Le marché du Cours Lafayette et le centre Mayol.


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : mardi 13 juillet 2004
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Au printemps 2004, le marché du Cours Lafayette ne comptait plus que 114 revendeurs et 16 forains. Comment en est-on arrivé là ?


Le projet Mayol...

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le marché du Cours Lafayette

C’est dans un contexte déjà morose [pour le Cours Lafayette], que François Trucy succède à Maurice Arreckx dans le fauteuil de maire en 1985. Désigné sans passer par les urnes, l’ancien adjoint veut « stopper l’hémorragie commerciale ». Son plan tient en trois initiales et le nom d’un chanteur fantaisiste : ZAC-Mayol. Un vaste complexe commercial et d’affaires - avec parkings, grande surface et palais des congrès - capable, selon lui, « de ramener des clients, des habitants et des investisseurs en centre-ville ». La construction de logements neufs, la poursuite du plan de rénovation entamée par son
prédécesseur et la construction d’une nouvelle faculté de droit doivent, dans un deuxième temps, compléter ce programme de sauvetage. Méfiants au départ, le syndicat des revendeurs et l’association des commerçants finissent par se convaincre de « l’effet d’entraînement positif » du projet. Gage de la bienveillance municipale au marché : le cours est repavé et raccordé au tout-à-l’égout en 1986. Des travaux nécessaires mais incomplets - le projet de couverture des étals n’aboutit pas - qui feront souffrir un peu plus les revendeurs, déménagés pendant près d’un an sur la place d’Italie. En 1989, quand François Trucy est reconduit dans son mandat par une majorité de Toulonnais, Besagne est un immense chantier.

... Et ses conséquences.

Le centre Mayol ouvre ses portes en avril 1990. Sur 50 000 m2, un supermarché Carrefour, plusieurs enseignes nationales (FNAC, Go Sports, C&A...) et une centaine de boutiques attendent le public. Dans la galerie, le succès est au rendez-vous. Sur le Cours et dans les rues du centre, le bilan est plus mitigé. Un mois après, Jean-Claude Jonas, président de l’association « Commerce Avenir » s’emporte : « Ce centre nous a été vendu comme pouvant être un véritable moteur économique pour le centre ville. Nous nous apercevons que c’est faux ». Autrement dit : Mayol vole plus de clients qu’il n’en rapporte. Certains commerces évoquent alors des pertes de chiffre d’affaire de « 30 à 40% ». Aujourd’hui encore, la question de « l’onde de choc Mayol » n’est pas tranchée. Le départ de quelques enseignes du Cours, vers le centre (Leffe de Bruges par exemple) a sans doute fait des dégâts. Le voisinage avec un géant de l’agro-alimentaire aussi.

« Encore que les prix de Carrefour n’étaient pas vraiment compétitifs », se souvient Christophe Prétot, un ancien revendeur. Selon l’ancien maire, l’implantation de deux centres commerciaux (Grand Var et Continent à Ollioules) aux entrées de la ville et la paupérisation de la clientèle du centre « menaçaient de toutes façons les commerces les plus fragiles ». La création de Mayol, aura permis « de limiter la casse ». Quant au plan de rénovation de l’habitat, s’il avait été poursuivi, « il aurait dû relancer le centre ville ». Il ne le fera pas. En 1995, la droite perd la mairie au profit du Front National. Loin de tout expliquer, les difficultés croissantes du centre, dont Mayol est devenu le bouc émissaire, y sont un peu pour quelque chose... Le perdant vient d’apprendre à ses dépens cette règle d’or : « À Toulon, les campagnes électorales se gagnent sur le Cours ». Dix ans plus tard, le centre-ville de Toulon représente tout juste 10% (contre 55% pour Grand Var) de l’offre commerciale de son agglomération. Le Centre Mayol réalise, à lui seul, 70% du chiffre d’affaire de cette offre en peau de chagrin.

Flavien Plouzennec

P.-S.

Le texte ci-dessus est extrait de MESCLUN, n°1, printemps 2004, intitulé "autour du marché" et consacré au marché du Cours Lafayette. En vente (5 €) au Café-Culture, 2 rue Baudin, Toulon - tél 04 94 62 44 52.


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