Depuis la catastrophe de Malpasset, le département du Var a été victime de toute une série de catastrophes "naturelles". Ces phénomènes n’ont en réalité rien de véritablement naturel : ce sont des conséquences de la présence humaine... [O]
Situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Fréjus, il barrait la vallée du Reyran, le dernier affluent de l’Argens, sur la rive gauche du fleuve varois. Dans la nuit du 2 décembre 1959, quelques secondes après la rupture de la voûte, une vague de plusieurs dizaines de mètres de haut a déferlé. Elle a tout emporté sur son passage, ravagé la vallée, et provoqué la mort de plus de cinq cents personnes.
Cet événement reste bien présent dans la mémoire des rescapés [ vidéo ]. Des ministres ont effectué une brève visite dans l’arrière-pays de Fréjus. L’Etat et les donateurs privés ont dédommagé les victimes et financé la reconstruction. Des enquêteurs ont par la suite établi les circonstances du drame, sans qu’aucune erreur manifeste ne ressorte.
Même s’il s’agit d’une catastrophe industrielle sans précédents en France, l’accident de Malpasset n’€(a guère suscité de polémique. Le cinquantième anniversaire n’a suscité aucune enquête dans la presse nationale : compte tenu de l’état moyen des plus vieux barrages alpins, on peut éventuellement le regretter. Bien sûr, l’enriochement n’a visiblement pas suffi à asseoir l’édifice, mais les habitants de la région ont tous relevé dans les semaines précédant la catastrophe, la succession de fortes pluies. Le 1er décembre, si on retarde un lâcher d’eau, c’est pour préserver un chantier de construction d’une route en contrebas. L’irrégularité des précipitations dans le Var n’étonne personne.
On a construit le barrage à cause du climat méditerranéen : pour produire de l’électricité et pour constituer une réserve d’eau en vue de la sécheresse estivale. Le récit de cette catastrophe donne encore maintenant froid dans le dos. Il n’a néanmoins nullement freiné la construction d’autres barrages. A moins de dix kilomètres plus au nord, le lac de Saint-Cassien domine la vallée de la Siagne, derrière un barrage-poids construit entre 1962 et 1965, et assure une partie de l’approvisionnement en eau de l’agglomération cannoise.
La soudaine crue de la Nartuby, dans l’arrière-pays varois, qui a détruit le 15 juin 2010 les quartiers périphériques de Draguignan et de plusieurs communes des environs renvoie au caractère impétueux des cours d’eau dans la région, gonflés soudain par des orages dits cévenols. Le printemps est une saison généralement moins périlleuse que l’automne, mais en 2010 la répartition mensuelle des épisodes pluviométriques a été exceptionnelle : plus de 190 mm en vingt-quatre heures.
La Nartuby a débordé. Le bilan est lourd. Vingt-cinq personnes sont mortes. D’autres manquent à l’appel. Le surlendemain, cent mille foyers sont privés d’électricité. Les torrents boueux ont creusé les routes et détruits de nombreux bâtiments. Le ministre de l’Intérieur a tourné en hélicoptère au-dessus de la région sinistrée, et promis toute l’aide matérielle et financière possibles. Unanime, la presse compatit avec les habitants dépouillés. Beaucoup ne retiennent pas leurs larmes. Certains ont tout perdu. Les caméras filment les rues dévastées, les voitures empilées. Comment peut-on expliquer l’inexplicable ? Réussira-t-on à prévoir l’imprévisible ? Le Monde avance l’hypothèse d’une difficulté française à gérer les situations de risque naturel, et en particulier le risque d’inondation : Une mauvaise gestion des risques d’inondation en France. Argument ultime, les habitants oublieraient le danger...
Peut-être faut-il prendre en compte une sorte de génie national de la négligence. Je crois qu’il s’agit d’un faux argument. Un responsable du ministère de l’Ecologie regrette cette insuffisance : « Ces cours d’eau, ça fait longtemps qu’il est prévu de les étudier, de mettre une vigilance en place. Mais on ne peut pas le faire d’un claquement de doigts », a expliqué M. Janet, responsable du pole modélisation du Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (Shapi). « Il faut connaître tout l’historique, avoir des mesures de débits, de pluies, regarder les réactions du cours d’eau pour pouvoir mettre en place des systèmes de vigilance », a-t-il ajouté. « Le sud-est de la France, bien que très exposé aux pluies torrentielles et inondations, n’est quasiment pas placé sous surveillance. Les caprices des cours d’eau qui s’y trouvent, relativement petits, sont plus difficiles à prévoir que ceux des grands fleuves, a expliqué M. Janet. [...] Le Schapi, créé en juin 2003, dépend du ministère de l’Ecologie, et assure notamment une veille permanente pour les crues rapides. » [AFP]
Evitons le terme de guigne pour qualifier ce qui s’est passé dans la sous-préfecture du Var et ses alentours. Les pertes humaines sont irréparables, mais ne relèvent pas du hasard pur, comme dans le cas de la rupture du barrage de Malpasset.
On sait bien chez nous qu’il ne faut pas construire sur le trajet des oueds. Mais, si ici c’est pas des oueds, c’est kif kif
La tragédie du 15 juin 2010 est due à des conditions météorologiques exceptionnelles, le précédent épisode remontant au 6 juillet 1827.
Mais entre 1983 et 2003, 743 des 963 communes du département ont été concernées par au moins un arrêté de catastrophe naturelle.
La pluie n’est pas le seul facteur a prendre en compte : pour la protection civile du Var ces inondations sont dues à la forte artificialisation des terres et des berges des cours d’eau, liée à la pression foncière, très importante (+14,7 % de terres artificialisées entre 1993 et 2002).
Mais les particuliers qui empochent les plus-values hurlent à l’extorsion de fonds lorsque l’Etat prélève sa quote-part. L’Etat que l’on appelle au secours en cas d’inondation.
Le principal responsable de l’irresponsabilité collective face aux risques naturels est assez facile à désigner. C’est la loi du 13 juillet 1982. Le système mis en place à l’époque encourage tous les acteurs à la prise de risque matériel maximal, car tout le monde sait que le fonds de garantie paiera.
Dès le milieu des années 90, et peut-être même avant, la chose était déjà évidente. Le volet « pédagogie » de cette loi est toujours resté inopérant, car l’incitation à la prise de risque est très forte.
Une solution, ce serait la suppression du fonds de garantie, et l’obligation de vendre toute habitation avec son diagnostic risque effectué par une assurance ou un courtier, diagnostic valant proposition de contrat.
Vous voulez provoquer une émeute ?! Interdire les constructions en zone inondable impliquerait pour le contribuable de financer les expropriations.
Vous n’avez cependant pas tout à fait tort de regretter le rôle pervers du fond de garantie. Vous auriez pu évoquer l’état de catastrophe naturelle systématiquement déclaré...!
Si la demande sociale évolue fortement dans le sens d’une exigence croissante en matière de sécurité, elle rejette de plus en plus le concept de fatalité. Pour preuve, malgré le Rapport PONTON de 1958, rapport officiel du gouvernement sur les villes à haut risque Inondation, les communes citées sont toujours sinistrées comme Fréjus, Hyères, Sainte Maxime, Draguignan… et même si les catastrophes ont conduit l’état à renforcer sa politique de prévention des Inondations, il semblerait que le département du Var soit l’exception qui confirme la règle.
L’absence d’une volonté politique varoise avant-gardiste en matière d’inondations se fait cruellement sentir ; aussi pour effacer les erreurs du passé, nous attendons la création d’une instance départementale spécifique Inondations, justifiée du fait des caractéristiques torrentielles (pluies et crues). Si le dispositif national VIGICRUES constitue un progrès indéniable, de graves insuffisances subsistent pour les cours d’eau varois non domaniaux et des progrès considérables restent à réaliser, en matière de rétention des eaux et de prévision des phénomènes urbains de ruissellement.
Nous sommes 243000 Varois, à vivre en zone inondable, à implorer la clémence des cieux mais aussi des milliers à pleurer devant nos souvenirs emportés par les eaux torrentielles ! Alors combien de temps, d’inondations et de nouvelles victimes devrons-nous encore subir pour voir réagir nos élus par des actions concrètes et des travaux ?
Nous demandons plus qu’une déclaration de catastrophe naturelle et qu’un chèque de la part de l’État, nous demandons une Volonté et un Engagement politiques des élus des communes à risques et plus particulièrement de Hubert Falco car quand le deuil et l’émotion seront passés, il restera à faire face à la spéculation foncière, au devenir des inondés et inondables varois.
Josette FAYS [3]
En novembre 2011, le département du Var est de nouveau touché par des crues très importantes, notamment dans la plaine de l’Argens, où populations et entreprises, déjà gravement sinistrées le 15 juin 2010, doivent une nouvelle fois subir des inondations, alors que beaucoup venaient à peine de terminer les travaux de rénovation. Lassés et découragés, certains pensent à partir. Au lourd bilan matériel s’ajoute la mort de deux personnes dans le Var.
En octobre 2012, le sud-ouest varois est lui aussi endeuillé par des inondations qui provoquent la mort de deux étudiants à Toulon. Un jeune homme se tue en tentant de sauver une étudiante emportée par les eaux. Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault fait part de sa « tristesse ». La ministre de l’Enseignement Supérieur Geneviève Fioraso se rend sur place et salue « l’acte de courage du jeune homme qui, malheureusement, n’a pas réussi à sauver sa camarade et qui a péri de son acte formidable ».
En janvier 2014, de nouvelles inondations affectent le département du Var qui avait été placé en vigilance orange pluies et inondations par Météo France. Ces crues provoquent la mort de deux personnes à La Londe-les-Maures et à Pierrefeu-du-Var. Les fleuves côtiers de Maravenne et du Gapeau, de l’Argens et les rivières Nartuby, Réal Martin sont concernés. Les communes de La Londe-les-Maures, de Roquebrune-sur-Argens, de Pierrefeu-du-Var, de Fréjus, du Lavandou sont particulièrement affectées.
Les élus de la commune de La Londe se sont réunis, jeudi, lors d’une séance exceptionnelle du conseil municipal, afin de voter des demandes d’aides, suite aux inondations du 19 janvier.
En préambule, l’assemblée a respecté une minute de silence en souvenir des deux défunts londais qui ont trouvé la mort lors de ces terribles événements.
Le maire François de Canson a dressé le bilan du déluge : 2 000 foyers ont été impactés, 730 véhicules touchés, 70 bateaux coulés ou abîmés dans le port de Maravenne, une centaine d’entreprises atteintes, 83 personnes hélitreuillées.
Le montant des dégâts se chiffre à environ 7 millions d’euros.
Concernant ces biens non assurables de la ville, le conseil a voté à l’unanimité une demande d’aides selon le plan de financement prévisionnel présenté par le premier magistrat : 35% à l’Etat, 2,70% à la région, 30% au département, 50% des dépenses éligibles, d’une part à l’Agence de l’eau, et d’autre part, au centre national pour le développement du sport.
Le solde restant, soit un montant prévisionnel de 1 235 982 euros sera à la charge de la commune.
En novembre 2014, l’ouest-var est de nouveau confronté à de violentes inondations, seulement dix mois après avoir déjà subi des événements d’une pareille ampleur. Le bilan humain est très lourd : les crues font 5 morts à La Londe-les-Maures, Hyères, Grimaud et Cogolin, dont une petite fille de huit ans dont le corps n’a pas été retrouvé. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve « assure les populations de son entier soutien » et se rend dans le Var le samedi 29 novembre 2014. Dans un communiqué, le Premier ministre Manuel Valls fait part de sa « tristesse ». Le président de la République François Hollande exprime « la solidarité de la Nation » aux victimes des intempéries. L’année 2014, dans le Var, est la plus meurtrière après les crues de juin 2010 : huit personnes ont trouvé la mort dans des inondations.
En moins de cinq ans, trente-neuf personnes ont trouvé la mort dans des inondations dans le département du Var. Dès lors se pose la question de la récurrence de tels drames : au-delà des manques de moyens et des problèmes d’organisation des secours lors des drames, c’est l’urbanisation croissante et excessive qui est largement pointée du doigt.
Les 25 et 26 novembre, Hyères et La Londe ont été à nouveau touchés par les intempéries, ainsi que la commune de La Garde dont le secteur du Plan a été complètement noyé ; une zone où des riverains occupant des habitations illicites ont dû être évacués.
« 36 personnes ont été évacuées, dont 12 sur la partie pradétane du Plan. Les pompiers sauveteurs côtiers ont dû aller les chercher avec une embarcation tant il y avait de l’eau », témoigne le chef de la police municipale, Rémy Cirina.
Quelques jours plus tard, en conseil municipal, le maire Jean-Louis Masson revenait sur cet événement, sous forme de coup de gueule : les sinistrés du Plan étaient, pour la grande majorité, des riverains en situation illicite, contre lesquels la mairie a dressé de nombreux procès-verbaux. « Sur les 36 personnes évacuées, seules 4 habitaient dans des constructions légales », précise le chef de la police municipale.
Ces constructions illicites sont situées sur un terrain d’environ 2,5 ha. Cinq familles en sont propriétaires.
Dans cette zone totalement inconstructible depuis 1989, la mairie a constaté, il y a plusieurs années déjà, de nombreuses infractions au code de l’urbanisme. « Les terrains ont été divisés en parcelles et clôturés, ce qui est illégal. Ils ont été remblayés, sur environ 2 mètres sans aucune autorisation, et recouverts de gravier stabilisé. Des caravanes, mobil-homes, et autres habitations légères ont été installées. Il y a aussi des constructions en dur, des branchements illégaux, des fosses septiques », détaille la responsable de l’urbanisme à la mairie de La Garde, Laurence Corre.
Les propriétaires vivent sur les lieux, louent et sous-louent les autres emplacements. L’été, il y aurait jusqu’à 200 personnes sur les lieux.
Une des conséquences du remblaiement de ces terres, est qu’en cas de fortes pluies, l’hydrologie est modifiée ; les eaux se déversent plus massivement chez les voisins, aggravant les inondations.
« Le 25 novembre, les gens du Plan qui ont été évacués avaient un mètre d’eau dans leurs caravanes, malgré le rehaussement du terrain. À côté, il y avait trois mètres d’eau », explique M. Cirina.
non, mais je rêve.........mais que fait la justice..........il faut RASER ces maisons et vite, très vite......c’est lamentable......la France est un pays de non-droits, mais là...c’est "le pompom" car en plus ; il faut aller les chercher, les évacuer....Les héberger ....tout cela aux frais du contribuables....car je suppose, étant donné qu’ils sont illicites, ils ne paient ni taxes foncières, ni taxes habitations.......mais que fait le maire ?? le préfet ?? j’en ai la nausée...
[O] En italique : quelques extraits de commentaires publiés sur internet
[1] D’après : http://geographie.blog.lemonde.fr/2....
[2] D’après : http://www.varmatin.com/toulon/inte...
[3] Josette Fays, Co-présidente UNALCI
– France Inondations – Déléguée Région Méditerranée Corse -
Présidente VAR INONDATIONS ECOLOGISME « V.I.E de l’Eau ».