Patricia Zirilli, maire de la commune du Luc (Var), élue après la démission de Philippe de La Grange voilà un an, a annoncé qu’elle quittait son poste après avoir présidé pendant un peu plus d’un an aux destinées de la municipalité Front national du Luc.
Le FN parle de raisons de santé ... Patricia Zirilli évoque des désaccords plus profonds et les « pressions d’une équipe [...] qui lui reproche de "ne pas être assez FN" ».
Les sanctions infligées par les autorités frontistes à un autre élu varois, Damien Guttierez, confirment les tensions qui se développent à l’intérieur du parti frontiste dans le Var.
C’est assurément un nouveau coup dur pour cette municipalité FN élue en mars 2014. Après la démission, déjà, du maire Philippe De la Grange en février 2015, pour raisons de santé, son successeur dans le fauteuil, Patricia Zirilli a elle aussi jeté l’éponge [1].
Dans un mail adressé dimanche à ses collègues élus de la majorité, ainsi qu’à la fédération départementale du Front national, celle-ci annonçait ainsi sa décision de quitter son fauteuil.
Dans ce texte, elle explique notamment avoir atteint ses « limites de tolérance »-, et qu’elle donne donc sa démission car « il en va de [sa] santé ».
Le stress du budget
« Sa fonction était rude, et elle implique un stress certain, confiait hier Ludivine Reynaud, sa directrice de cabinet, qui va quitter elle aussi la mairie du Luc [2]. Si elle a toujours eu la volonté de bien faire, être maire d’une commune de 10000 habitants peut en effet être oppressant, à plus forte raison lorsque l’on est élu sous l’étiquette FN... Ces dernières semaines, l’élaboration du budget 2016, qui sera sous contrainte du fait de l’arrêt de la concession Sagep, ou encore de la hausse de la participation au Sdis, a également été source de beaucoup de stress... ».
« Quand elle s’est engagée, son souhait initial n’était pas d’être maire, rappelle Frédéric Boccaletti, le secrétaire départemental du FN. Elle a suivi Philippe De La Grange. Lorsqu’il a démissionné l’an passé, chacun était conscient que sa succession ne serait pas aisée, alors qu’il était clairement le rassembleur, le leader charismatique de la liste. Patricia d’ailleurs n’était pas spécialement candidate pour lui succéder, et a été sollicitée par l’ensemble des colistiers ».
« Je regrette son départ, poursuit Pascal Verrelle, le premier adjoint. Patricia était volontaire, j’apprécie beaucoup ses qualités humaines et professionnelles, mais la charge de maire est bien lourde. Surtout quand on porte l’étiquette FN : ce qui prend six semaines à d’autres maires, nous prend six mois... »
De l’aveu de Pascal Verrelle, « la gestion et l’animation d’une équipe motivée et solidaire, mais aux profils parfois disparates, l’ont également épuisée nerveusement ».
Reste désormais à savoir si le futur maire - très probablement Pascal Verrelle (lire ci-dessous) -, une fois installé dans son fauteuil, pourra y rester plus longtemps que ses deux prédécesseurs, et offrir un minimum de stabilité à la municipalité lucoise...
Les raisons de la démission de la maire du Luc
[Var-Matin, le 10 mars 2016]
C’est sous la forme d’un e-mail que Patricia Zirilli, maire du Luc depuis février 2015, a souhaité nous expliquer les raisons précises qui l’ont poussée à démissionner.
« Je ne démissionne pas à cause de la charge du mandat de maire, ni de l’approche d’un budget décisif, ni de la SAGEP... Mon but, ma motivation est de me battre pour Le Luc, pour tous les Lucois, qui pour une majorité m’ont apporté de la sympathie et m’ont encouragée sachant que cette charge, dont personne ne voulait, je l’ai reprise après la démission de Philippe De La Grange.
J’ai la faiblesse de croire que dans une République digne de ce nom, le premier devoir d’un maire est de défendre les intérêts de tous les habitants de sa ville sans distinction.
Je démissionne à cause des pressions d’une équipe qui n’arrive pas à se projeter, qui me reproche de "ne pas être assez FN", pas assez ci, pas assez cela.
Leurs seules motivations pour le Luc : enlever un drapeau européen, augmenter leurs indemnités sous prétexte que l’on est passé à plus de 10 000 habitants, virer Nathalie De La Grange — qui, soi-disant, tire les ficelles avec Philippe De La Grange — dire que je ne suis qu’un pantin, me menacer de démission dès qu’une décision ne leur convient pas, pour certains me menacer de ne pas être présente lors du vote du budget, attaquer mon mari qui m’aide et me soutient dans cette tâche difficile et qui, sans être encarté FN, comprend lui aussi, les difficultés et enjeux pour la ville. Je souhaite bonne chance à mon successeur. Aujourd’hui je tourne une page de ma vie, je ne regrette rien [...] »
D’ores et déjà, la question de la succession se pose. « Elle est urgente, estime Frédéric Boccaletti. Le pouvoir ne peut rester vacant, alors que des échéances très importantes approchent, à commencer par le vote du budget ».
Lundi soir, les élus de la majorité se sont réunis pour discuter de la situation. « Pour tout le monde, ça a été une mauvaise surprise », observe Pascal Verrelle. « Après la démission de Philippe De La Grange, on a un peu le sentiment d’être poursuivis par la malchance. Mais face à cela, l’équipe fait bloc, et je peux même dire qu’elle est plus soudée que jamais. »
Soudée derrière le même homme, même, puisque selon nos sources, l’ensemble des élus présents [3] a demandé à Pascal Verrelle d’assurer désormais le leadership et d’accepter la charge, une fois les procédures légales effectuées, de devenir le nouveau maire de la commune. Il faudra évidemment que le conseil municipal, en toute transparence, valide le tout par un vote.
« Je n’étais pas prétendant, et personne d’autre ne l’était d’ailleurs. Mais j’assumerai mes responsabilités et ai accepté cette charge si les événements se confirment », précise le principal intéressé.
Avec l’exercice périlleux du budget 2016, Pascal Verrelle sera tout de suite dans le vif du sujet. « Ce sera compliqué, mais nous préparons des coupes drastiques, budget par budget, délégation par délégation...On se donne les moyens de réussir, et je sais aussi pouvoir compter sur l’équipe très compétente des agents municipaux ».
Déjà entamé pour un tiers, le compte à rebours pour achever le mandat sur des réalisations positives pour la ville est déjà bien lancé. « Malgré les aléas de personnes, les Lucois sont jusque-là satisfaits de l’action de l’équipe Front National, les résultats élections après élections le confirment », estime Frédéric Boccaletti.
La Seyne : Damien Guttierez suspendu du FN pour deux ans
[Var-Matin, le 9 mars 2016]
C’est la présidente du parti, Marine Le Pen, qui a tranché. Le verdict est tombé hier : Damien Guttierez a été suspendu du Front national pour deux ans. Le Seynois, conseiller municipal dans sa ville, siège également au conseil départemental et au conseil communautaire de TPM. Mais ne pourra plus (au cas où il le souhaiterait encore) afficher son étiquette FN.
Les faits qui ont valu à Damien Guttierez d’être convoqué devant le conseil de discipline du Front national remontent au mois de novembre. Et concernent ses déclarations dans l’hebdomadaire l’Express où il mettait en cause à la fois le matériel de propagande électorale du FN et les cadres du parti.
En ne choisissant pas d’appliquer la plus haute sanction, c’est-à-dire l’exclusion à vie, mais en se limitant à une suspension de deux ans, Marine Le Pen, selon ses proches, envoie au Varois un message d’apaisement. « Il avait présenté ses excuses lors du conseil de discipline, nous en avons tenu compte en lui donnant une deuxième chance. » Damien Guttierez, de son côté, n’a pas souhaité commenter cette décision. En tout cas, pour le moment.
Lire également dans L’Express :
« Les vraies raisons de la démission d’une maire FN dans le Var ».
[1] Nous — Var matin — ne sommes pas parvenus hier à contacter Patricia Zirilli.
[2] Son départ prévu depuis plusieurs semaines n’est en rien lié à la démission de Patricia Zirilli. Ludivine Reynaud a répondu positivement à une opportunité de carrière : elle va rejoindre le Parlement européen de Strasbourg où elle officiera en tant qu’attachée parlementaire.
[3] Quatre élus de la majorité, dont Patricia Zirilli, n’avaient pu assister à la réunion.