Un corps expéditionnaire commandé par le général Louis de Bourmont, s’embarque à Toulon afin de conquérir Alger [1].
Charles X prit prétexte du soufflet adressé en 1827 par le dey d’Alger au consul de France, avec le manche de son chasse-mouches, pour décider de conquérir Alger. En fait, l’un des objectifs de cette expédition était de relever le prestige de la monarchie de Charles X, contestée par l’opposition libérale.
En quelques semaines, l’amiral Duperré rassemble à Toulon une « immense flotte » de plus de 600 bâtiments, dont 103 navires de la marine de guerre. La flotte embarque un corps expéditionnaire de 37 000 soldats, commandé par le ministre de la guerre, le général comte Louis de Bourmont, 27 000 marins, 4 000 chevaux, 83 pièces de siège, 40 interprètes, une troupe de peintres et d’écrivains destinés à populariser les faits d’armes ...
La flotte appareille le 25 mai 1830.
L’expédition affronte une mer déchaînée au large et fait demi-tour. La flotte fait escale à Majorque, on craint déjà l’échec. Mais deux semaines plus tard, le 14 juin, les troupes débarquent à Sidi-Ferruch, à 25 km à l’ouest d’Alger. Le 5 juillet 1830, à 9 heures du matin, la Casbah, son trésor et ses canons sont pris d’assaut et conquis. Le dey capitule et part en exil. Bourmont fait occuper quelques points de la côte et promet aux habitants le respect de leur religion et de leurs biens.
Le dimanche 11 juillet, Charles X se rendit à Notre-Dame pour assister à un Te Deum d’action de grâces [2], le commandant en chef de l’expédition fut nommé maréchal de France, et l’amiral Duperré fut élevé à la dignité de pair de France.
Un siècle plus tard le général Azan écrira [3] « Après cette noble prouesse, qui renouait entre les soldats de Bourmont et les croisés de jadis une grande et généreuse tradition, la France s’appliqua, de toute son intelligence, de toute sa ténacité à coloniser, à civiliser l’ Algérie. »
En réalité la conquête - la « pacification » - de l’Algérie fut longue et sanglante.
L’ensemble de la période coloniale de ce pays qui s’étale sur six générations, de 1830 à 1962, peut être résumé ainsi :
La guerre d’Algérie et son cortège d’horreurs.
La guerre d’Algérie et toutes les victimes qu’elle a laissées dans son sillage.
En particulier ceux que l’on appelle les Harkis : les uns, après le cessez-le-feu de mars 1962, se sont vus refuser leur transport vers la France et ont été abandonnés sur place avec leur famille, les autres, après avoir été rapatriés en France, avec leurs familles, ont été maintenus en marge de la société, parqués dans des camps.
Décidément, non ...
nous ne voyons pas ce que nous pourrions commémorer le 25 mai 2006 à Toulon.
[1] L’Adimad - association des anciens détenus de l’OAS et leurs amis - organise le 25 mai 2006, sur les plages du Mourillon à Toulon, une cérémonie pour commémorer « la conquête de la province turque barbaresque qui faisait régner la terreur sur la Méditerranée. »
De son côté, le Cercle algérianiste appelle à rendre hommage au Corps expéditionnaire envoyé par Charles X pour « libérer la Méditerranée et les esclaves chrétiens blancs détenus dans la province turque de l’Afrique du Nord et qui appareilla victorieusement le 25 mai 1830. »
[2] Malgré ce succès , Charles X fut contraint d’abdiquer à la suite des « Trois Glorieuses » (27, 28 et 29 juillet 1830).
[3] Bugeaud et l’Algérie - 1930.
[4] Cette distinction ancienne (fondée sur le senatus-consulte du 14 juillet 1865 : « l’indigène musulman est français ; néanmoins il continuera à être régi par la loi musulmane »), et qui est restée en vigueur pendant toute la durée des troisième et quatrième Républiques, était le fondement d’un système discriminatoire tournant le dos à tous les principes démocratiques.
[5] Voir Gilles Manceron, Marianne et les colonies, pages 159 ...