que 2023 nous emmène vers un monde de paix et de fraternité


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : dimanche 8 janvier 2023
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Pourquoi nous devons redoubler de combativité en 2023 (L’éditorial de Patrick BAUDOUIN, président de la LDH)


L’année 2022 s’achève et le bilan en matière de droits et libertés est malheureusement plutôt sombre. A l’échelle internationale, elle restera d’abord marquée par la résurgence de la guerre et e la barbarie sur le continent européen. L’agression de l’Ukraine par la Russie, générant un conflit de longue et imprévisible durée, s’est traduite en attaques contre les populations civiles, massacres et violences de tous ordres dont de nombreux viols, destructions d’infrastructures et bâtiments. Tous ces actes sont constitutifs de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, largement documentés en temps réel, qui doivent donner lieu à poursuites et jugements des responsables par les juridictions soit nationale, soit internationale, compétentes.
Mais d’autres situations, trop souvent oubliées, demeurent tout aussi préoccupantes. Ainsi par exemple la poursuite de combats meurtriers dans l’est du Congo qui ont fait des centaines de milliers de victimes, ou, pour rester en territoire africain, les conflits subsistants ou renaissants au Soudan, en Erythrée, en Centrafrique, au Mali. On n’oubliera pas le conflit subi par les Arméniens dans la guerre avec l’Azerbaïdjan, ni les persécutions contre de nombreuses minorités comme les Ouighours en Chine, ou les Rohyngas en Birmanie, et pas davantage le sort des Palestiniens confrontés à la colonisation et aux discriminations en violation d’un droit international bafoué par des gouvernements israéliens de plus en plus contrôlés par la droite radicale.
Enfin, on ne peut omettre de ce tableau, certes non exhaustif, la négation des droits des femmes avec le retour des talibans en Afghanistan, et la répression en Iran à la suite de la révolte de ces mêmes femmes pour la conquête de leur liberté, vite amplifiée par des revendications et manifestations du peuple iranien pour un régime démocratique. Le panorama n’est pas non plus réjouissant sur le plan national. Les élections présidentielle puis législatives se sont traduites par une montée aussi spectaculaire qu’inquiétante de l’extrême droite.

Comme il était prévisible, il s’en est suivi une recrudescence des actes et propos à caractère raciste, antisémite, xénophobe. Les autorités gouvernementales contribuent à la banalisation et à l’aggravation du phénomène en entretenant la suspicion de l’étranger délinquant, et pratiquent la surenchère avec une politique toujours plus restrictive en matière d’immigration et de droit d’asile, comme en témoignent les dernières circulaires Darmanin et le énième projet de loi sur le sujet.
Ce sont aussi de nombreuses atteintes portées à des libertés essentielles d’expression, de manifestation, d’association. Pour ces dernières, la loi dite séparatisme du 24 août 2021, suivie du décret du 31 décembre 2021 sur le contrat d’engagement républicain, conduit par le biais de la suppression facilitée des subventions accordées aux associations à remettre en cause l’existence même de beaucoup d’entre elles, ainsi que le montre l’affaire Alternatiba, à Poitiers. On ne saurait oublier la question des violences policières avec par exemple les douze morts consécutives à des refus d’obtempérer, et plus généralement des mesures répressives, telles les amendes forfaitaires délictuelles sanctuarisées par la récente loi dite Lopmi, qui pénalisent en réalité une population déjà marginalisée.

Ce sont des fondements essentiels de l’Etat de droit qui, s’ils sont plus sérieusement bafoués encore dans d’autres pays dits démocratiques, y compris européens, se trouvent fragilisés dans une relative indifférence générale. C’est bien pourquoi, au regard de ce tableau d’une année écoulée plutôt morose, il importe de ne pas se laisser aller au découragement et, au contraire, de redoubler de com bativité. Plus que jamais, dans ce contexte de remise en cause des valeurs, la LDH, viscéralement attachée aux principes fondateurs de la République – liberté, égalité, fraternité, laïcité – doit maintenir et amplifier le cap de la poursuite de tous les droits pour tous et toutes. Les ligueurs et ligueuses ont montré cet enthousiasme et cette détermination à l’occasion du dernier congrès tenu à Marseille, début juin 2022. La richesse du débat sur l’environnement et l’adoption de la résolution consécutive ont illustré la capacité d’évolution de la LDH par l’intégration de toutes les données qui doivent être prises en compte pour améliorer le bien-être dans le respect de la justice sociale.
La Ligue continuera d’affirmer sa présence dans ce combat, comme elle devra tout au long de l’année 2023 agir sur de nombreux terrains de défense des libertés, ceux-là mêmes précédemment évoqués, avec l’objectif d’un bilan final amélioré. Cette ambition nécessite aussi de voir renforcer les capacités d’initiative et d’influence de la LDH au travers d’une réflexion entamée, et qui va se poursuivre, sur son avenir. Des actions et démarches sont d’ores et déjà entreprises pour essayer d’améliorer la communication et la visibilité, trouver des ressources supplémentaires nécessaires au développement, attirer de nouveaux adhérents. Agir plus efficacement pour la défense des droits suppose en effet de disposer des moyens humains et financiers afférents. Appel est lancé à chaque ligueur, chaque ligueuse, pour contribuer dans la mesure de ses possibilités à la réalisation de cet objectif.

Tous ces défis à surmonter n’empêchent pas néanmoins de souhaiter à tous les membres de la LDH et à l’ensemble de ses partenaires, une bonne année 2023
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