le groupe FN du conseil municipal de La Seyne explose


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : jeudi 17 mars 2016
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Damien Guttierez, jeune conseiller municipal frontiste de La Seyne – il est né en 1980 –, élu en 2015, vient d’être exclu définitivement du FN. Des déclarations à la presse lui sont reprochées : la mise en cause de la pratique de la vente forcée de kits de campagne pour les élections municipales (15 000 €), de l’absence de démocratie au sein du FN, ... l’annonce de son intention de se présenter à la présidence du FN contre Marine Le Pen [1].

Si, comme il l’a annoncé, il ne démissionne pas de ses mandats, sa décision aura des conséquences concrètes : le FN, faute de comporter suffisamment d’élus, ne pourrait plus constituer un groupe, au conseil municipal, à l’assemblée communautaire TPM et au département. Le FN ne pourrait donc plus bénéficier des aides qui leur sont attachées (deux collaborateurs au département et un mi-temps à TPM).


Le groupe Front national explose en plein conseil municipal de la Seyne

par MA.D. Var-Matin, le 16 mars 2016


Suspendu par son parti, brouillé avec sa colistière Virginie Sanchez qui l’a violemment invectivé en séance, l’élu Damien Guttierez a quitté un groupe FN sur le point, désormais, de disparaître au sein du conseil municipal de la commune.

Des regards noirs, des sourires moqueurs et quelques invectives par prises de parole interposées. Il n’a manqué, finalement, que les noms d’oiseaux. Une réserve motivée par la solennité des lieux et des fonctions, sans doute…

Une chose est sûre, le temps où Damien Guttierez et Virginie Sanchez parlaient d’une seule voix et paradaient main dans la main les soirs d’élections est bel et bien révolu.

Entre les deux personnalités du Front national seynois, par ailleurs élues ensemble au conseil départemental, l’ambiance est aujourd’hui glaciale.

Ceux qui les connaissent savaient, depuis quelques semaines déjà, que leur relation s’était largement dégradée sur fond de fidélité plus ou moins dévouée, plus ou moins dévoyée, au parti de Marine Le Pen.

Tous les autres ont découvert l’ampleur de la "rupture" hier, en tout début de conseil municipal.

"MÉCONNAISSANCE DES DOSSIERS LOCAUX"

À 8 h 20, Damien Guttierez a ainsi demandé au maire de pouvoir prendre acte du fait qu’il souhaitait quitter le groupe FN. En guise d’explications, celui qui s’est vu suspendre du Front il y a une semaine, pour avoir notamment égratigné le parti et ses cadres (voir l’article du 9 mars), s’est contenté d’une phrase évasive : "Pour moi, en politique, les pratiques sont plus importantes que les idées, voire davantage".

En coulisse, il ajoute toutefois que l’image de sa camarade, "irrespectueuse", usant "de clientélisme et de favoritisme" à l’occasion, "sans connaissance particulière des dossiers locaux" discréditait son travail d’homme politique pour qui "seul compte l’intérêt des Seynois".

Pour lui répondre publiquement, Virginie Sanchez n’a pas pris plus de gants, le sommant d’abord de ne pas oublier que "les électeurs [...] lui avaient offert l’opportunité de vivre confortablement grâce à ses indemnités d’élus".

Et de poursuivre : "M. Guttierez, aujourd’hui frondeur, se sent pousser des ailes et oublie qu’il doit son élection au parti qui lui a donné sa chance après qu’il soit passé, sans succès, par l’UMP, puis par le Modem. Lesquels de ces nouveaux amis de la droite ou de la gauche vont-ils désormais l’accueillir ?"

"OPPORTUNISTE" ET "EGO SURDIMENSIONNÉ"

La récente chef de file du parti d’extrême droite dans la deuxième ville du Var ne s’est pas arrêtée là, concluant, cinglante : "Son opportunisme n’ayant d’égal que son ego surdimensionné le conduit à formuler une salve de critiques à l’encontre de notre mouvement. M. Guttierez a sans doute oublié que l’honneur d’être élu est de servir et non de se servir…" Avant de l’inviter à démissionner de ses mandats ! N’en jetez plus.

Le "tir croisé" aurait pu en rester là si la question du maintien du groupe FN en conseil municipal ne se posait désormais. Car, avec le départ de Damien Guttierez, ce cercle ne compte plus que quatre membres en son sein, au lieu d’un minimum de cinq, ainsi que le prévoit le règlement intérieur de la mairie.

L’avantage d’un groupe ? Disposer notamment d’une tribune dans Le Seynois (la publication municipale), sur le site internet de la Ville et de facilités pour se voir représenter dans les commissions.

PLUS QUE QUATRE ÉLUS FN SUR SEPT EN 2014

Marc Vuillemot, le maire, soucieux de "n’empêcher personne de s’exprimer", a promis de mettre son service juridique sur le coup.

Problème : quand le duo Joël Houvet et Reine Peugeot, eux-mêmes dissidents du FN en 2014 avant de rejoindre "Debout la France", avaient souhaité constituer un groupe en octobre dernier, l’assemblée leur avait refusé cette possibilité. Et les voix du Front national, résolument contre, avaient entre autres fait pencher la balance…

Au-delà des considérations techniques que sous-entend la dissolution ou non de cette entité, c’est bien l’immense ambition du parti frontiste de ce côté-ci de la rade, soucieux de respectabilité et de mieux en mieux ancré, qui est mise à mal dans cette nouvelle histoire.

Sur les sept élus municipaux de la liste "La Seyne change en bleu marine", qui a tout de même rassemblé près d’un tiers des électeurs seynois il y a deux ans, seuls quatre brandissent encore fièrement l’étiquette FN.

Et les mauvaises langues de se demander pour combien de temps encore…

Notes

[1Voir le portrait de l’ambitieux Damien Guttierez, dans Libération :
www.liberation.fr/france/2016/03/11....


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