noir donc suspect ... forcément


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : lundi 13 février 2017
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Birame , voyageur d’origine africaine, a été victime d’une agression dans un TER, le 4 novembre 2014. Alors qu’il était muni d’un titre de transport valide, il aurait refusé de le présenter à la demande d’un contrôleur. Pour un rappel des faits, voir cette page.

Birame a déposé plainte avec constitution de partie civile entre les mains du Doyen des Juges d’Instruction pour des faits de discrimination (article 225-1 du Code pénal) et non assistance à personne en danger (art. 223-6 du Code pénal) à l’encontre de la SNCF et de ses agents. De son côté, Birame est poursuivi par un contrôleur de la SNCF pour avoir porté atteinte au respect et à sa dignité.

Le jour prévu pour l’audience, le 22 septembre 2015, à l’heure dite, Birame était présent au tribunal, entouré d’une dizaine de ses amis — mais la SNCF, absente, n’était même pas représentée. Prise par très nombreuses affaires, la cour a estimé ne pas disposer de suffisamment de temps pour traiter celle-ci ; elle a donc décidé de renvoyer le procès au 26 avril 2016. Mais l’audience du 26 avril 2016 a été à nouveau renvoyée au 7 mars 2017 ...


Voir en ligne : « partez d’ci, sales nègres » ... mes fils sont métis-...

Expulsé du train par des passagers en gare de Toulon

par Sonia Bonnin, Var matin le 15 novembre 2014

Une empoignade a éclaté, un jour de grève, dans un train express régional. Des passagers ont éjecté du wagon un resquilleur présumé… qui était en règle. Un contrôleur a porté plainte.

Mardi 4 novembre, matin de grève en gare de Toulon. Commence une très mauvaise journée pour Birame, 41 ans, qui prend son train quotidien pour aller travailler à Marseille.

Une méprise conduit à une altercation étonnante, au cours de laquelle Birame se fait éjecter manu militari par d’autres passagers. Sur ce point, les faits sont reconnus de part et d’autre. Et confortés par des témoignages directs. Pour le reste, les versions de l’histoire divergent.

Tout commence avec le « dispositif accueil filtrage », selon le vocabulaire de la SNCF, dans le tunnel d’accès aux quais. Birame déclare avoir exhibé sa carte d’abonnement mensuel, avant d’être rappelé : « Monsieur, ce n’est pas le mois de novembre, mais d’octobre. » Birame répond en s’éloignant « non, j’ai bien le mois de novembre », et monte sur le quai E. Le départ est imminent. Les passagers viennent déjà d’être trimballés d’un train annulé à un autre.

« Il a forcé le passage »

C’est à ce moment que tout se noue. La SNCF estime que le voyageur « a forcé le passage et refusé de montrer son titre de transport ». Dès lors, les agents SNCF veulent qu’il descende du train pour être contrôlé. Birame proteste. « J’ai un abonnement de travail, je suis en règle. » Il est persuadé que, s’il descend, le train partira sans lui.

En fait, le TER ne partira jamais, à cause de l’incident. Excédés, d’autres passagers s’en mêlent. « Cela fait longtemps qu’on est passé au tutoiement, aux réflexions désobligeantes », relate Birame, qui dit montrer son titre sans que personne ne lui accorde crédit.

Puis un homme lui assène : « Garçon, tu descends ou je te sors par tous les moyens. » Ce qui sera fait par plusieurs voyageurs. Une femme se saisit de son cartable et le jette sur le quai.

Birame est soulevé par l’arrière. « Je n’arrive pas à savoir le nombre de bras qu’il y a sur moi. J’essaie de m’agripper, mais je suis descendu manu militari. »

Sur le quai, le « resquilleur désigné » hurle au scandale. Il essaie de changer de wagon - « Je veux aller travailler. » Mais il est bloqué. Des passagers se seraient défoulés verbalement. « Bamboula ! C’est toujours les mêmes qui posent problème. Les cartes d’abonnement, on sait comment vous les payez. Avec nos impôts… »

Plainte(s) pour outrage

Birame est interpellé sur le quai par la police et conduit au commissariat.

Un contrôleur de la SNCF a déposé plainte pour outrage. Un fait que Birame reconnaît, mais au terme, selon lui, d’un enchaînement où les insultes ont été réciproques. Ce qui l’a conduit à déposer plainte également. Le jour de l’altercation, un médecin lui a délivré une incapacité totale de travail de cinq jours, pour une hémorragie dans un œil.

Les policiers ont constaté qu’il était en possession d’un titre de transport valide.

La SNCF : « Pourquoi n’a-t-il pas montré son titre ? »

« Après qu’il a forcé le passage, le passager est monté dans le train.

Un contrôleur est monté pour lui demander son billet, expose le service communication de la SNCF en Paca. Mais celui-ci a refusé de le produire. Puis on lui a demandé de descendre du TER. Nouveau refus. »

La SNCF reconnaît que d’autres voyageurs ont été partie prenante dans l’incident. « Là, vraisemblablement, un client s’en serait pris au voyageur et l’aurait forcé à descendre sur le quai. Le monsieur a de nouveau essayé de monter dans le train. Et a été bloqué [par des agents SNCF]. »

La SNCF s’étonne que ce voyageur ait pu avoir un abonnement en bonne et due forme. « S’il a un titre en règle, pourquoi ne le montre-t-il pas ? », reconnaissant qu’il y a « vraisemblablement deux versions des faits ». L’agent SNCF, un contrôleur, a porté plainte pour outrage, « en son nom propre ».

La SNCF estime que « l’enquête établira de façon précise le déroulement des faits ».

Sonia Bonnin


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