inauguration d’un Khatchkar à Toulon


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : mercredi 13 septembre 2006
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« Dans notre région PACA, [...], les hommes politiques, toutes tendances confondues, pratiquent une surenchère inquiétante du devoir de mémoire communautariste ; ils ont encouragé ou participé physiquement à une quantité exceptionnelle d’hommages et d’inaugurations de monuments au génocide arménien »

Bruno Etienne [1]

L’inauguration, en juin dernier, d’un Khatchkar illustre ce phénomène. Ce nouveau monument voisine avec celui, inauguré en 1994, en hommage aux victimes de la répression sanglante de 1793.


Le 9 juin 2006, Hubert Falco, Sénateur-maire de Toulon et ancien ministre, inaugurait un Khatchkar [2], dans le même jardin public du Champ de Mars de Toulon :

Jusqu’alors les commémorations du 24 avril [3] avaient lieu devant la plaque du génocide des Arméniens, au Monument aux Morts de Toulon, Place Gabriel Péri [4].

A cette occasion, Maryse Grigorian, Présidente de l’association franco-arménienne Abris’s club et conseillère municipal de Toulon, a prononcé une allocution dont voici le début :

« Tout d’abord je souhaite remercier Monsieur Hubert Falco, Mesdames et Messieurs les Adjoints et leurs collaborateurs pour leur soutien et leur aide précieuse, sans qui cette cérémonie n’aurait pu avoir lieu.

« En dressant aujourd’hui dans le sol de Toulon ce Khatchkar taillé dans la pierre de la région de Gumri, nous scellons une fois de plus le pacte plus que centenaire qui unit l’Arménie à la France. Un pacte qui n’a pour but que d’établir la paix, créer un monde en sécurité et lier nos deux peuples, pour le siècle à venir, par une amitié sans faille que viendra confirmer demain l’Année de l’Arménie.

« Mais l’inauguration d’un Khatchkar est aussi un moment de mémoire. C’est l’instant privilégie où une pierre, symbole de notre Histoire, s’élève du sol comme de notre mémoire et surgit dans le Présent. Par sa présence muette et nue, il donne une existence palpable aux souvenirs du million et demi de morts qu’on a laissés derrière nous, sans funérailles, sans sépulture et sans justice.

« En ramenant de nos parents et de nos ancêtres parmi nous, ce Khatchar nous rappelle aussi les raisons pour lesquelles ils ne sont plus là et le crime qui les a fait disparaître. Il nous rappelle aussi l’Etat qui l’a commis, son refus de reconnaître son crime, et son ambition, malgré son déni, de faire partie des démocraties honorables de l’Europe.

« Enfin, en s’élevant sur le sol de la France, entouré des plus hautes autorités politiques et civiles du département, ce Khatchkar nous rappelle que nous sommes Français et que notre citoyenneté nous fait une obligation de défendre les principes de la République et d’œuvrer pour l’Europe de demain. Si donc un Khatchkar est un moment de mémoire, il est aussi, et surtout, le moment où l’on doit se souvenir de ce que nous sommes et quelles sont les valeurs que nous défendons. (...) »

P.-S.

En compléments, on pourra consulter les articles suivants :

Notes

[1Extrait de l’article article 1509.

[2Le terme arménien Khatchkar, de khatch = la croix et kar = la pierre, désigne un type de monument à mi-chemin entre la sculpture et l’architecture, n’excédant généralement pas 2 mètres de haut, qui represente l’Arménie. Il s’agit principalement de stèles tombales ou commémoratives.

[3Le samedi 24 avril 1915, à Istambul, capitale de l’empire ottoman, 600 notables arméniens sont assassinés sur ordre du gouvernement. C’est le début d’un génocide. Il va faire environ 1,2 million de victimes dans la population arménienne de l’empire turc.

[4Cette plaque sur le monument aux morts de la ville de Toulon, « A la mémoire des victimes du génocide Arménien de 1915 », a été inaugurée le 24 avril 1995 par François Trucy, Sénateur-Maire de Toulon, et son excellence Viguen Tchitchechian, ambassadeur d’Arménie en France.


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