistes a été réactualisé sous l’Occupation par Maurice Druon et Joseph Kessel. Il est devenu le symbole des maquisards, en particulier des FTP, Francs tireurs partisans, et des FFI, Forces françaises de l’intérieur.

Mais les élus de la majorité ne l’entendent pas de cette oreille et demandaient à la police municipale d’intervenir pour arrêter la sono que certains avaient pris soin d’apporter.

Une longue altercation ponctuée d’insultes s’en est suivie, chaque camp voulant réécrire l’Histoire. "Le chant des Partisans a été écrit en 1943, il n’a pas sa place pour une commémoration de l’appel du 18-Juin. Il est hors contexte, les communistes ne sont entrés en résistance qu’en 1942", expliquait André-Yves Beck, adjoint délégué aux finances et à la communication. "C’est un chant idéaliste, il est le symbole de la Résistance, c’est de la provoc de nous l’interdire", s’énervent les époux Roudil et l’ancien maire Georges Sabatier.

Pour André-Yves Beck : "Il y avait une réelle volonté de certains de créer l’incident, nous écouterons “Le chant des partisans” pour l’anniversaire de la Libération de Bollène." Au final, un bien piètre spectacle indigne et pitoyable, en particulier pour les quelques jeunes citoyens présents à la cérémonie.

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L’ex-FN Jacques Bompard retrouve l’Assemblée nationale

par Abel Mestre, Le Monde daté du 20 juin 2012


C’est le "troisième homme" des élections législatives. Plus exactement, le troisième élu d’extrême droite qui fait son entrée à l’Assemblée nationale. Il n’est plus encarté au Front national depuis 2005. Pourtant, il apporta au parti d’extrême droite une de ses victoires les plus symboliques : la mairie d’Orange (Vaucluse). Depuis 1995, date de sa première victoire, il y est constamment réélu.

Son parcours est "exemplaire" à l’extrême droite. Né à Montpellier en 1943, il a d’abord fait campagne dans sa jeunesse pour le retour du général de Gaulle, puis est devenu anti-gaulliste, pour défendre "l’Algérie française". Il crée alors le réseau OAS Cambronne à Montpellier.

Etudiant en chirurgie dentaire, il effectue sa formation politique dans les rangs du groupuscule d’extrême droite Occident. A la dissolution du mouvement, en 1968, il rejoint Ordre nouveau, avant d’adhérer au FN dès 1972. En 1986, il est élu député une première fois grâce au scrutin proportionnel.

Tension avec Jean-Marie le Pen

Au mitan des années 2000, la tension entre M. Bompard et Jean-Marie Le Pen devient de plus en plus forte. M. Bompard critique notamment la stratégie politique de M. Le Pen, à qui il reproche de tout baser sur la présidentielle au détriment de l’ancrage local. Une crise qui culmine en 2005 avec l’exclusion du bureau politique de M. Bompard, qui entraîne son départ du parti.

Le maire d’Orange ne se prive pas non plus à l’époque de critiquer vertement Marine Le Pen, alors en pleine ascension. Récemment, les relations avec la présidente du FN semblent s’être apaisées. Autre ombre au tableau de M. Bompard : sa mise en examen pour prise illégale d’intérêt.

Si, officiellement, le FN et M. Bompard n’ont pas de contacts, il n’en demeure pas moins que le suppléant de la nouvelle députée du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, Hervé de Lépinau, est un proche de M. Bompard. Preuve que les contacts ne sont pas inexistants.

Ligue du Sud

Si Marine Le Pen évite d’aborder le sujet, elle a néanmoins déclaré au Monde que son élection conforte son "idée que l’implantation locale porte toujours ses fruits". Selon elle, les députés FN seront amenés à voter "les mêmes projets de loi" que M. Bompard.

Après son exclusion du bureau politique du Front national, M. Bompard rejoint le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, qu’il soutient lors de l’élection présidentielle de 2007. Mais l’aventure tourne court.

Il s’associe alors avec le Bloc identitaire, petit parti politique d’extrême droite radicale en vue des élections régionales de 2010. Ensemble, ils lancent la Ligue du Sud, inspirée de la Ligue du Nord italienne. Leur liste recueille 2,6 % des voix dans la région. Face à lui, sa vieille connaissance devenue une sorte d’adversaire personnel, Jean-Marie Le Pen. Ce dernier sera élu, pas l’édile d’Orange.

Jacques Bompard affiche volontiers un profil d’élu de proximité un peu bonhomme. Mais il s’entoure de personnalités marquées politiquement dans la sphère la plus radicale. Comme André-Yves Beck, engagé en Croatie pendant la guerre en ex-Yougoslavie, et qui fut proche de la direction des Identitaires.

Abel Mestre


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Le Ravi, avril 2012

Bienvenue à facho-land !

par Michel Gairaud, Le Ravi le 3 mai 2012 [1]


L’extrême droite au pouvoir ? C’est déjà le cas, depuis 17 ans, dans le Vaucluse ! Jacques et Marie-Claude Bompard s’y sont emparés des mairies d’Orange et de Bollène. Monsieur pourrait même devenir député en juin. Enquête sur le système Bompard, les causes de son implantation, ses effets néfastes, son idéologie.

« Vous demandez un entretien à Jacques Bompard. Or, il se trouve que votre revue a déjà dans un passé récent "couvert" les villes d’Orange et de Bollène, témoignant à chaque fois d’une rare malhonnêteté intellectuelle. En conséquence de quoi, il ne nous est pas possible de répondre favorablement à votre demande. » Le message est signé André-Yves Beck, personnage clef du système Bompard. L’homme est à la fois directeur de la communication de la ville d’Orange, auprès de Jacques, et adjoint chargé de la communication, des finances et des commandes publiques de la ville de Bollène, auprès de Marie-Claude. Il a milité dans grand nombre de groupuscules « nationalistes-révolutionnaires » - Troisième voie, Nouvelle Résistance, Unité radicale… - avant de rejoindre le Front national puis de devenir l’éminence grise des Bompard. Les uns et les autres changent d’étiquettes mais restent fidèles avec fierté à leur idéologie d’extrême droite qu’ils s’efforcent de mettre en pratique.

le Ravi « couvre » en effet avec attention ce qui se trame dans le Vaucluse. Fin 2010, Jean-Baptiste Malet signe déjà dans nos colonnes un article sur « la féérie de l’extrême droite municipale » à Orange et Bollène. Il y décrit les rouages d’un système : la destruction du tissu associatif, le harcèlement des opposants, l’abandon des services publics… A l’issue de cette première enquête, il décide de réaliser, avec Bernard Richard, un documentaire pour mieux comprendre. Pourquoi des citoyens accordent-ils leur confiance à l’extrême-droite et comment se maintient-elle au pouvoir ? Nous accompagnons la sortie en Provence-Alpes-Côte d’Azur de leur film, Mains brunes sur la ville.

Qui est Jacques Bompard ? Le « bon gestionnaire » devenu expert en fleurissement de ronds points, en animateur de lotos pour maisons de retraites, le défenseur des « gens d’ici » ? Ou bien l’idéologue xénophobe et autoritaire, formé à l’école des amis de l’OAS, d’Occident, d’Ordre nouveau, sans oublier celle du Front national qu’il a fondé au côté de Jean-Marie Le Pen ? Les deux mon capitaine ! Elu maire de justesse lors d’une triangulaire, il y a 17 ans, les Orangeois l’ont plébiscité à son poste en 2001 et 2008. Sa recette pour séduire ? Des baisses d’impôts médiatisées, une police municipale choyée, une présence de tous les instants en mairie, un soin minutieux apporté à sa clientèle électorale. Elu conseiller général, comme sa femme qui s’est emparée de Bollène en 2008, Bompard a tout, en apparence, du notable débonnaire et provincial.

Le programme de son micro-parti, La Ligue du Sud - qui pourrait faire passer celui du FN pour une bluette centriste - prouve pourtant qu’il n’a rien perdu de sa hargne. Son bilan donne un petit aperçu de la misère sociale et culturelle qui régnerait si l’extrême droite s’emparait d’un Département, d’une Région ou de l’Etat. Le système Bompard, c’est aussi une machine à exclure en opposant : les « chrétiens » aux « musulmans », les vieux aux jeunes, les affidés aux infidèles… Sa force est de savoir créer du vide en marginalisant toute opposition de gauche ou en amenant la droite « républicaine » à s’aligner sur ses propres obsessions. Thierry Mariani, le député UMP de la circonscription d’Orange et de Bollène, est l’un des créateurs de la droite populaire dont le fonds de commerce associe insécurité et immigration. Jacques Bompard est bien placé pour lui succéder lors des législatives en juin.

Alors qu’espérer ? A Bollène, ville populaire, avec Marie-Claude Bompard, moins habile, moins implantée, l’avenir semble plus ouvert. A Orange, tout semble verrouillé. A moins que, comme à Toulon, Vitrolles ou Marignane autrefois, le système ne s’effrite de l’intérieur. Il y a des signes avant-coureurs. Mis en examen pour prise illégale d’intérêts, Jacques Bompard et sa femme ont été sévèrement épinglés par un rapport de la Chambre régionale des comptes pour des « dépenses à caractère familial… » Tête haute, mains sales ?

Michel Gairaud


Notes

[1Voir également Tête haute et mains sales sur le site du Ravi


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