La préfecture de police de Paris (PP) a décidé, vendredi 18 juillet, d’interdire une manifestation de soutien aux Palestiniens prévue pour le 19 juillet à Paris, entre Barbès et la place de l’Opéra. Cette décision a été prise « au vu des risques graves de trouble à l’ordre public qu’engendrerait sa tenue dans un contexte de tension accrue », a fait valoir la PP. Dimanche dernier, des incidents avaient éclaté devant deux synagogues parisiennes à la fin d’une manifestation pro-palestinienne, et les forces de l’ordre avaient dû séparer des membres de la Ligue de défense juive (LDJ) et des manifestants qui s’affrontaient près de la rue de la Roquette dans le 11e arrondissement.
Après une audience en référé, le tribunal a confirmé l’interdiction du défilé. Les organisateurs ont dénoncé une décision « qui s’oppose à une liberté fondamentale », selon leur avocat, Hosni Maati. Des manifestants se rendront sans doute sur place. Me Maati a ainsi évoqué une « colère très grande » qui « va vouloir s’exprimer ».
Vendredi, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a déploré l’interdiction du rassemblement prévu samedi, qui constitue selon elle « une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de la réalité ».
La gestion des autres manifestations prévues dans le reste de la France demeure en revanche variable : le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé « aux préfets de regarder au cas par cas les manifestations prévues à cet égard ».
Communiqué LDH
Paris, le 18 juillet 2014
La décision du ministère de l’Intérieur d’interdire une manifestation en faveur des droits du peuple palestinien au motif « de ne pas importer le conflit israélo-palestinien en France », après avoir autorisé la précédente, constitue une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle, et un déni de la réalité.
Exiger la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un Etat souverain aux frontières, aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël, ce n’est pas importer un conflit, c’est inscrire la politique française dans les principes qu’elle prétend défendre.
Au moment où la liste des victimes civiles – même si le rappel de la prohibition absolue de tels actes envers toutes les populations civiles s’impose – s’allonge de manière effrayante, il ne sert à rien de tenter d’étouffer le sentiment de révolte que provoque l’intervention militaire israélienne contre la population de Gaza, sauf à vouloir un peu plus accréditer que le gouvernement a fait le choix partisan d’un camp.
La LDH entend rappeler avec force que le conflit israélo-palestinien ne peut conduire à assigner à résidence communautaire telle ou telle partie de la population. A ce titre, s’en prendre à des lieux de culte et aux croyants est inadmissible et doit être sanctionné.
En même temps, à en croire les comptes rendus de presse, les faits en cause ont fait l’objet d’un traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle de la Ligue de défense juive dans leur déroulement. La LDH a déjà eu l’occasion de s’étonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation qui n’a jamais caché qu’elle se comporte, à l’encontre de la loi, en milice supplétive de certains partis politiques israéliens membres du gouvernement de M. Netanyahou.
C’est sur les pouvoirs publics que pèse, avant tout, la responsabilité de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement et dans le cadre des lois de la République. La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale.