des parents d’élève piégés par un policier qui s’est fait passer pour le CPE du collège


article de la rubrique justice - police > police
date de publication : lundi 15 octobre 2007
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Des parents se sont rendus au collège de leur enfant sur convocation, croyaient-ils, du Conseiller principal d’éducation (CPE). Ils en sont repartis les menottes aux poignets.

Le secrétaire général de la FSU écrit au ministre de l’Education nationale pour lui exprimer l’indignation de la communauté éducative.


Un policier piège des parents d’élève en se faisant passer pour le CPE du collège

par Cordélia Bonal, Libération, le 11 octobre 2007

Convoqués au téléphone par le Conseiller principal d’éducation (CPE) du collège de leur enfant, deux parents d’élèves se sont rendus dans l’établissement le mercredi 12 septembre après-midi, deux semaines après la rentrée. A leur arrivée au collège Utrillo, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, c’est l’incompréhension : aucun des trois CPE du collège ne leur a passé de coup de fil pour leur donner rendez-vous.

Le couple repart, quand des policiers en civil sortent d’une voiture et leur passent les menottes, direction le commissariat. Interpellé par l’un des CPE qui tente de s’interposer, l’un des policiers lui explique qu’il s’est effectivement fait passer pour le collège pour piéger les parents.

La principale de l’établissement, Brigitte Chevalet, contacte aussitôt le commissariat de l’arrondissement, où on lui assure que l’ordre n’émane pas de leurs services, et le rectorat, où le recteur se dit « scandalisé ». Insistant sur le fait que « cette histoire n’a rien à voir avec une question de sans-papiers, il ne faut pas qu’il y ait d’amalgame », elle se dit « très choquée par la méthode utilisée. Il s’agit clairement d’une usurpation d’identité. C’est un problème de déontologie profond, et qui peut tous nous concerner au quotidien. »

Selon le rectorat, la famille, de nationalité française, a été remise en liberté. A la préfecture de police de Paris, on indique qu’une enquête est en cours pour déterminer s’il y a eu faute professionnelle de la part des agents, des enquêteurs de la police judiciaire qui « soupçonnent la mère de trafic d’héroïne ».

Gérard Aschieri,
Secrétaire Général de la FSU

à

Monsieur Xavier DARCOS
Ministre de l’Education nationale

Paris, le 11 octobre 2007

Monsieur le Ministre,

Je viens d’apprendre par la presse que début septembre, au collège Utrillo dans le 18ème arrondissement de Paris, un fonctionnaire de police avait usurpé par téléphone les fonctions d’un Conseiller principal d’éducation pour convoquer les parents d’un élève et les interpeller à la sortie de l’établissement.

Outre que le procédé est parfaitement immoral et certainement punissable par la loi, cette affaire, qui a provoqué un émoi considérable dans la communauté éducative de l’établissement, pose un réel problème pour l’exercice serein des missions d’éducation dans les établissements scolaires.

Après un tel acte, comment peut-on imaginer que les personnels susceptibles de rencontrer des familles puissent établir avec elles les relations de confiance nécessaires pour l’exercice des missions éducatives ? Pense-t-on que des familles, particulièrement dans des environnements socialement fragiles vont continuer à venir sereinement à la rencontre des personnels ?

Toute la communauté scolaire dont je me fais l’interprète est choquée et scandalisée par de tels procédés, et nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur cette affaire afin que soient déterminées les responsabilités et prises les mesures pénales et disciplinaires qui s’imposent. De telles actions contribuent à jeter le discrédit sur les services publics et les missions de ses personnels, ainsi que sur notre travail auprès d’adolescents à qui nous avons pour mission de transmettre des valeurs civiques.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de mes sentiments respectueux.

Gérard Aschieri

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