Paris : des lycéens victimes de violences policières


article communiqué de la LDH  de la rubrique justice - police > violences policières
date de publication : vendredi 1er avril 2016
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La Ligue des droits de l’Homme proteste énergiquement contre les violences dont des lycéens ont été victimes au cours de la journée de mobilisation du 24 mars, aux abords du lycée Henri-Bergson (Paris 19e).

Deux plaintes ont été déposées par des élèves du lycée Bergson. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN), a été saisie par le parquet de deux enquêtes judiciaires à la suite de la diffusion, sur les réseaux sociaux, de vidéos mettant en cause l’attitude de policiers.


Voir en ligne : nouveau code de déontologie des forces de l’ordre

Communiqué LDH

Paris, le 1er avril 2016

Halte aux violences policières

La LDH dénonce avec force les violences policières dont certains jeunes manifestants ont été victimes ces derniers jours un peu partout en France, lors des manifestations contre la loi El Khomri.

Il est légitime que la jeunesse manifeste son inquiétude face à un projet qui met en cause son avenir.

Rien ne justifie que la violence s’exerce contre les manifestants et il appartient au gouvernement de faire en sorte que les jeunes et les salariés de ce pays puissent manifester dans de bonnes conditions.

Ironie du sort : ces dérapages policiers, qui signent l’arrêt de mort du Code de déontologie promu par Manuel Valls, ont lieu à un moment où le Sénat s’apprête à voter une loi qui donne à la police des pouvoirs accrus.

La LDH demande que cessent cette escalade de la tension et les brutalités contre les manifestants. Elle attend que toute la lumière soit faite sur ces violences dans le respect de l’Etat de droit.

Violences policières à Bergson : deux plaintes déposées

par Pauline Moullot, Libération, le 1er avril 2016


L’IGPN, qui a déjà ouvert deux enquêtes sur les violences policières au lycée Bergson, risque d’avoir du pain sur la planche. Deux plaintes ont été déposées auprès de l’Inspection générale de la police nationale ce vendredi 1er avril. « Les plaintes ont été déposées contre la police pour qu’elle détermine ce qui s’est passé », explique l’avocat des plaignants Me Gilles Bérès. Tous les lycéens impliqués étant mineurs, ce sont leurs tuteurs qui ont déposé plainte. Deux ou trois plaintes supplémentaires pourraient encore être déposées, « mais il faut convaincre leurs parents ».

La première plainte a été déposée pour violences policières par Steven, le jeune embarqué au commissariat qui a passé deux jours en garde à vue. Déféré samedi devant un juge des enfants, ce lycéen de 17 ans, qui a été placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour outrage et violence contre personne dépositaire de l’autorité publique, a été violemment interpellé jeudi dernier devant le lycée Henri-Bergson. Surtout, il aurait subi des violences une fois au commissariat selon des lycéens présents au poste pour un contrôle d’identité. Les adolescents l’auraient vu « en caleçon, à quatre pattes au milieu d’une pièce avec cinq flics qui lui tombaient dessus à coups de claques et de coups de poing », selon une mère d’élèves. Il a bénéficié de trois jours d’ITT.

Jeudi 31 mars, un des témoins, Marin, a déposé une main courante à l’IGPN pour témoigner des violences qui ont été infligées à son camarade. L’autre adolescent présent devrait lui aussi déposer une main courante dans les jours qui viennent.

« Barrage pour la protéger »

La seconde plainte a été déposée pour non assistance à personne en danger par les parents d’une élève de première. La jeune fille a été bousculée dans une charge de policiers, est tombée et a fait une crise d’asthme. « Ses amis ont alors fait barrage pour la protéger », explique sa mère. Mais l’un d’entre eux, qui est allé demander de l’aide aux forces de l’ordre pour lui porter secours « s’est fait insulter ». Selon les parents d’élèves, c’est parce qu’il a donné un coup de pied dans la portière d’une voiture de police qui « leur fonçait dessus pour leur faire peur » alors qu’il était en train d’aider son amie asthmatique, que Marin a été embarqué pour un contrôle d’identité. Relâché dans l’après-midi il sera convoqué en juin pour dégradation de biens publics.

Dans le cadre de la première enquête de l’IGPN, le policier soupçonné d’avoir asséné un coup de poing à Danon a été placée en garde à vue jeudi matin. Selon les informations de Libération, celle-ci était encore en cours en début d’après-midi. L’auteur présumé des faits appartient à une brigade de police secours et de protection. L’élève de 15 ans n’a pas encore porté plainte.

La seconde enquête a été ouverte mardi 29 mars après la diffusion d’une nouvelle vidéo montrant un policier donnant des violents coups de matraque. Malgré de nombreux indices disponibles sur les réseaux sociaux, l’auteur présumé des coups n’aurait pas encore été identifié, selon le parquet. .

Pauline Moullot

Présentation du code de déontologie de la police nationale

Déontologie et Contrôle [1]

La police nationale, qui disposait d’un code de déontologie depuis le décret n° 86-592 du 18 mars 1986, partage depuis le premier janvier 2014 un nouveau code avec la gendarmerie. Celui-ci est intégré au code de la sécurité intérieure (livre IV, titre 3, chapitre 4 de la partie réglementaire).

Ce code subordonne l’exercice des missions de police au strict respect de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, de la Constitution, des conventions internationales et des lois.

Il a pour ambition de contribuer au renforcement du lien entre les forces de sécurité intérieure et la population, en plaçant explicitement celle-ci au cœur des préoccupations des policiers et des gendarmes.

Il donne aux agents des repères essentiels et incontournables sur le cadre de leur action ou de leurs missions et sur les obligations inhérentes à l’état de policier ou de gendarme : loyauté envers les institutions républicaines, intégrité, impartialité, aide et assistance aux personnes même en dehors de leur temps de service, devoir de réserve, secret professionnel, etc. Tout manquement à ces principes et règles expose son auteur à des sanctions disciplinaires, non exclusives de poursuites pénales en cas d’infraction avérée.

Il souligne les devoirs de l’État et de la hiérarchie, particulièrement celui de protéger les agents et leurs proches. Les policiers et leurs familles bénéficient d’une protection juridique contre les actes dont ils sont victimes dans l’exercice ou du fait de leurs fonctions et en cas de poursuites judiciaires du fait de leurs fonctions.

Il rappelle l’ensemble des sources de contrôle de l’exercice de ces missions régaliennes. Le contrôle de l’activité des services de police relève notamment de :
- la hiérarchie policière ;
- l’inspection générale de la police nationale, qui effectue des audits, des enquêtes disciplinaires mais aussi judiciaires sur saisine des magistrats.
- l’inspection générale de l’administration, qui peut effectuer des audits concernant l’activité des services de police et émettre des suggestions.
- la justice, qui contrôle les procédures diligentées par les services de police et exerce des poursuites pénales en présence d’infractions pénales commises par des policiers.
- la commission nationale informatique et libertés, qui autorise la création des fichiers, en suit l’utilisation et peut en autoriser l’accès aux particuliers.
(pour en savoir plus : http://www.cnil.fr/)
- la commission nationale des interceptions de sécurité, qui vérifie la conformité de la mise en œuvre et de l’exploitation des interceptions de communications telles que les écoutes téléphoniques.
- le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, qui veille à ce que les personnes privées de liberté soient traitées avec humanité et dignité.
(pour en savoir plus : http://www.cglpl.fr/ )
- le défenseur des droits qui veille au respect des règles de déontologie ; (pour en savoir plus : Le Défenseur des Droits)

Pour télécharger le code de déontologie de la police : cliquer


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