Hubert Falco : bribes pour une biographie politique


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : samedi 16 octobre 2004
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Hubert Falco, stakhanoviste [1] des temps modernes.

Dernière mise à jour : le 1er janvier 2005.


- Né le 15 mai 1947 à Pignans (Var), Hubert Falco était directeur général d’entreprise.

- Conseiller municipal de Pignans en 1971, puis maire de Pignans de 1983 à 2001.

- Conseiller général du Var en 1985, puis président du Conseil général du Var de 1994 à 2002.

- Député (UDF) du Var de 1988 à 1995.

- Sénateur du Var de 1995 à 2002 date de son entrée dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

- Le 4 janvier 2001, répondant à un courrier de la section de Toulon de la LDH qui protestait contre la décision de la municipalité d’extrême droite d’attribuer le nom évocateur de "général Raoul Salan" à un carrefour de la ville, Hubert Falco exprime "le souhait, pour retrouver la concorde, que cette dénomination fasse l’objet d’une décision collégiale du futur conseil municipal".

- Lors des élections municipales de mars 2001, Hubert Falco reprend la mairie de Toulon à l’extrême-droite incarnée par Jean-Marie Le Chevallier (ex-FN).

- Hubert Falco crée, début 2002, Toulon-Provence-Méditerranée (TPM), une communauté d’agglomération regroupant onze communes et 400 000 habitants. Depuis lors il cumule les casquettes de président de TPM (8 février 2002) et de maire de Toulon, ce qui n’est pas un mince atout pour l’aider à financer son vaste programme de renouveau urbain.

- Secrétaire d’État (17 juin 2002) puis Ministre délégué (31 mars 2004) aux Personnes âgées.

Déjà le cumul des mandats [2]

Contraint par Raffarin de devoir choisir entre son secrétariat d’Etat aux personnes âgées et sa mairie de Toulon, Hubert Falco (DL) s’est empressé de prendre les devants en envoyant à ses concitoyens une lettre-tract d’excuses, avec photo couleur. Histoire de leur expliquer qu’il les quitte, mais "qu’il ne s’agit nullement d’abandonner Toulon, bien au contraire" : il va mieux "pouvoir défendre les intérêts de Toulon au plus haut niveau de l’Etat, car seuls (sic) les intérêts et l’avenir de Toulon et du Var m’animent [...] et restent mes uniques préoccupations". Et si le Mr le Maire est entré au gouvernement, c’est pour obtenir "La solidarité nationale" (en clair : du fric de l’Etat) au profit des affaires toulonnaises, Falco citant notamment : l’habitat insalubre, une gare routière, les hôpitaux... On se demandait pourquoi un sous ministère aux personnes âgées. Maintenant on sait : pour que Toulon ait une gare routière.

Commentaire : « en matière de cumul, Falco est devenu un pro. » [3]

Une scène de la vie des grands fauves [4]

De mémoire de ministre, il n’y a jamais eu un échange aussi violent entre membres du même gouvernement. Mercredi 22 septembre [2004], 9 h 30 : Hubert Falco,
ministre délégué aux Personnes âgées, déboule dans le salon de l’Elysée, où ses collègues prennent le petit déjeuner.

« Où est Douste ? Où est ce connard de Douste ? », s’écrie Falco, qui balaie l’assemblée du regard avant de fondre sur sa cible, en train de boire un café.

Il l’attrape au collet et lui dit :

« Tu es vraiment un enfoiré. Tu vas le payer cher !

- Qu’est-ce qui t’arrive ? , balbutie Douste.

Falco. - Tu m’as eu, espèce d’ordure !

Douste. - Ce n’est pas moi, ce sont mes collaborateurs. »

Falco explique alors à l’assistance médusée qu’il y a une quinzaine de jours « Blabla » (c’est ainsi qu’il l’appelle) lui avait demandé de lui envoyer 1es épreuves d’une brochure sur la maladie d’Alzheimer que le ministère des Personnes âgées s’apprêtait à publier .

Et qu’a fait le « connard » ? Sans rien dire, il a repris à son compte la publication, destinée aux maisons de retraite, et il a signé l’édito de son nom, remplaçant en outre la photo de Falco par la sienne. « C’est dégueulasse ! », conclut le ministre des Personnes âgées. [5]

- Le 26 septembre 2004, Hubert Falco est élu sénateur du Var.

Toujours le cumul [6]

Hubert Falco, ministre délégué aux Personnes âgées et maire de Toulon, élu dimanche sénateur UMP du Var, déclare dans une interview à France Bleu Provence qu’il a "un mois pour faire le choix" entre son portefeuille ministériel et le Palais du Luxembourg. "Je vais me remettre au travail. J’ai un mois pour faire le choix. Je suis un élu d’expérience, je ne prends pas de décision à chaud", a dit M. Falco, ajoutant qu’il désirait "en parler avec le premier intéressé, le président de la République". "J’ai des responsabilités nationales. Je n’ai pas le droit de les balayer comme ça", a-t-il poursuivi, précisant que les ministres élus avec lui au Sénat allaient "en discuter avec le Premier ministre et le président" Jacques Chirac. "On prendra les décisions qui s’imposent", a conclu M. Falco.

- Le 27 octobre 2004, Hubert Falco assiste à son dernier Conseil des ministres, moment qu’il qualifie d’“émouvant” dans la cour de l’Elysée.

Élu sénateur du Var le 26 septembre 2004, il disposait d’un délai d’un mois pour choisir entre le gouvernement et son mandat parlementaire.
« J’ai fait le choix de ma ville », explique-t-il. « Il fallait aujourd’hui que je fasse un choix, parce que la dérogation qui m’a été accordée ne l’était plus et la règle s’applique à tous ».

Mais, en matière de cumul, Hubert Falco reste un pro  :

sénateur & maire & président d’agglomération.

Notes

[1Alexeï Grigorievitch Stakhanov (1905-1977) : lors d’un concours, ce mineur soviétique réussit à extraire 102 tonnes de charbon en une seule journée de travail, le 31 août 1935.

[2Le Canard enchaîné du 10 juillet 2004.

[3Libération, le 9 juillet 2004.

[4Le Canard enchaîné du 29 septembre 2004.

[5Le Parisien du 1er octobre 2004 devait revenir sur cette affaire :

La repentance de Falco.

Hubert Falco fait amende honorable. [...] Il apparaît que le méridional Falco s’est laissé emporter par son tempérament.

1. Son cabinet avait formellement (et par écrit) donné son accord à la publication par l’équipe Douste du Mémento en question. De plus, il est précisé que le document a été réalisé par Instance Prospective Alzheimer, que préside Falco.

2. Le Mémento est signé, à la fois, par Douste et par Falco. Pour autant, chez Falco, si on admet que l’intéressé a eu tort de perdre son sang-froid, on fait observer que le cabinet Douste, récidiviste, avait déjà fait une OPA sur le plan Falco contre la maltraitance des personnes âgées, et que cela fait beaucoup. [...] Mais maintenant, entre les deux ministres, on a décidé la trêve.

[6AFP, 26 septembre 2004.


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