une “rue Yasser Arafat” à La Seyne


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : samedi 25 juillet 2015
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Une commission de résidents d’une nouvelle voie de circulation de la commune de La-Seyne-sur-Mer avait suggéré qu’elle soit baptisée “rue Yasser Arafat”. Cette proposition a été validée par une large majorité du conseil municipal le 2 juin 2015.

Mais voila l’opposition qui se réveille et qui porte cette affaire picrocholine en justice ... Contentons-nous pour l’instant de faire remarquer à ces élus que le débat politique dans le Var mériterait de se développer plutôt au sujet de certaines dérives qui se sont établies dans certaines communes voisines de Toulon.

Ci-dessous deux articles parus dans le quotidien régional Var Matin, suivis de la réaction de l’association VPJM, réaction à laquelle la section LDH de Toulon s’associe.


Une rue Yasser-Arafat à La Seyne-sur-mer

[par Ma. D., publié sur Var-Matin le mardi 2 juin 2015 à 14h56]


L’annonce a été validée par les élus du conseil municipal, ce mardi midi, à La Seyne-sur-mer. Une nouvelle rue du quartier Berthe, secteur qui fait actuellement l’objet d’une réhabilitation d’ampleur, va être baptisée du nom de Yasser Arafat.

Une première en France, si l’on excepte la place "Yasser Arafat-Yitzhak Rabin" à Bobigny (Seine-Saint-Denis). A Belfort, un projet de place portant le nom de l’homme d’État palestinien avait aussi un temps été évoqué, avant d’être ajourné à cause de l’incroyable émoi suscité, notamment dans la communauté juive.

Délibération votée à une très large majorité

Dans la deuxième ville du Var, aujourd’hui, seules quelques voix se sont élevées dans l’opposition pour protester contre l’honneur fait à un "personnage controversé" voire, pour certains, à un "terroriste". Finalement, la délibération a été votée à une très large majorité.

Le maire Marc Vuillemot (PS), lui, a expliqué que ce sont les habitants du quartier, réunis en commission, qui avaient choisi cette dénomination.
L’édile assure en outre ne pas bien comprendre la polémique : "Il y a aussi une rue Yitzhak-Rabin dans le quartier. Que je sache, les deux hommes ont reçu le prix Nobel de la paix ensemble ! Après, je ne suis pas allé mesurer les deux voies pour savoir laquelle était la plus grande..."

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La justice saisie contre la rue Yasser-Arafat de La Seyne

[Publié le samedi 18 juillet 2015 à 09h53 sur Var-Matin]


L’opposition municipale UDI - Les Républicains demande l’annulation de la délibération baptisant une rue de Berthe du nom du leader Palestinien

La rue Yasser-Arafat devant le tribunal administratif de Toulon. Les conseiller municipaux Jean-Pierre Colin et Sandra Torres, chefs de file du groupe d’opposition UDI - Les Républicains viennent en effet de déposer une requête contre la délibération votée, le 2 juin dernier, par laquelle le conseil municipal a approuvé, à la majorité, "des dénominations de voies dans le cadre de la résidentialisation du quartier Berthe", dont une baptisée du nom du leader Palestinien.

"Nous avons une conscience et des convictions politiques ! C’est un sujet qui dépasse largement le contexte seynois, s’émeut Jean-Pierre Colin dont le groupe a demandé à plusieurs reprises au maire Marc Vuillemot de retirer cette délibération. On est dans l’agressivité alors que la ville a besoin de calme et de sérénité ! La Seyne, qui serait la seule ville de France à baptiser une rue du nom du fondateur du terrorisme mondial, n’a vraiment pas besoin de ce genre de publicité".

Marc Vuillemot, lui, évoque l’origine de cette proposition. "La commission dénomination des voies de la ville est un organe consultatif de la démocratie participative locale. C’est une émanation consultative des conseils de quartier impliquant les habitants dans les choix à faire pour leur ville : ils ont proposé le nom de Yasser Arafat pour une rue de leur quartier. Le conseil municipal, dans son ensemble, a validé la proposition". (Ont voté contre cette délibération du conseil municipal : Patrick Fouilhac (FN) et Florence Cyrulnik (maj. de gauche). Se sont abstenus : les six membres du groupes Les Républicains-UDI).

Cette rue Yasser-Arafat serait une première en France, si l’on excepte la place "Yasser Arafat-Yitzhak Rabin" à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

A Belfort, un projet de place portant le nom de l’homme d’État palestinien avait aussi un temps été évoqué, avant d’être ajourné à cause de l’incroyable émoi suscité, notamment dans la communauté juive.

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Communiqué de l’Association VPJM [1]

ASSOCIATION DES VAROIS POUR LA PAIX ET LA JUSTICE EN MÉDITERRANÉE

L’Association des Varois pour la Paix et la Justice en Méditerranée apporte son soutien à Marc Vuillemot, maire de La-Seyne-sur-Mer, ainsi qu’aux membres de son conseil municipal qui ont voté la délibération baptisant une rue du nom du leader palestinien Yasser Arafat.

Nous considérons que la requête déposée auprès de la justice par Jean-Pierre Colin et Sandra Torres est une faute morale qui reflète le conformisme et le manque de culture historique de ces deux élus.
En effet, faire de Yasser Arafat le «  fondateur du terrorisme mondial » est au mieux une bêtise, au pire une stupidité. Le combat de Yasser Arafat, s’il voulait avoir un retentissement mondial, avait un objectif, purement national : celui de la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Son choix a été celui de la lutte armée, droit reconnu par l’Organisation des Nations unies. Ce choix, partagé, par d’autres organisations palestiniennes a fait des victimes civiles et militaires. C’est un des arguments utilisés par ceux qui qualifient Yasser Arafat de terroriste.

En 1993, Yasser Arafat et Ytzhak Rabin, afin d’amorcer un règlement de la question palestinienne, signent les accords d’Oslo. Israël reconnaît l’OLP et l’OLP reconnaît Israël. A la suite des accords d’Oslo et pour leurs « remarquables avancées dans les négociations de paix entre Israël et la Palestine », le jury Nobel récompense de son prix pour la paix Itzhak Rabin, Shimon Perez et Yasser Arafat. Traiter Arafat de terroriste c’est faire fi de cela, c’est oublier aussi les multiples et anciennes mains tendues à l’adversaire israélien. En effet, l’OLP, que dirigeait Arafat, propose dès 1974 l’édification d’un Etat en Cisjordanie et à Gaza. Sans être une reconnaissance de l’Etat d’Israël, cela sous-entendait une coexistence possible. En 1988, Arafat déclare caduque la charte de l’OLP, permettant ainsi une reconnaissance d’Israël.

C’est un mauvais procès, un procès idéologique, que font Jean-Pierre Colin et Sandra Torres. L’agressivité n’est pas le fait de la Mairie de la Seyne et en se faisant les porte-parole d’une partie de la population juive, les deux élus se trompent d’objectif. La non reconnaissance des droits légitimes des Palestiniens est aujourd’hui un aliment pour le racisme et l’antisémitisme. L’hommage à Yasser Arafat veut rendre justice à ceux qui aspirent à la paix entre les peuples israélien et palestinien. Il a notre soutien.

Toulon, le 24 juillet 2015

Notes

[1Ce communiqué de l’association VPJM a été cosigné par la section de Toulon de la LDH.

Les organisations qui souhaitent s’associer à cette démarche de soutien au maire de La Seyne, peuvent s’adresser à vpjm.


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