à La Seyne : le fait du prince


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : mardi 28 novembre 2006
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Pour avoir osé défendre, contre le maire de La Seyne, la préservation de ce qu’elle considère comme faisant partie du patrimoine de la cité, l’association Histoire et patrimoine seynois se voit privée de la subvention communale.

Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.

[Article 27 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme]

La section de Toulon de la LDH condamne la suppression de cette subvention.

[Première publication, le 4 avril 2006,
mise à jour, le 28 novembre 2006]

La mémoire en disgrâce

par Agnès Massei, La Marseillaise du 28 novembre 2006

L’association « Histoire et patrimoine seynois » [1]
aurait-elle exprimé un peu trop haut son opposition à la démolition de la cantine et de la clinique des anciens chantiers ? En tout cas, elle ne bénéficie pas de subvention municipale cette année.

« Résister » : c’est le maître mot de l’intervention de Yolande Le Gallo à l’occasion de l’assemblée générale de l’association [vendredi 24 novembre 2006].

« Nous avons vécu une année difficile », explique la présidente de « Histoire et patrimoine seynois ». L’association s’est en effet vu retirer la subvention que lui allouait jusqu’ici la mairie. Cette dernière semble ne pas avoir apprécié l’opposition de la première à la démolition de la clinique et de la cantine des anciens chantiers. Pas plus que le fait de l’avoir exprimé publiquement.

« C’est regrettable d’avoir affaire à ce type de réaction », affirme Yolande Le Gallo qui déplore un certain « mélange des genres » : « Nous faisons un travail pour la ville, pas pour un parti. L’association regroupe des gens attachés à La Seyne et venant d’horizons divers. Quelles que soient nos options personnelles, nous avons un intérêt commun ».
Sans compter que la présidente nourrit d’autres inquiétudes, celles-ci concernant le local qu’utilise « Histoire et patrimoine seynois ». Pour l’heure, le maire n’a toujours pas apposé sa signature sur le document de convention.

Quoi qu’il en soit, l’association n’a pas pour autant l’intention de mettre un terme à ses activités et au rôle de passeur de mémoire qu’elle joue depuis six ans maintenant. Pour Yolande Le Gallo, ces obstacles ne sont pas de nature à contrarier la motivation des bénévoles. En témoigne la toute récente publication de sa revue annuelle. L’ouvrage rassemble « les interventions phares » du colloque qui s’est tenu en 2005. Se voulant éclectique, il rassemble en tout six textes.

Agriculture, musique et capitaines caravaneurs... six textes pour une revue

On peut par exemple y lire celui de Joséphine Moretti sur l’histoire de l’agriculture dans les quartiers Nord de la ville ou celui du Tropézien Gilbert Buti, professeur à l’université de Provence, qui traite des capitaines caravaneurs seynois aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ou encore sur la sociabilité musicale à la fin du XIXe siècle.

Pas banal, donc. Mais où l’association trouve-t-elle cette somme d’informations ? « Nous faisons en fonction de ce que nous avons, mais l’intérêt est d’apporter quelque chose de nouveau malgré les redites. A chaque fois que je croise quelqu’un qui effectue un travail historique, je lui demande : vous n’avez pas trouvé quelque chose sur La Seyne ? ».

Il ne s’agit pas pour autant d’appréhender les choses « par le petit bout de la lorgnette, mais notre histoire locale se situe dans un ensemble ».

Replacer les événements seynois dans un contexte historique global est d’ailleurs une démarche que Yolande Le Gallo adoptait volontiers lorsqu’elle enseignait l’histoire et la géographie à ses élèves. « Je tentais de leur montrer comment leurs histoires personnelles rejoignaient l’Histoire. Certains élèves tunisiens s’interrogeaient par exemple sur le fait, qu’ils étaient nombreux à La Seyne. On peut parler de l’agriculture en partant de notre ville. Ou encore, quand il est question de mondialisation, on peut évoquer la disparition des chantiers navals ».

Si l’association n’organise pas d’actions particulières en direction des jeunes générations, elle se tient néanmoins à leur disposition lorsque celles-ci la sollicitent.

Agnès MASSEI

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Regards sur l’histoire et la mémoire

par J. D., Var-Matin, lundi 27 novembre 2006

Pour l’assemblée générale de l’association Histoire et Patrimoine Seynois (H.P.S.), un public nombreux s’était donné rendez-vous aux Chantiers de La Lune, vendredi soir. Accueillis par une équipe que préside Yolande Le Gallo, les participants ont approuvé les comptes, devenus maigres par l’absence de soutiens autres que ceux du conseil général du Var et le bilan de l’année écoulée. Se félicitant des recherches et des apports qui viennent chaque jour apporter des éléments nouveaux aux fonds historiques et patrimoniaux de H.P.S., les organisateurs ont chaleureusement félicité les intervenants du septième colloque qui reçoit un public chaque année plus nombreux.

Enquête sur les femmes des chantiers navals

C’est avec enthousiasme que les adhérents, souvent découvreurs de documents originaux, ont pris note des travaux et des recherches en cours, lancés pour enrichir les bases d’une somme historiale et patrimoniale du terroir seynois.

Avec le même enthousiasme, l’association, en collaboration avec des étudiants des universités d’Aix-en-Provence et de Marseille, a mis sur pied une enquête portant sur la mémoire vive des femmes qui ont vécu avec et autour des chantiers navals.

C’est dans cette ambiance à la fois conviviale et studieuse que les membres de H.P.S. se sont mués en commensaux pour partager un repas permettant, s’il en était besoin, de resserrer les liens entre Seynois d’hier et d’aujourd’hui.

J. D.

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Communiqué de presse

Une " nouvelle Seyne " est née... où il ne fait pas bon contester une décision, même si elle n’est pas conforme à l’intérêt général des Seynois.

Avoir eu l’audace d’aller en tribunal administratif ça se paie : 1500 euros ! [1]

Le patrimoine industriel seynois (cantine et clinique), que nous avons défendu mais pas sauvé, appartient à l’histoire et à la mémoire d’une population et non au bon vouloir de quelques-uns aussi légitimes soient-ils.

La Seyne, le 4 avril 2006

Yolande Le Gallo
présidente de l’association HPS

[1]La subvention municipale de 1 500 euros accordée en 2005, pour financer la revue de l’association, est supprimée pour 2006.

Pour en savoir plus, lire, sur le site de Cuverville, les deux articles : la cantine fait de la résistance et les légendes du roi Arthur.

Notes

[1Contact : « Histoire et patrimoine seynois » - BP 10315, 83512 La Seyne - tél. 04 94 74 98 60 - http://www.histpat-laseyne.net.


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