En mai 2007, le jeune entraîneur de foot devait décéder à Toulon après avoir reçu une balle tirée par un policier. Aujourd’hui, sa famille attend toujours que la justice se prononce : « nous voulons la vérité et nous ne lâcherons pas ». Elle dénonce, depuis plusieurs mois, les « lenteurs de la justice ».
Un an après la disparition de Louis Mendy, ses proches ont procédé à un dépôt de gerbes, hier à Toulon. La cérémonie s’est déroulée devant la poste du Pont-du-Las, là où ce Toulonnais avait été mortellement blessé par balles, par un policier, le 3 mai 2007.
Au total, une cinquantaine de personnes - famille et amis de Louis
Mendy - se sont recueillies dans le calme. Si elles n’ont pas de « sentiment de vengeance », elles ont renouvelé leur demande de « vérité dans un dossier qui avance, mais lentement ».
« On nous promet une reconstitution mais la date n’est toujours pas fixée. Nous sommes patients et nous faisons confiance à nos avocats, mais nous restons déterminés », explique un proche. « Louis était papa d’un enfant de 6 ans, entraîneur de foot au club du Las et ancien militaire. Ce n’était pas un voyou. Aujourd’hui, la famille est en deuil, d’autant que le père de Louis est décédé de chagrin, peu après. »
Colère, émotion, attente de justice : la réaction des proches de Joseph
Guerdner, le jeune gitan tué vendredi dernier par un gendarme à Draguignan, n’est pas sans rappeler la mobilisation de la famille de Louis Mendy. Un an après la mort de cet entraîneur de foot au Pont-du-Las, à Toulon abattu par un policier, ses proches ne baissent pas les bras.
L’affaire avait été classée par le parquet de Toulon mais la famille de la victime avait déposé plainte avec constitution de partie civile. L’instruction est toujours en cours au palais de justice. Agé de 34 ans, Louis Mendy avait été mortellement blessé d’une balle dans la tête, le 3 mai 2007, après une querelle qui l’avait opposé à un autre membre du club.
« M. Mendy poursuivait l’autre personne, armé de deux couteaux dont un qu’il tenait à la main. Pour faire cesser la course-poursuite, les policiers ont lancé plusieurs sommations,puis un coup de feu a été tiré en l’air. Sans résultat. Rengainant son arme, l’un des policiers a alors tenté de s’interposer et a eu la main gauche transpercée en essayant de se protéger d’un coup de couteau. Le second policier n’a eu d’autre choix que d’ouvrir le feu tout en courant derrière les protagonistes », avait déclaré le procureur de la République Pierre Cazenave peu après les faits.
« Légitime défense »
« La reconstitution réalisée quelques heures après le drame, les constatations sur place et les divers témoignages recueillis ont démontré que le policier était en état de légitime défense d’autrui, son collègue, et de la personne poursuivie, ajoute-t-il. A l’époque, nous avions pris soin d’entendre le policier blessé à l’hôpital et l’auteur du coup de feu au commissariat pour être sûrs qu’ils ne se concertent pas. Leurs versions
correspondaient aux observations des témoins sur place. »
L’lGPN (Inspection générale de la police nationale) avait rendu un rapport d’enquête qui rejoignait les conclusions de la reconstitution effectuée sur place. L’auteur des coups de feu avait été
interrogé puis avait bénéficié d’un long arrêt de travail. Son collègue, blessé à la main, avait également été arrêté. Aujourd’hui, ils sont toujours en poste et l’affaire a été classée par le parquet de Toulon.
Mais la famille de Louis Mendy ne s’était pas contentée des conclusions fournies par la justice. Après une marche silencieuse qui avait rassemblé un millier de personnes à Toulon et une rencontre dans le bureau du procureur, elle avait décidé de déposer plainte avec constitution de partie civile.
« Les lenteurs de la justice »
Aujourd’hui, une instruction est toujours en cours au cabinet de Jean-Pierre Buffoni, magistrat à Toulon. Une nouvelle reconstitution pourrait avoir lieu dans les semaines qui viennent, mais la famille Mendy dénonce depuis déjà plusieurs mois les « lenteurs de la justice ». « Après la mort de Louis, la justice avait conclu l’enquête en quelques heures, mais pour notre plainte, ça traîne », avait indiqué Joachim Mendy, cousin de la victime.
Au début du mois, un hommage a été rendu à Louis Mendy, sur les lieux mêmes du drame. « Maintenant, nous voulons la vérité et nous ne lâcherons pas », avaient alors répété les proches.