des interdictions de manifester


article communiqué de la LDH  de la rubrique démocratie
date de publication : lundi 16 mai 2016
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La LDH s’élève contre les interdictions adressées à certains militants opposés à la réforme du code du travail de participer à des manifestations. Ces interdictions s’appuient sur la loi sur l’état d’urgence.


Communiqué LDH

Paris, le 16 mai 2016

L’état d’urgence au profit du maintien de l’ordre social

Le gouvernement vient d’interdire à des militants de participer à des
manifestations contre la loi travail en s’appuyant sur les dispositions de
la loi sur l’état d’urgence. Ces interdictions ne reposent que sur la
présence réelle ou supposée de telle ou telle personne à des
manifestations, sans que n’ait été retenu à leur encontre aucun fait
répréhensible autre que de protester contre les violences policières ou
contre la loi travail dont l’Assemblée nationale n’a pu débattre jusqu’au
bout en raison de l’usage de l’article 49.3 de la Constitution.

Déjà lors de la COP 21 et toujours sur les mêmes fondements, le
gouvernement avait pris des mesures d’assignation à résidence, validées
par le Conseil d’Etat, contre des militants écologistes. En interdisant de
manifestation des militants qui ne sont en rien suspectés d’être liés aux
raisons invoquées lors de la proclamation de l’état d’urgence, le
gouvernement fait, un peu plus, la démonstration que celui-ci est conçu et
utilisé à des fins qui n’ont rien à voir avec la lutte contre le terrorisme. Sans aucun contrôle du juge judiciaire, sans contrôle réel du juge administratif, le
gouvernement dispose ainsi, et en use, de pouvoirs exorbitants qui portent
atteinte aux libertés publiques et individuelles.

La LDH condamne totalement cette accumulation de mesures autoritaires et
tient à souligner combien les inquiétudes qu’elle avait manifestées dès la
première prorogation de l’état d’urgence s’avèrent fondées. Le
gouvernement s’apprête à proroger une troisième fois l’état d’urgence. Une
nouvelle fois, la LDH appelle les députés à mettre un terme à ce régime
d’exception indigne d’une démocratie.

Etat d’urgence : un journaliste également interdit de couvrir la manif contre la loi travail

Par Pierre Alonso et Alexandre Léchenet Libération, le 15 mai 2016 à 20:57, màj le 16 à 14:50


Selon Buzzfeed, un journaliste a reçu un arrêté préfectoral lui interdisant de couvrir les rassemblements de mardi contre la réforme du code du travail. Des militants antifascistes ont également été « interdits de séjour » à la manifestation.

Etat d’urgence : un journaliste également interdit de couvrir la manif contre la loi travail
Après avoir interdit à des activistes « antifascistes et anticapitalistes » de participer à la manifestation unitaire du 17 mai contre la loi travail, la préfecture de police de Paris a également décidé d’interdire à un journaliste, titulaire d’une carte de presse, de couvrir la mobilisation, révèle Buzzfeed France. NnoMan (un pseudonyme) est photographe, membre du collectif OEIL (Our Eye is Life), collabore notamment pour le magazine Fumigène.

L’arrêté « d’interdiction de séjour », qui ne mentionne pas le fait que NnoMan soit journaliste, justifie cette décision par sa présence « à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail », qui ont dégénéré « en troubles graves à l’ordre public ». Il « y a tout lieu de penser » que la présence du photographe à ces rassemblements « vise à participer à des actions violentes », précise même le document, dont Buzzfeed publie des extraits. NnoMan a plusieurs fois documenté des violences policières et avait notamment filmé un manifestant assommé après avoir chuté dans le métro et des CRS ne lui portant pas secours. Son avocat, qui dénonce « une grave atteinte à la liberté de la presse », a décidé de contester cette décision devant le tribunal administratif.

Des militants du collectif Action antifaciste Paris banlieue ont également reçu des arrêtés préfectoraux similaires, leur interdisant toute présence lors de la manifestation de mardi, ainsi qu’autour de la place de la République, où se déroule chaque soir depuis un mois et demi « Nuit debout ».


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