non, Gabriel Tambon, n’est pas exemplaire


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : samedi 31 mai 2014
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Selon Wikipedia, Gabriel Tambon est le plus ancien maire d’une commune de plus de 3 500 habitants : il aurait été élu maire de la commune du Castellet (Var) en 1965, et constamment réélu depuis. Est-ce la raison pour laquelle il a été lauréat de la “marianne d’or” en 2013, au titre de la démocratie locale ? [1]

Un choix qui semble pour le moins contestable. En effet des poursuites engagées pour harcèlement moral, par deux employés communaux, ont amené le procureur à requérir contre lui « un an de prison avec sursis mise à l’épreuve, avec interdiction d’exercer son activité professionnelle » (en l’espèce, sa fonction de maire) ...

Dans son jugement prononcé le 30 mai, le tribunal correctionnel de Toulon a sévèrement condamné le maire du Castellet.

[Mis en ligne le 26 mai 2014, mis à jour le 31]



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Photo Dominique Leriche (Var matin, 22 mai 2014)

Le Castellet : un fonctionnaire au placard

par Marielle Valmalette, Var matin, le 13 août 2011


Un cadre des services techniques de la mairie du Castellet a porté plainte l’année dernière contre le maire pour « harcèlement moral ».

La pièce est minuscule. Pas un rayon de soleil à l’intérieur : les fenêtres ont été murées, sous prétexte que des vols ont été commis. Seule une ampoule au plafond permet d’y voir. Sur les murs, des dizaines de photos de Johnny Hallyday. Bienvenue dans le «  bureau » de Patrick Mazin, fonctionnaire de mairie. Pour y accéder, il faut pénétrer dans le hangar à véhicules des services techniques de la mairie, au Plan-du-Castellet.

Patrick Mazin est agent de maîtrise. Il a été nommé responsable des services techniques du Castellet en 2003. À l’époque, il a quitté la mairie d’Auxerre, pour se rapprocher de sa famille dans le Sud.

Ce « bureau » qu’il occupe toute la journée, il l’avait déjà à ses débuts. Sauf qu’il n’y restait pas. « En tant que chef de service, j’avais un véhicule. Je venais ici le matin, puis je partais sur les chantiers. La première année, tout s’est bien passé », raconte ce père de famille de 56 ans.
Arrivent les ragots dans le village. « On disait que je ne savais pas bosser. On le disait aux élus, au maire, aux administrés », lâche le fonctionnaire.

Patrick Mazin croit savoir que c’est son ancien adjoint, « jaloux » de ne pas avoir obtenu son poste, qui a colporté de mauvaises rumeurs. Patrick Mazin dit aussi qu’on l’a fait passer pour un opposant à Gabriel Tambon, lors des municipales de 2008.
« On a dit que je faisais campagne pour un autre candidat, c’est totalement faux », se défend-il. Selon lui, c’est pour cette raison que le maire l’aurait «  pris en grippe »

Il perd ses primes

En août 2009, le maire [2] prend deux arrêtés pour rabaisser le régime indemnitaire de Patrick Mazin, estimant que le responsable des services techniques ne remplit pas correctement sa mission. « J’ai perdu environ 250 euros par mois », se plaint le fonctionnaire.

Pourtant, cinq mois auparavant, Patrick Mazin était encore bien noté par sa hiérarchie, qui le qualifiait d’agent « méthodique et ordonné ». Décembre 2009 marque un nouveau tournant.

«  J’étais sur un chantier. Le maire est arrivé, il a piqué une colère. Il m’a dit que je promenais toute la journée avec mon véhicule de service. On a failli en venir aux mains. Après ça, il m’a enlevé mon véhicule et l’a envoyé à la décharge », raconte Patrick Mazin. On lui retire aussi son portable de service.

Le fonctionnaire affirme que depuis, il n’a plus de fonctions. « Je n’ai plus le droit de donner des ordres à mon équipe. On a d’ailleurs interdit aux gars de m’adresser la parole. Je n’ai plus de mission, je viens au travail tous les jours, mais je n’ai rien à faire », témoigne-t-il. La médecine du travail est intervenue, ainsi qu’une délégation du centre de gestion. Rien n’y fait, selon Patrick Mazin.

Témoignages

Plusieurs collègues et anciens collègues témoignent pourtant en sa faveur. Une ancienne directrice des ressources humaines atteste par écrit « avoir été témoin du début de son harcèlement en 2005. » Un autre ex-collègue dit que M. Mazin « souffre de subir cette incroyable injustice ».
Malgré son air jovial, l’homme est affecté. Son psychiatre, qui le suit depuis deux ans, le trouve « fort moralement », mais s’inquiète de son statut de « bouc émissaire » en mairie.

Patrick Mazin a fini par s’en remettre à la justice. Il a déposé plainte l’année dernière pour « harcèlement moral  ». L’affaire devrait être jugée avant janvier 2012.

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Le Castellet : interdiction d’exercer sa fonction requise contre le maire, jugé pour harcèlement

par P. Poletto, Var matin, le 16 mai 2014


Gabriel Tambon, 84 ans, le maire de la commune du Castellet était poursuivi, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel de Toulon pour harcèlement moral entre 2004 et 2010 à l’encontre de deux employés communaux.

Le premier a notamment été privé de téléphones professionnels, ses primes (d’un montant de près de 300 euros) ont été supprimées, son véhicule de service retiré et la fenêtre de son bureau a été muré et privé de chauffage et de climatisation. « Tout le monde savait ce qu’il se passait et tout le monde fermait les yeux », a précisé l’homme qui a fait deux tentatives de suicide. « j’ai l’impression de ne plus exister. »
Le parquet a découvert, à sa grande stupéfaction, que la victime travaillait toujours dans les mêmes conditions « déplorables et inhumaines. »

La seconde plaignante a fait état de faits subis : un ordinateur non réparé pendant des mois, des lettres non communiquées - qui l’a contrainte à se faire adresser les courriers professionnels à son domicile -, une prime enlevée, son bureau saccagé ...

Le premier magistrat n’était toutefois pas là pour s’expliquer. Il a été invoqué « un état de santé incompatible avec sa comparution. » Un problème de coeur a annoncé son avocat.
« Ce même coeur qui donne son origine au mot courage » a relevé M. Kerfridin, le représentant du ministère public qui a ensuite requis un an de prison avec sursis mise à l’épreuve, avec interdiction d’exercer son activité professionnelle (en l’espèce, sa fonction de maire) et d’indemniser les victimes.

La défense de M. Tambon a consisté à nier l’ensemble des faits reprochés et a plaidé la relaxe.
Le jugement a été mis en délibéré au vendredi 30 mai.

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Au Castellet, l’employé mis à l’écart demande à... travailler

par P. Poletto, Var matin, le 22 mai 2014


Depuis quatre ans, Patrick Mazin a été « assigné » dans un local - qui est resté muré jusqu’à samedi - et sans travail. Il a demandé hier au tribunal administratif de Toulon de faire cesser une atteinte grave.

Me Jean Gadet, l’avocat de Patrick Mazin, un employé municipal de la commune du Castellet, a défendu hier mercredi la cause de son client dans le cadre d’un référé-liberté.
Une procédure plutôt exceptionnelle, qui s’est déroulée devant le tribunal administratif de Toulon, ce mercredi après-midi, et dont l’objectif est de faire cesser d’urgence une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale.

Employé sans travail : emploi fictif ?

En l’espèce, le requérant attaque la commune du Castellet et demande à la juridiction administrative d’ordonner le dégagement d’une fenêtre murée dans le local de travail de M. Mazin, de lui confier des travaux (agent de maîtrise polyvalent, services techniques) et de lui fournir, notamment, le matériel nécessaire pour remplir sa fonction.

Mais aussi de mettre fin, selon l’avocat toulonnais, « à des traitements dégradants pour un homme qui demande, depuis plus de quatre ans, à travailler. Un homme à qui l’on a muré la seule fenêtre du local. A qui plus personne ne parle ou ne donne de mission. A un homme qui, chaque jour, se rend sur son lieu de travail pour ne rien faire, tout en étant payé - comme un emploi fictif validé par la commune du Castellet - et dont la santé psychique est en danger. »

Les faits ont déjà fait l’objet d’un renvoi, vendredi dernier, devant le tribunal correctionnel de Toulon où Gabriel Tambon, le maire, était cité en personne pour harcèlement moral à l’encontre de M. Mazin et d’un autre agent [3].

"Il s’est enfermé dans cette situation"

En défense pour la commune du Castellet, Me Blein (du barreau de Montpellier) a indiqué que la fenêtre n’était plus murée depuis samedi [lendemain de l’audience au pénal]. Que « l’agent est mécontent de ses conditions de travail, mais que c’est lui qui s’est enfermé dans cette situation. »
Et de relever que dans la requête « on ne sait pas de quel matériel il a besoin pour pouvoir travailler. »

Il a demandé au président de l’audience de rejeter la demande pour « absence d’illégalité manifeste et absence de gravité. »

La décision était attendue au plus tard ce jeudi matin.

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La commune du Castellet condamnée pour le traitement inhumain et dégradant d’un agent

par P. Poletto, Var matin le 23 mai 2014


Saisi jeudi d’un référé liberté formé par Patrick M., un employé communal du Castellet, le tribunal administratif de Toulon, présidé par Denis Riffard, a rendu hier sa décision.

Au terme d’une procédure plutôt exceptionnelle, la juridiction a fait droit aux demandes du plaignant. Il a pris acte que la fenêtre murée du local occupé par M.Mazin a été désobstruée depuis.

Condamnée à respecter plusieurs obligations, la commune du Castellet doit verser 1000 euros au titre de frais de justice au requérant.

Intervenant aux intérêts de M.Mazin, Me Gadet a rappelé, lors de l’audience, les affres subies par son client. À savoir le maire qui donne des ordres contraires aux siens, l’absence de travail effectif, un régime indemnitaire réduit de manière notable en 2009 avec suppression des moyens techniques initialement mis à sa disposition, une fenêtre murée dans le local dépourvu de lumière naturelle et d’aération qu’il occupe, un isolement total.

Il a plaidé l’atteinte au droit à la protection à la santé et le droit à la sûreté (victime de harcèlement moral).

Par ailleurs, Gabriel Tambon, le maire, a été jugé, la semaine dernière, pour harcèlement moral devant le tribunal correctionnel de Toulon.

Le jugement sera rendu le 30 mai.

P.-S.


Le maire du Castellet reconnu coupable de harcèlement moral

[Var matin, le samedi 31 mai 2014]


Le tribunal correctionnel de Toulon a condamné ce vendredi Gabriel Tambon, maire du Castellet, reconnu coupable de harcèlement moral envers deux employés communaux, Mme Lombardi et M. Mazin.

Il a été condamné à la peine maximum, soit un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve de trois ans avec exécution provoire et interdiction d’exercer sa fonction de maire pendant trois ans. Gabriel Tambon a en outre été condamné, sur ses deniers personnels à payer 15.000 euros d’amende au Trésor Public ainsi que près de 88 000 euros de dommages et intérêts aux deux victimes.
_Me Gadet, avocat de Patrick Mazin, a salué une décision "exceptionnelle".

Notes

[2Le maire n’a pas souhaité répondre à nos questions.

[3Pour le parquet de Toulon, M. Kerfridin a requis contre M. Tambon un an de prison avec sursis mise à l’épreuve, avec interdiction d’exercer son activité professionnelle (de maire), 15 000 € d’amende et l’indemnisation des parties civiles. Le jugement sera rendu le 30 mai.


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