27 mai : résistance, mémoire, hommage


article de la rubrique Toulon, le Var > Toulon
date de publication : mardi 30 mai 2023
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Gérard Estragon, président varois de l’association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), a prononcé un discours de forte portée historique, patriotique et pacifique.


Extraits du discours de Gérard ESTRAGON :

" Il y a 80 ans, au coeur de Paris occupé depuis près de 3 ans par l’armée nazie, se réunissaient au 48, rue du Four, les représentants de 8 grands mouvements de Résistance, de 6 partis politiques résistants ainsi que de deux centrales syndicales clandestines, autour de Jean Moulin, ce jeune préfet d’Eure et Loire qui avait tenté de se suicider le 17 juin 1940 par crainte de céder à l’envahisseur allemant, lui enjoignant sous la torture d’accuser faussement de meurtres civils, des soldats sénégalais de l’Armée française. Il choisissait la mort plutôt que le déshonneur...

...La même nuit, le démocrate-chrétien Edmont Michelet rédigeait un appel à la lutte. De même le communiste Charles Tillon qui enjambait le diktat de Moscou, appelait dans un tract à refuser la défaite. La même nuit, Charles De Gaulle rédigeait l’appel historique qui sera, depuis Londres radiodiffusé le 18 juin. Isolés, dans leur diversité, ces patriotes écrivaient les premières lignes de la Résistance...

...Notre admiration va grandissante à ces résistants de la première heure qui ne se laissèrent pas abattre alors que l’Etat français et ses dirigeants se soumettaient...dans une France coupée en deux dotée d’un gouvernement collaborant avec l’ennemi, d’un peuple sidéré faisant massivement confiance à un vieux maréchal réactionnaire...

...Jean Moulin, suspect, révoqué par le gouvernement de Vichy, devait entrer en résistance en novembre 40. Il décida de se consacrer au recensement méthodique de toutes les forces émergentes de résistance et d’en informer Charles De Gaulle, jetant les premiers ponts indispensables enttre la résistance intérieure et la France libre.

Cette réunion du 27 mai 43 à Paris est l’aboutissement de ce travail laborieux et dangereux.

Un mouvement historique et politique majeur

...Et de portée considérable : toutes les forces de résistance jusque là dispersées, parfois opposées, au mieux concurrentes, vont désormais être coordonnées. Avant le 27 mai 43 il y avait des résistance, après il y aura LA Résistance...Il était légitime que l’anniversaire de cette dat devienne Journée nationale de la Résistance...

Comme il était légitime que le 27 mai nous rendions hommage aux résistants toulonnais et varois qui, à l’initiative de Frank Arnal et d’Henri Sarie se réunirent à l’Escaillon, chez le Dr Lagier et créerent le comité départemental de libération, un mois avant la réunion fameuse de Jean Moulin et de ses compagnons...Notre ville et notre département peuvent en être fiers !

La constitution du CNR conduira, dix mois plus tard, à l’élaboration du programme du CNR, dont les orientations innovantes mais mesurées, prolongeant les aspirations des Françaises et des Français exprimées au cours des années 30, mises en oeuvre par le Front populaire, firent tant, durant plus d’un demi-siècle pour l’amélioration spectaculaire de notre qualité de vie et de la lutte contre la pauvreté...

Présidé par le Général De Gaulle, le CNT va permettre au chef de la France libre de s’affirmer comme seul représentant de la France commbattante sur tous les théâtres d’opération. C’est avant tout une formidable victoire politique au sens noble du terme, qui assurera le 8 mai 45, la présence française parmi les vainqueurs de l’Allemagne nazie et ce n’est pas un détail...

Charles De Gaulle avait trouvé en Jean Moulin un serviteur surdoué de la République, capable de ce miracle : rassembler ces Français, combattants de l’ombre, au passé , aux idéologies, à l’appartenance de classes sociales différentes, le plus souvent aux ambitions antagonistes autour d’un impérieux consensus : gagner la guerre, rétablir la démocratie et la République, châtier les traitres et les colaborateurs, réfléchir aux mesures de justice sociale à instituer dès la mise en place d’un gouvernement provisoires.

Nous avons la charge sacrée d’honorer la mémoire de ces combattants volontaires, d’entretenir cet esprit intemporel qui nous fait résister aux forces ou au idéologies qui porteraient atteintes à nos libertés à l’intégrité de notre territoires, à nos concitoyens aliénant les les plus faibles. Cet esprit qui nous fait soutenir la résistance héroïques du peuple ukrainien aux avant postes des démocraties.

La partie n’est jamais gagnée. Les forces nuisibles, les ambitions des oppresseurs et des exploiteurs, les tentations autoritaires, alimentées par des populismes raccoleurs sont toujours prêtes à profiter de nos faiblesses, de nos renoncements , de nos querelles et souvent de nos lâchetés.

Résister c’est rester debout, l’esprit de résistance c’est la colonne vertébrale des citoyennes et des citoyens actifs et responsables attachés à notre République.
Il n’en manque pas, y compris dans notre jeunesse...

Le 27 mai est avant tout, une fête de l’espoir et de la fraternité..."

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"Le préfet du Var a lu, ensuite, la lettre de la secrétaire d’Etat aux anciens combattants, avant les dépôts de gerbes et l’hymne national.

Puis, les autorités se sont inclinées devant la plaque de Gabriel Péri, né à Toulon, dont le square porte le nom, député communiste, journaliste à l’Humanité, symbole de la Résistance, fusillé au Mont Valérien par l’occupant allemand le 15 décembre 1941.

La journée de la Résistance s’est prolongée en fin d’après-midi au théâtre Liberté pour une soirée "Résistance par l’image", en présence du Pr. Jean-Marie Guillon, agrégé d’histoire, spécialiste de celle de la Résistance française." - René FREDON.


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