des proches de disparus en Algérie sont venus témoigner à Toulon


article de la rubrique Toulon, le Var > d’une rive à l’autre
date de publication : mercredi 28 septembre 2005
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Hier à Toulon, trois femmes dont l’un des proches, un frère, un mari, un enfant... ont disparu en Algérie à l’époque de la guerre civile dans les années 90, ont été reçues en mairie de Toulon par Hélène Noir, (8e) adjointe au maire, et Colette Gluck, conseillère municipale, à l’initiative de la section locale de la Ligue des droits de l’homme. Objectif, obtenir un soutien de la France dans leur quête de la vérité auprès des autorités dirigées par M. Bouteflika à l’heure de la « réconciliation nationale ». (La Marseillaise)

Toulon était une des étapes de la Caravane contre l’oubli.


La Marseillaise du 28 septembre 2005 ( photo C.0.G)

Dès le début de la rencontre, la section de Toulon de la LDH, qui en avait eu l’initiative, a tenu à y associer le souvenir des Français disparus à la fin de la guerre d’Algérie.

Var-Matin du 28 septembre 2005

Le combat des familles de disparus algériens

à la une de Var-Matin, le 28 septembre 2005.

Le gouvernement algérien refuse de reconnaître sa responsabilité dans l’enlèvement de milliers de personnes. Trois proches de disparus sont venus, hier, témoigner à la mairie de Toulon auprès d’Hélène Noire, adjointe aux Relations extérieures. Ces femmes espéraient ainsi mieux faire connaître leur combat quotidien et leur volonté de lutter contre l’oubli.

Le temps a passé, mais la douleur est toujours aussi vive. Comment pourrait-il en être autrement pour Fatima, Zohra et Ouahiba, deux Algériennes et une Française, qui vivent sans doute le pire : la disparition d’un proche.
Fatima et Zohra ont perdu leur mari, Ouahiba son frère, enlevés il y a quelques années par le pouvoir algérien affirment-elles. Dès qu’elles parlent, l’émotion vous submerge. « Ils sont venus le chercher dans sa voiture. C’était le 27 juillet 1996, il était 11 heures », précise Fatima qui habite toujours près d’Oran. Une scène moult fois ressassée dans son esprit. « Mon mari a été enlevé le 7 juillet 1997, explique alors Zohra originaire d’Alger. Depuis je ne l’ai plus revu ». Le frère de Ouahiba a lui été enlevé « alors qu’il était en vacances en Algérie ». Et cela sans raison.

Un doute insupportable

Faisant preuve d’un réel courage, les trois femmes ont décidé de se battre pour savoir la vérité. Fatima et Zohra sont membre de l’association SOS disparus d’Algérie dans leur pays. Ouahiba fait elle partie du collectif des familles de disparu(e)s créé en France. Hier, elles étaient à la mairie de Toulon pour témoigner, dans le cadre d’une campagne européenne.

Toutes trois sont aujourd’hui particulièrement inquiètes. En effet, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, s’apprête à faire voter demain par référendum, « un projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale ». Un texte qui comprend un passage sur les disparus d’Algérie. « Nous sommes pour la paix, insiste Fatima, mais nous voulons d’abord savoir ce que sont devenus nos proches. Le doute est insupportable ».

Le gouvernement veut tourner la page

« Ce texte est extrêmement dangereux, s’inquiète Marie- Anne Chauzain du collectif des familles de disparus. Le gouvernement reconnaît qu’il y a eu de graves dérapages des forces de sécurité au moment des attentats.Il a même comptabilisé plus de 6 000 disparus qui ne seraient, selon lui, que les victimes d’actes isolés. En fait ils sont beaucoup plus, et ce qu’il propose avec ce texte, c’est de tourner la page. Ensuite, il ne sera plus possible d’évoquer le problème sous peine de poursuites ».

Heureusement, quelques informations redonnent parfois espoir. « J’ai récemment rencontré un homme qui a vu mon mari en prison », se rassure Zohra.

J.M. - Photo Gérard Scolca

La délégation du collectif était constituée de :

  • Ouahiba, membre du CFDA, Paris, soeur de disparu,
  • Zohra, membre de SOS disparu(e)s, Alger, épouse de disparu,
  • Fatima, membre de SOS disparu(e)s, Oran, épouse de disparu,
  • Marie-Anne, chargée de mission au CFDA, Paris
     [1].

Elle était accompagnée par des membres d’associations locales : Linda Dattolo et Taous Bouguerra d’Humana Algérie [2], Berthe Adelakoun et Maxime Rey d’Amnesty International , Nicole Reaume de l’ACAT [3], Dominique Dufrenoy, ainsi que Elisabeth et François Nadiras de la LDH.

Notes

[1Nassera Dutour, porte-parole du Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), mère de disparu, n’a malheureusement pas pu venir à Toulon.

[2Humana Algérie est une association à vocation humanitaire ; son objectif premier est d’aider des associations qui oeuvrent en Algérie, aide qui consiste principalement en envoi régulier de matériel médical et de vêtements à un hospice et un orphelinat de Skikda, en relation avec le Croissant Rouge Algérien.

Humana Algérie est basée à la Seyne ; elle est née en pleine guerre civile algérienne, le 8 mars 1998. Le but de l’association n’est pas seulement d’apporter une aide matérielle mais aussi de promouvoir la culture algérienne et de lutter contre l’intolérance et l’indifférence face à la souffrance d’un peuple. Tél : 06 61 98 43 63.

[3Association des chrétiens pour l’abolition de la torture.


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