responsabilité politique et "marche de la colère" des policiers


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date de publication : lundi 20 janvier 2020
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Le manque de moyens qui frappe toute la chaîne pénale, du policier au gardien de prison saurait-il être masqué par un Etat policier ?


09/01/2020 : "Les violences policières sont le reflet d’un échec - Éditorial - Le Monde : "Mort d’un homme lors d’un simple contrôle routier, manifestants frappés au sol, tir à bout portant au LBD… L’Etat doit revenir à sa mission de base : donner à la police les moyens de ses actions et en assurer en retour un contrôle nécessaire (...)." [1]

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"Le ras-le-bol des policiers s’exprimait mercredi 2 octobre 2019, à travers une « marche de la colère », dans les rues de Paris. Une mobilisation inédite depuis près de 20 ans qui a rassemblé 27 000 manifestants, selon les organisations syndicales." [2]

48 agents de la police nationale ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année.

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COMMUNIQUÉ de la LDH PACA

"De la responsabilité du politique dans l’état actuel de la police nationale :

Le Comité régional PACA de la LDH exprime sa solidarité avec tous les policiers qui ont manifesté cette semaine pour dénoncer les conditions délétères dans lesquelles ils exercent leurs missions. Une pensée particulière est adressée aux proches des agents qui ont mis fin à leurs jours.

Cette augmentation du nombre des suicides chez les policiers est pour nous un signe aigu de la crise de confiance que traverse la République. Les observatoires auxquels participent les membres de la LDH nous permettent de confirmer que beaucoup de policiers vivent mal d’avoir à exécuter de basses œuvres pour des objectifs d’abord à seul but statistique et médiatique, mais qui sont surtout le fruit d’un choix politique arrêté par le pouvoir.

Au delà du manque de moyens qui frappe toute la chaîne pénale, du policier au gardien de prison nous pensons que les agents subissent de plus en plus le contrecoup d’un dévoiement de leurs missions au profit de politiques qui conduisent inévitablement vers un état policier.

En effet, dans ce contexte particulier, certains agents profitent du blanc seing donné aux forces de l’ordre lors d’opération de maintien de l’ordre pour assouvir des pulsions violentes. Mais l’impunité juridictionnelle dont jouissent ces agents déviants montre que leur comportement sert un exécutif qui se veut irresponsable politiquement.

L’utilisation massive des pouvoirs de coercition pour répondre à la population a malheureusement un prix, et ce prix c’est une fracture de plus en plus grande entre le peuple et les policiers. Considérés par la population comme responsables des situations de violence alors qu’ils agissent sur ordre du politique, il apparaît logique que les policiers respectueux des valeurs républicaines perdent foi dans l’État, la République, démissionnent ou en arrivent à passer à l’acte fatal.

Cette absence de maîtrise des moyens de coercition mis en œuvre pour maintenir l’ordre public est pour nous un corollaire de l’irresponsabilité politique dont jouissent les membres du gouvernement comme les hauts fonctionnaires. Il est un temps pas si lointain où les ministres avaient le courage de ne pas faire porter à leur agents le poids de leurs errements.

Le Comité régional PACA de la LDH invite les citoyens à prendre la mesure de l’enjeu. Nous comptons sur l’honneur des policiers qui continueront de défendre les valeurs de la République ainsi que sur l’indépendance des magistrats chargés de défendre les libertés individuelles et l’État de droit qui doit en être le garant.

Cannes, le 3 octobre 2019


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