Ferdinand Bernhard : “maire de Sanary, c’est pas une sinécure”


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : lundi 13 août 2007
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Après les forains, puis les opposants, ce sont maintenant les surfeurs qui foutent la merdre. Ferdinand Bernhard, qui ne rêve qu’ordre et sécurité pour sa cité, laisse percer une certaine lassitude ... Mais, sans doute convaincu que « le nombre de mécontents reste très inférieur à celui des satisfaits ... », il poursuit l’objectif qu’il s’était naguère fixé : promouvoir un tourisme de qualité.


Tout semble avoir été prévu cette année pour empêcher les forains de venir — sans autorisation — faire la teuf à Sanary, comme l’année dernière. Le préfet a accordé huit cars de CRS qui ont, durant quelques jours, surveillé les endroits névralgiques — les accès au port et au parking de l’esplanade de la mer ...

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Interdiction de la consommation d’alcool sur la voie publique

Sanary-sur-Mer a décidé d’interdire la consommation d’alcool en groupe sur la voie publique pour lutter contre le tapage nocturne et les dégradations commises, « après un verre de trop », a indiqué son maire le 26 juillet [1].

« J’ai pris cet arrêté début juin, à la demande du commissaire de police », a déclaré Ferdinand Bernhard. « Chaque jour, nous avions droit à un lot d’incivilités : bancs cassés, bris de verre sur la plage, palmiers abîmés. Il fallait agir », a ajouté le maire.
L’interdiction est valable du 1er février au 31 décembre, de 10 heures à 6 heures du matin dans la zone piétonne, le parking de la mer, aux abords des écoles et installations sportives. Les contrevenants risquent une amende de 38 euros.
Ferdinand Bernhard aurait bien pris une mesure d’interdiction générale. « Mais elle risquait d’être annulée », a-t-il expliqué.

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Interdiction de faire du surf à Portissol

Portissol : polémique autour de la pratique du surf

par A. T., Var Matin le 31 juillet 2007

L’après-midi a été mouvementé, dimanche, dans la baie de Portissol, où le bateau des sauveteurs parti à la rencontre des surfeurs et bodyboarders, s’est retourné dans les vagues.

Un jeune policier municipal qui se trouvait exceptionnellement à bord a été blessé dans les rochers et a dû se faire poser plusieurs points de suture.
Le maire, qui s’était rendu à la plage pour un petit moment de farniente, s’était mis en tète de faire cesser la pratique du surf dans la zone de baignade, alerté par des maîtres nageurs prêts à ôter la flamme (qui signale que la plage est surveillée).
« La cohabitation entre surfeurs et baigneurs pose un réel problème », estime Ferdinand Bernhard, actuellement à la recherche d’une solution pour satisfaire toutes les parties. Mais la modification du périmètre de la zone de baignade, déjà réduit, apparaît pour le moins difficile.
L’association Sanaryenavoir s’est déclarée, hier, «  fortement choquée » par les événements de dimanche [2]. « Depuis mercredi le maire s’acharne sur les surfeurs alors qu’il n’y a jamais eu de problème auparavant », s’insurge Christian Kalac.
Ferdinand Bernhard a organisé une réunion demain en mairie avec les surfeurs pour tenter de dénouer la situation.

Les policiers municipaux s’arment de patience pour attendre sur le rivage les surfeurs contrevenants (photo Félix Golési).

A Sanary, la chasse aux surfeurs fait des vagues

par Mireille Martin, Var Matin le 11 août 2007

Eux, c’est la vague de Portissol, qu’ils préfèrent. Problème : les sports de
glisse nesont pas autorisés dans la zone de baignade de cette superbe petite plage de Sanary. Résultat : depuis quelques jours, la chasse aux surfeurs en infraction
est ouverte.

Une gué-guerre où les policiers municipaux n’ont d’autres armes que la patience... Car comment verbaliser ces hors-la-loi des vagues autrement qu’à terre ? Et pourquoi justement, quand on surfe dans un lieu non-autorisé, regagner le rivage où attendent. de pied ferme et PV en main, les représentants de la loi ? La traque peut s’éterniser...

« D’autant qu’avec leurs combinaisons. les surfeurs peuvent tenir longtemps dans
l’eau
, commente amusée une baigneuse, témoin de la scène. De toute façon, je ne
comprends pas pourquoi on les embête. ll y en a toujours eu ici. Ils ne gênent personne.
 »

Mais pour les maîtres nageurs sauveteurs et les policiers chargés de faire respecter l’arrêté municipal, il s’agit d’une question de sécurité. Les surfeurs, munis de véritables surfs ou plus souvent de bodyboards, pratiquent dans une zone uniquement réservée à la baignade (Zurb), matérialisée par des bouées jaunes. Pour faire de la glisse. il faut aller au-delà. Ou sur une autre plage.

La commune responsable en cas d’accident

«  Si un surfeur blesse un nageur ou se blesse lui-même, la commune pourra être tenue pour responsable, explique, un peu lassé par cette polémique, le maire Ferdinand Bernhard. Des incidents sont déjà survenus car dans le secteur où les surfeurs pratiquent, les rochers affleurent. » Ce qui, d’ailleurs, contribue à l’attrait du lieu, en créant de belles vagues sur la dalle rocheuse.

La plage est trop petite

Les glisseurs hors-la-loi — que nous n’avons matériellement pas pu rencontrer — semblent ne pas vouloir renoncer à Portissol. Une réunion en mairie n’a pas connu d’issue positive.
« La plage est trop petite pour créer un chenal réservé aux surfeurs, reprend le maire. S’ils veulent à tout prix pratiquer ici, ils doivent le faire en dehors des heures de baignade surveillée. Je ne vais pas interdire la plage aux baigneurs pour le seul plaisir d’une dizaine de surfeurs. »

Acharnement injustifié pour les uns, simple respect de la réglementation de sécurité pour les autres. Avec le mistral qui se met de la partie, la chasse aux surfeurs n’a pas fini de faire des vagues...

De grands projets

Le site situé à l’est de la plage de Portissol a été retenu pour l’aménagement d’un sentier sous-marin. [Mieux vivre à Sanary - n° 100 - août 2007]

Installation d’un solarium placé sur un enrochement artificiel surplombant le quai dit du plongeoir, enlèvement des végétaux existant au profit du sentier littoral en lisière du petit bain, installation d’un sentier sous-marin, mise en place d’un ou de plusieurs récifs sous-marins en géotextile bourrés de sable (type Stabiplage), visant à casser la houle et à re-ensabler naturellement la plage [3], ... projet de marina ... le maire semble avoir beaucoup d’idées pour “aménager” cette plage, et il ne se laissera pas impressionner par une petite bande de surfeurs qui n’apportent rien à l’économie locale.

Et les posidonies ?

Les posidonies [4] (Posidonia oceanica) sont des plantes à fleurs (et non des algues ) sous-marines. On ne les rencontre qu’en Méditerranée et sur les côtes
méridionales de l’Australie. Elles occupe les fonds marins depuis la surface jusqu’à 30 à 40 mètres de profondeur.

Les herbiers de posidonies ont la même importance que les forêts pour nos espaces terrestres : ils constituent la clef de voûte de l’écosystème des petits fonds sableux des côtes méditerranéennes. Ils jouent un rôle irremplaçable :

  • Production d’oxygène : un m² d’herbier rejette 14 à 20 litres d’oxygène par jour !
  • Source de nourriture pour plus de 500 espèces de poissons et autres animaux marins.
  • Leurs racines stabilisent les fonds sableux menacés par les courants marins, et protégent ainsi les plages d’une régression parfois dramatique.

Les herbiers de posidonies sont menacés ! Depuis le début du XXe siècle, et surtout depuis le début des années 50, les herbiers meurent lentement un peu partout en Méditerranée. Bien que protégée par la loi (nationalement par l’arrêté du 15 Juillet 1988,
et internationalement par la Convention de Berne), c’est une espèce menacée de disparition.

La côte de Sanary est connue pour sa richesse en herbiers de posidonies généralement localisés entre 2m et 20m de profondeur (En rose sur la carte). Mais cet écosystème fragile est menacé.

La pratique du surf ne menace pas les herbiers de posidonies ... il ne semble pas qu’on puisse en dire autant des projets d’aménagement du site de Portissol ...

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Condamné pour injures publiques, le maire fait appel

par A. T., Var Matin le 10 juillet 2007

Le tribunal de grande instance de Toulon a, le 9 juillet 2007, déclaré Ferdinand Bernhard coupable du délit d’injures commis envers Christian Kalac, directeur de la coopérative agricole, et l’a condamné à une amende de 3000 euros.

Les faits remontent au mois d’avril, lors d’une réunion publique sur le PLU, qui soulevait nombre d’inquiétudes dans la population. Interrogé par une Sanaryenne sur les fameux emplacements réservés situés dans la zone de la Baou, Ferdinand Bernhard avait qualifié de manière grossière son opposant, sans le nommer [5].

Christian Kalac se déclare aujourd’hui pleinement satisfait de ce premier jugement correctionnel. « Le maire doit se contenir en réunion publique, il doit montrer l’exemple, estime-t-il. Ces propos étaient d’autant plus intolérables que je
n’étais pas présent.
 » M. Bernhard ne conteste pas avoir tenu ces propos, mais il a immédiatement fait appel. « Aller voir des Sanaryens qui se trouvent habiter sur un des emplacements réservés au PLU, aller leur annoncer qu’ils vont être expropriés avant la fin de l’année, prétendre que leur propriété va leur être payée une bouchée de pain [...] est tout simplement ignoble, insiste le maire, qui continue à dénoncer des méthodes de manipulation et d’intimidation d’honnêtes citoyens. »

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La démocratie progresse à Sanary

Le 25 septembre 2006, Ferdinand Bernhard fait voter par le conseil municipal l’interdiction de filmer les séances du conseil municipal sans une autorisation, qui doit être demandée au moins 72 heures à l’avance (délibération QD1). Le 30 octobre, il fait intervenir le commissaire de police pour empêcher les caméras de tourner.

Lundi 27 novembre, il interpelle un camaraman amateur qui filmait la séance du conseil municipal : « Je demande aux personnes qui sont en train de filmer, d’arrêter de filmer. Premier avertissement ». Constatant que la caméra continue à tourner, il interrompt le conseil municipal et fait appel au commissaire de police.
Le cameraman est alors pris à partie par des partisans du maire qui lui demandent de stopper sa caméra : « On vient de vous dire d’arrêter. Il y a une décision municipale, vous arrêtez ! » Le commissaire de police intervient et fait arrêter les caméras, y compris celle de France 3. Les conseillers municipaux d’opposition quittent la salle en signe de protestation.

Le problème, c’est que la loi autorise le public à filmer les conseils municipaux et à diffuser les vidéos sur Internet (à condition de ne pas enfreindre d’autres lois, par exemple en retransmettant d’éventuels propos diffamatoires). Le ministre de l’Intérieur l’a confirmé le 12 juillet 2005 dans sa réponse à une question écrite [6] :

« Le principe de publicité des séances posé par l’article L. 2121-18 du code [général des collectivités territoriales], qui a conduit le législateur à prévoir la retransmission des séances par les moyens de communication audiovisuelle, fonde le droit des conseillers municipaux comme des membres de l’assistance à enregistrer les débats. Ce droit reconnu par la jurisprudence administrative a conduit les juges à considérer comme illégale l’interdiction par le maire de procéder à un tel enregistrement dès lors que les modalités de l’enregistrement ne sont pas de nature à troubler le bon ordre des travaux de l’assemblée communale. »

Le 15 novembre 2006, le Tribunal Administratif de Nice a ordonné la suspension de l’exécution de la délibération QD1 du conseil municipal de Sanary en date du 25 septembre 2006. En ouvrant les débats du dernier conseil municipal de l’année 2006, le 18 décembre 2006, le maire de Sanary a tenu à clore l’affaire des « cameramen amateurs » :

« La municipalité n’a jamais voulu entraver le libre droit à l’information
a expliqué hier soir Ferdinand Bernhard. Toutefois, «  nous savons que l’image peut être
manipulée et déformée, et que le travail de professionnels n’est pas celui de ceux qui
instrumentalisent leurs prises de vue à des fins personnelles,
a relevé le maire avant de rappeler que chacun dans le public a le droit de refuser d’être filmé, il y a là un droit à l’image que des professionnels vont respecter mais pas forcément des amateurs. »

Et dans un souci de «  mettre un point final à une affaire qui n’a aucun intérêt pour
la ville,
Ferdinand Bernhard a annoncé l’installation d’une caméra pour filmer
l’ensemble des débats qui sera enregistré sur un support consultable à la médiathèque,
uniquement. Dans un deuxième temps, nous allons demander à une entreprise spécialisée la possibilité de mettre ces images sur Internet pour qu’elles puissent être consultées sans possibilité d’être détournées.
 »

PH. C., Var Matin, 19 décembre 2006

Depuis lors, il est possible de filmer (discrètement) les réunions du conseil municipal de cette paisible cité [7].

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Côté social, Ferdinand Bernhard a lancé la construction de ... dix logements !

Si tout se passe comme prévu, l’inauguration devrait avoir lieu avant les élections municipales du prochain printemps. Ce qui donnera le temps aux Sanaryennes et Sanaryens de réfléchir à la « démarche réaliste et responsable » de leur maire sortant.

Notes

[1Source : http://www.lagazettedescommunes.com.... Une décision analogue a été prise dans certaines communes voisines : prohibition dans le Var : allez boire ailleurs !.

[2Voir sur son site : http://www.sanaryenavoir.info/modul....

[6Question écrite N° 64615 de Mme Marie-Jo Zimmermann, députée UMP de la Moselle : http://questions.assemblee-national....

[7Vous trouverez des informations complémentaires sur ce blog : http://blogonautes.blogomaniac.fr/b...

D’autre part, des enregistrements des réunions du conseil municipal de Sanary sont accessibles non pas à la médiathèque mais sur le site http://www.sanaryendebon.org/.


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