à Toulon, on commémore la mort de Louis xvi ... en latin


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : mardi 22 janvier 2013
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C’est l’évêque de Fréjus-Toulon lui-même, Mgr Dominique Rey, qui a célébré le 21 janvier 2013 la messe de requiem en mémoire du roi Louis xvi guillotiné le 21 janvier 1793 – « une messe pontificale célébrée selon le rite extraordinaire (en latin) », selon le quotidien Var Matin qui a consacré une page à l’annonce de la cérémonie dans son édition du jour.
D’autres ont préféré célébrer cet anniversaire en partageant avec des amis un repas autour d’une tête de veau.

Le geste du prélat s’inscrit dans la tradition royaliste toujours vivace chez certains Toulonnais. Une tradition que le Front national a cherché à entretenir lors de son passage à la mairie de Toulon de 1995 à 2001 : l’histoire de la ville telle qu’elle était exposée dans le numéro spécial de Pâques 1997 du magazine municipal le montre de façon spectaculaire. Un courant d’opinion que le député Philippe Vitel tente maintenant de s’approprier.


Le site internet du diocèse Fréjus-Toulon comportait cette annonce :

Comme chaque année, une messe de requiem est célébrée en souvenir de Louis XVI et de toutes les martyrs de la Révolution française.
Elle a lieu à la paroisse Saint-François de Paule à 18h30, lundi 21 janvier et est célébrée cette année par Mgr Dominique Rey

La messe est chantée en grégorien à la paroisse Saint-François de Paule. Cette année, Mgr Dominique Rey célébrera la messe pontificale. C’est aussi lui qui assure l’homélie.
Le testament du roi défunt est lu à la fin de la messe.
Cette messe est l’occasion de prier pour notre pays.

Comment ne pas rapprocher cette information du résumé de l’histoire culturelle de Toulon, publié dans le n° 23 du Toulonnais – numéro spécial de Pâques 1997, intitulé "Une volonté culturelle" [1] :

TOULON : 2000 ANS DE CIVILISATION

L’année dernière, la France a célébré son quinzième centenaire, Toulon, pour sa part. entre dans ses 2000 ans d’histoire. Il y a dix ans, on a retrouvé les vestiges de la ville gallo-romaine de Telo-Martius. Telo était la déesse des sources chez les Carnatulliciens, tribu celto-ligure habitant ce bourg maritime avant l’arrivée des Romains, Martius ou Mars. le dieu la guerre dans la mythologie romaine.

  • 66 : construction de la première église par saint Clet (Cléon), l’un des 72 disciples du Christ.
  • 466 : fondation de l’évêché de Toulon.
  • 1096 : Gilbert. comte de Provence. embarque à Toulon avec une partie de la flotte de la première croisade ; fondation de la cathédrale de Toulon.
  • 1344 : première mention du vin de l’Amalgue, dans une ordonnance du duc de Bourgogne.
  • 1361 : la reine Jeanne autorise 61 Toulonnais à élire deux
    syndics pour gérer les affaires communales.
  • 1481 : la Provence et donc Toulon sont rattachés à la France.
  • 1514 : construction de la Tour royale.
  • 1543 : François Ier ordonne aux Toulonnais d’accueillir pour six mois la
    flotte du corsaire turc Barberousse. De nombreux Toulonnais quittent la
    ville pour laisser la place à 30 000 marins et soldats musulmans.
  • 1589 : Henri iv fait édifier le premier arsenal (la Darse vieille).
  • 1656 : création de la première troupe de théâtre toulonnaise subventionnée par la ville.
  • 1657 : réalisation par Pierre Puget. directeur des décorations du port de
    Toulon, des Atlantes soutenant le balcon de la mairie d’honneur.
  • 1661 : ouverture de la maison d’enseignement des Oratoriens.
  • 1679 : Vauban entreprend l’agrandissement de l’arsenal (la Darse neuve), et la fortification du port.
  • 1697 : enregistrement à l’armorial général du Royaume des armes
    de Toulon : D’azur à la Croix.
  • 1771 : ouverture du premier théâtre toulonnais, La Comedia.
  • 24 août 1793 : la municipalité proclame Louis xvii roi de France.
  • 19 décembre 1793 : s les républicains, après avoir repris Toulon, détruisent le collège des Oratoriens.
  • 1802 : la cathédrale est rendue au culte catholique.
  • 1830 : départ de l’expédition d’Alger. Toulon renoue avec sa vocation maritime, perdue sous la révolution, et devient un port colonial.
  • 1862 : inauguration de l’actuel Opéra de Toulon.
  • 1867 : inauguration du lycée impérial Peiresc.
  • 1883 : naissance de Raimu.
  • 1887 : construction du musée central.
  • 1893 : Jean Aicard déclame son poème composé en l’honneur de l’escadre russe venue de Cronstadt.
  • 1919 : Marius Escartefigue est élu maire.
  • 1920 : le chanteur Félix Mayol lègue à Toulon un stade (le stade Mayol).
  • 1945 : la ville sort de la guerre à moitié détruite.
  • 1950 : création du festival international de musique.
  • 1958 : construction du lycée Dumont d’Urville.
  • 1975 : fondation du concours annuel international d’instruments à vent.
  • 1995 : Jean-Marie Le Chevalier redonne à Toulon son blason : D’azur à la Croix d’or.

D’autres ont préféré commémorer la mort de Louis Capet autour d’une tête de veau :

Jean-Claude Ribaut explique l’origine présumée de cette tradition :

Dans L’Education sentimentale, Gustave Flaubert raconte que des partisans de Cromwell « mangeaient des têtes de veau et buvaient du vin rouge (...) en portant des toasts à l’extermination des Stuarts », le 30 janvier, jour anniversaire de la décapitation du roi Charles 1er, en 1649. Après Thermidor, les sans-culottes reprirent à leur compte cet usage le jour anniversaire de l’exécution de Louis XVI, le 21 janvier : « C’est une importation anglaise ! » ricane Flaubert.

Informations que précise Alexis Corbière :

C’est donc une belle tradition que celle de ces banquets républicains mangeant de la tête de veau, née sous la restauration de façon semi-clandestine. Dans les années 1847 et 1848, la Monarchie de Juillet, sous le gouvernement de Guizot devient de plus en plus conservatrice et fermée à toute évolution sociale et politique. L’opposition se développe. Pour la museler, Guizot qui ne veut faire aucune concession interdit toute réunion politique.

Les opposants tournent alors l’interdiction en organisant à l’imitation des radicaux anglais, une campagne de banquets. C’est même l’interdiction d’un de ces banquets qui sera la cause directe de la révolution de 1848 qui verra la chute de la Monarchie de Juillet et la proclamation de la Seconde République.

Terminons avec un autre adepte du latin, après avoir rappelé que le 21 janvier est également la date anniversaire de la mort de Lénine.



P.-S.

Complément

Un lecteur nous demande : « quand la mairie de Toulon se décidera-t-elle à faire figurer à côté du monument de la porte d’Italie les explications qui permettraient aux Toulonnais et aux touristes de connaître enfin son histoire ? »

Nous transmettons la question à Monsieur le sénateur-maire.


Notes


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