la section de Toulon s’inquiête des violences policières


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date de publication : mardi 7 février 2012
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Le problème des décès à l’occasion de contrôles d’identité, d’interpellations ou de gardes à vue est une question particulièrement importante. D’autant plus que cela frappe souvent des personnes appartenant à ce que l’on désigne par l’expression “minorités visibles”. D’autre part, il se pose le problème de l’établissement des responsabilités par la justice, ce qui laisse planer le soupçon d’une sorte d’impunité dont bénéficieraient les forces de l’ordre dans ce genre d’affaire.

La section de Toulon de la LDH tient à sensibiliser les Toulonnais à ces problèmes. C’est pourquoi elle a consacré son émission mensuelle du vendredi 3 février 2012 sur Radio Active (100.0 FM) [1] ainsi que le tract diffusé au cours de la matinée du samedi 4 février à cette question.


Tract diffusé à Toulon le 4 février 2012

Violences policières

À Grasse, à Argenteuil, à Clermont-Ferrand récemment, des personnes interpellées sont décédées après un coma consécutif à une immobilisation par des méthodes que des organisations indépendantes – Amnesty international, l’ex-Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) – dénoncent pour “utilisation excessive de la force".

En octobre 2007, la France a été condamnée à l’unanimité par la Cour européenne des droits de l’Homme pour le décès à Toulon de M. Saoud à la suite d’une immobilisation par des policiers qui avait provoqué son asphyxie. Certains pays – la Belgique, la Suisse – ont interdit le recours à cette technique dangereuse. Mais elle est toujours autorisée en France et elle continue à être utilisée notamment pour des interpellations de personnes agitées ainsi que pour des reconduites par avion d’étrangers en situation irrégulière.

À Draguignan, en 2008, un gitan menotté a été tué par un gendarme, alors qu’il tentait de s’enfuir ; le procès en septembre 2010 s’est conclu par un acquittement. Cela fera bientôt 5 ans, un jeune entraîneur sportif a été abattu à Toulon, au Pont du Las, par un tir de policier ... l’affaire n’est toujours pas jugée !

Dans ces situations la justice tarde trop souvent à se prononcer ou décide d’un non-lieu, ce qui entretient le sentiment d’une sorte d’impunité dont bénéficieraient les forces de l’ordre, et d’une justice à deux vitesses.

Quand une garde à vue, une interpellation, un contrôle d’identité se terminent par la mort d’un homme, il est légitime d’interroger les conditions du décès. Les forces de l’ordre jouent un rôle fondamental dans la garantie des libertés individuelles et nous n’ignorons pas les difficultés de leur tâche. C’est pourquoi il importe qu’elles bénéficient de la confiance de la population. Pour cela, il faut que les fautes soient sanctionnées, et que le recours à des techniques d’immobilisation qui risquent d’être mortelles soit proscrit.

Toulon le 17 janvier 2012

France : des policiers au-dessus des lois

Amnesty international, le 31 janvier 2012


Un document d’Amnesty International publié fin 2011 dénonce l’opacité qui entoure les affaires mettant en cause des agents de la force publique française. Trois questions à Patrick Delouvin, responsable du Pôle France de l’organisation :

  • Quelle est la spécificité de ce nouveau rapport sur les violences policières en France ?

Les rapports précédents (de 2005 et 2009) analysaient les manquements à la déontologie de la force publique. Celui de 2009 insistait en particulier sur une technique utilisée par des policiers consistant à porter plainte pour « rébellion » lorsqu’ils risquent d’être mis en cause. Le dernier rapport, lui, se concentre sur cinq dossiers de violations extrêmement graves puisqu’il s’agit de décès impliquant des agents de la force publique. Il rassemble des témoignages de proches de victimes décédées en garde à vue ou au cours de leur interpellation. L’une des victimes était un Français d’origine sénégalaise, les autres de nationalités algérienne, malienne, marocaine et tunisienne.

  • Comment expliquer cette impunité dont semblent profiter les forces de l’ordre ?

D’une part, sur le terrain, certains policiers ne maîtrisent pas le recours à la force. Ainsi, quelques jours après la publication de notre rapport, le Défenseur des droits a déclaré qu’un responsable hiérarchique avait manqué à son devoir de mettre fin à l’usage disproportionné de la force d’agents de police sous sa responsabilité. Nous déplorons un manque d’attention dans l’examen de certains cas : des dossiers médicaux ont disparu, des vêtements ne sont pas rendus… Ensuite, on assiste trop souvent à des refus d’enregistrement de plaintes contre un policier puis à des classements sans suite. Non seulement la procédure est lente mais elle peut être menée par plusieurs juges d’instruction successifs ce qui ralentit encore l’enquête. Les proches des victimes ont le sentiment que la justice n’a pas été faite et cela rend leur deuil impossible.

  • À l’approche de l’élection présidentielle de 2012, quelles seront les actions d’Amnesty International sur ce thème des violences policières ?

Nos demandes s’inscrivent dans le cadre du Manifeste pour les droits humains lancé en février dernier par Amnesty International France qui interpelle le gouvernement, le Parlement actuel, les élus et les candidats aux prochaines élections sur différentes thématiques, dont les violences policières. Depuis plusieurs années, nous demandons une visibilité sur ces affaires. Les rapports de l’IGS1 et de l’IGPN2 doivent être rendus publics. Le ministère de l’Intérieur nous dit qu’il n’a rien à cacher mais ne nous donne que des informations parcellaires. À l’heure actuelle le rapport d’activité de l’IGPN se résume à deux pages et quelques chiffres vagues. Nous allons également continuer à suivre les cinq situations relatées dans le rapport de novembre notamment à l’occasion des dates anniversaires des décès des victimes.

Notes

[1Pour écouter l’émission,
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