affaire Mendy : après la décision de mettre en examen le policier auteur du coup de feu mortel...


article de la rubrique justice - police > violences policières
date de publication : vendredi 7 mai 2010
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La Cour d’appel d’Aix-en-Provence a, en février 2010, annulé le non-lieu qui avait été prononcé pour « légitime défense pour autrui », au profit du policier auteur du coup de feu qui a tué Louis Mendy le 3 mai 2007 au quartier du Pont-du-Las à Toulon – une décision qui avait choqué la famille du jeune homme (voir cette page). La demande de mise en examen du policier a relancé l’enquête.

Trois ans après les faits, alors que la famille et les amis de Louis Mendy se sont rassemblés une nouvelle fois sur les lieux du drame, on apprend qu’une seconde plainte a été déposée à l’encontre du fonctionnaire de la Brigade anticriminalité (BAC).

Il faut que la justice aille jusqu’au bout de cette affaire afin que la lumière soit faite sur les responsabilités.

[Première mise en ligne le 18 février 2010, mise à jour le 7 mai]



« Une victoire de la morale »

par Bruno Isolda, La Marseillaise, 18 février 2010


Plaidé le 2 février, la 20ème Chambre de l’instruction de la Cour
d’appel d’Aix-en-Provence a demandé hier la mise en examen du policier
auteur du coup de feu mortel envers le jeune Mendy. Il était entendu
jusqu’à présent en tant que témoin assisté.

Pour mémoire, rappelons que dans le cadre de cette affaire, la justice
toulonnaise avait ordonné un non-lieu pour légitime défense pour autrui.
Une décision qui avait choqué la famille du jeune homme.

Devant la Cour d’appel, la thèse officielle, et soutenu par le policier,
n’a pas tenu après une nouvelle reconstitution et le passage en revue
des témoignages recueillis à l’époque sur les lieux. Selon l’avocat de
la famille, Claude Guidicelli, « le danger que représentait le jeune
Mendy envers M. Hadele
(les deux hommes se disputaient lorsque les
policiers sont intervenus, ndlr) ne semblait pas immédiat et donc n’as
pas été retenu par la cour. Une notion qui en droit est importante car
elle justifie la légitime défense. M. Hadele ayant réussi à s’enfuir et
à se réfugier dans un commissariat
 ». Dans l’un des témoignages, une
dame avait souligné que M. Hadele était déjà hors champs de vision.
D’autre part, pour l’expert balistique le coup de feu n’a pu être tiré
à 5 mètres comme affirmé par le policier, l’expert parlant d’une
distance de 1,5 mètres : « A une telle distance la volonté de tuer et
non de maîtriser Mendy est clairement établie
 », affirme l’avocat dans
son mémoire. Une demande de mise en examen qui fait plaisir à la famille.

Pour M. Guidicelli, ça prouve que «  Mendy n’est pas au-dessous des lois
et que le policier n’est pas au-dessus des lois. On ne fait pas le
procès de la police, on fait le procès d’une tragédie. C’est une victoire de la morale.
 ».L’affaire rebondit.

Mendy abattu à Toulon : après un non-lieu, le policier devra s’expliquer

par P. P., Var matin, le 18 février 2010


Le policier qui avait abattu il y a trois ans Louis Mendy, un entraîneur du club de football du Pont-du-Las à Toulon, devra être présenté à nouveau devant un juge d’instruction à Toulon, alors qu’il avait bénéficié d’un non-lieu en 2009.

Hier, la chambre d’accusation de la cour d’appel d’Aix en Provence a estimé que « la légitime défense pour autrui », brandie par le fonctionnaire de police, ne répondait pas à la définition légale. Elle estime que de nouvelles investigations doivent être menées, notamment en ce qui concerne l’étude de personnalité du policier. À l’issue de cette procédure, la cour d’appel devra statuer sur l’opportunité d’un renvoi devant une juridiction (en particulier devant la cour d’assises).

Pour Jean-Claude Guidicelli, avocat de la famille Mendy, « c’est une belle victoire du droit et de la morale. Personne n’est au-dessus des lois. La cour d’appel n’a pas accepté l’analyse du juge d’instruction et du parquet. Il faut rappeler que dans les heures qui ont suivi ce drame, le dossier avait très rapidement été classé. Le tir était justifié par les policiers sur le fait que Louis Mendy s’apprêtait à poignarder un autre dirigeant du club avec lequel il avait eu un conflit dans les locaux du club. La juridiction d’appel n’a pas validé ce scénario (...) Le dénouement approche. Nous nous dirigeons vers une mise en examen. » Et l’avocat de souligner : « Ce n’est pas le procès de la police en général, c’est le procès d’une tragédie humaine. »

Rappel des faits

Le 3 mai 2007, une violente dispute éclate entre Louis Mendy,
entraîneur, et un dirigeant du club de football du Pont-du-Las. La
brigade anti-criminalité intervient, et l’un des policiers sera même
blessé. Le dirigeant du club part en courant. Louis Mendy, armé d’un
couteau, prend alors la même direction. Des coups de feu éclatent,
l’agresseur présumé est mortellement blessé d’une balle dans la tête.
La réaction policière a-t-elle été disproportionnée ?
Dans un premier temps, l’affaire est rapidement classée par le parquet.
Mais la famille de la victime obtient l’ouverture d’une enquête confiée
à un juge d’instruction en se constituant partie civile. Une
reconstitution est organisée en 2009, avant que le magistrat ne délivre
un non-lieu au profit du policier placé alors sous le régime de régime
de témoin assisté.

Un nouveau rassemblement sur les lieux, le 3 mai 2010, trois ans après le drame :

Famille et amis de Louis Mendy observent une minute de sience sur les lieux du drame (photo J.-M. A.)

Affaire Mendy : la famille attend toujours que justice soit rendue

par Thierry Turpin, La Marseillaise, 5 mai 2010


Toulon, lundi 3 mai à 18h40, aux abords du stade Delaune au Pont-du-Las une trentaine de personnes patiente déjà dans le calme sur le trottoir d’en face. Et d’autres continuent d’arriver encore. Ils s’apprêtent à rendre hommage à un des leurs, disparu ici brutalement le 3 mai 2007.

Pour mémoire, Louis Mendy tombait ce jour-là en fin
d’après-midi, abattu d’une balle tirée en pleine tête par un policier de la BAC. Les proches de la victime, qui appellent aujourd’hui à ce nouveau rassemblement afin d’honorer sa mémoire, réclament toujours que justice soit enfin rendue.

« Les choses avancent, même si c’est lentement... Mais on reste confiants dans la justice de notre pays. Nous savons que nous vivons dans un Etat de droit ....Nous espérons l’ouverture d’un procès avant la fin de l’année », commente Joachim Mendy, le cousin de la victime. Mais dire que rien n’est allé de soi depuis le début de cette affaire n’est pas peu dire. Sans l’acharnement des siens pour faire éclater la vérité, la messe était quasiment dite au moment du drame. [...]

Trois ans après les faits, une seconde plainte est déposée à l’encontre du policier

Affaire Louis Mendy : une nouvelle plainte contre le policier

par E. M., Var matin, le 7 mai 2010


Mauvaise nouvelle pour le policier visé par une enquête dans l’affaire Louis Mendy, cet entraîneur de foot abattu en pleine rue à Toulon en mai 2007 parce qu’il menaçait un autre dirigeant sportif.
La justice, saisie par la famille du défunt, tente de déterminer si la réaction du policier était justifiée ou non.
Trois ans après les faits, une seconde plainte a été déposée à l’encontre du fonctionnaire de la Brigade anticriminalité (BAC).

« Victime par ricochet »

Une femme a décidé de se constituer partie civile dans cette affaire, au motif qu’une balle perdue s’est logée dans sa voiture.

« Elle s’est retrouvée au milieu de la fusillade. Cela aurait pu avoir des conséquences graves, explique son avocat Me Philippe
Berthet. Depuis, elle est traumatisée et suivie par un psychiatre. Elle est une victime par ricochet » Pourquoi attendre trois ans ? « Elle avait très peur, elle n’osait pas s’exprimer », explique son conseiller dont la démarche consiste à faire reconnaître le « préjudice psychologique ».

Le 3 mai 2007, une violente dispute avait éclaté entre Louis Mendy, armé d’un couteau, et un cadre du club de football du Pont-du-Las.
Ce dernier s’était enfui en courant et son assaillant s’était lancé à ses trousses. Louis Mendy avait alors été abattu par un policier de la BAC, dépêchée sur place. Plusieurs coups de feu avaient été tirés.
Le policier mis en cause plaide la légitime défense pour autrui. Les proches de l’entraîneur y voient une réaction disproportionnée.


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