le nouveau centre pénitentiaire de Toulon - La Farlède


article de la rubrique prisons > Toulon - La Farlède
date de publication : jeudi 10 juin 2004
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Présentation et inauguration du centre pénitentiaire

dossier de Alain PRAT et Fred DUMAS [ Var-Matin, mercredi 21 avril 2004 ]


Vu de l’extérieur, cela ressemble à un immense oiseau, venu d’un autre monde, qui a posé ses ailes grises sur une terre fertile qui sent le bon cru.

Vu de l’intérieur, l’architecture [1] impose ses qualités d’espace, de lumières naturelle et artificielle. La nef d’entrée, avec patios, donne le ton d’un accueil chaleureux, on pourrait y accrocher des tableaux aux cimaises. Mais la réalité est tout autre, ne rêvons pas, il s’agit d’une prison, d’un centre de détention, où l’on vient payer sa dette à la société.

Cette visite inaugurale conduite hier [le 20 avril 2004] par le ministre de la Justice, M. Dominique Perben, s’inscrit dans le cadre du programme 4000 (places). Le garde des Sceaux a voulu la modernisation du parc pénitentiaire, avec cette requête : que les conditions de détention soient dignes et humaines. Avec le centre de Toulon-La Farlède, l’objectif est atteint.

L’architecture de l’établissement contribue à l’humanisation des conditions de vie et de travail en détention. Près de 600 détenus seront appelés, d’ici la fin de l’année, à devenir les locataires pour des durées plus ou moins longues, selon qu’il s’agit de personnes détenues provisoirement, dans l’attente de leur jugement ou d’autres dont les condamnations sont devenues définitives.

Il y a trois bâtiments distincts : le centre de détention (192 places) et deux maisons d’arrêts de 180 places. Il faut ajouter, dans le bâtiment de la nef, un quartier pour 14 " arrivants ", des personnes placées sous écrou, 19 cellules pour les mineurs, 10 cellules pour le quartier d’isolement et 10 autres pour le quartier disciplinaire. Les cellules individuelles (10 m2) disposent d’un espace sanitaire avec douche, tout comme les cellules doubles (13 m2).

L’aspect sécurité n’a pas été négligé, avec un équipement dernier standard comprenant une protection périmétrique performante (double enceinte, dispositifs de détection, équipements d’alarme). A cela s’ajoutent la vidéo avec 60 caméras infrarouges, des barrières hyper fréquence, la détection de volumes sur les façades 24 heures sur 24. Toutes les cours de promenade et le terrain de sport sont dotés des filets anti-évasion.

Le personnel pénitentiaire n’a pas été oublié. Une attention particulière a été portée à l’ergonomie des postes de travail. M. Perben, après avoir remis la clé " symbolique " de la prison à son directeur, M. Jean-Philippe Mayol a enfin rappelé qu’il veut mettre dès maintenant en place un dispositif d’accroissement des capacités de détention, et surtout améliorer les conditions de vie en détention pour ceux qui la subissent et ceux qui y travaillent.

Avant la très officielle remise des clefs, le ministre a fait le tour des lieux, accompagné du ministre délégué aux Personnes Agées, Hubert Falco, et du préfet du Var.

" Avec cette prison, notre objectif était d’améliorer les conditions de détention pour les uns et les conditions de travail pour les autres. Je pense que nous avons réussi. Toulon-La Farlède est un exemple de la modernisation du parc pénitentiaire ", a-t-il déclaré.

Parloirs, cellules, cours de promenade et même terrain de football, le ministre a visité, un à un, tous les " espaces à vivre " de l’établissement.

Améliorer les liens entre détenus et familles

Au détour d’un bâtiment, il s’est même engouffré dans une pièce relativement exiguë, attiré par la présence de canapés neufs. " Il s’agit d’une UVF : unité de vie familiale ", a expliqué un représentant de l’administration. " C’est ici que certains détenus pourront rencontrer leurs proches, mais rien n’a encore été programmé ". Un parloir plus intime et plus décent que les cellules bis habituelles ? " Non, c’est autre chose. Nous avons réfléchi à de nouvelles manières d’améliorer le lien entre détenus et familles ".

" Avec 600 places disponibles, nous allons augmenter de 10 % la capacité d’accueil dans la région ", a reprisDominique Perben. Cela sera-t-il suffisant ? Rien n’est moins sûr ... D’autant que le quartier pour mineurs ne compte que vingt places et qu’aucun quartier pour femmes n’a été prévu ... Mais chaque détenu bénéficiera d’une cellule individuelle, avec douche et TV. Certains pourront même cantiner un ordinateur. C’est prévu.

Partout, les murs intérieurs sont blanc cassé et les couloirs gris clair. Le bleu est prédominant dans les salles communes. " Nous avons souhaité créer des ambiances... Humaniser le lieu en offrant davantage d’espace ", signale l’architecte. Du jazz s’échappe même des hauts parleurs. En misant sur le " développement des activités " et en " facilitant la pratique d’un culte à l’intérieur de la prison ", les pouvoirs publics entendent aussi désacraliser l’endroit pour mieux lutter contre les suicides et toutes les détresses. Le ministre a voulu résumer cette idée en une phrase : " protéger les plus faibles contre la loi du plus fort ". " On verra à l’usage dès cet été ", observait - prudent - un membre du personnel.

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Communiqué de presse de la section de Toulon de la LDH

Le Ministre de la Justice, Dominique Perben, vient à Toulon mardi 20 avril 2004, afin d’inaugurer le nouvel établissement pénitentiaire de Toulon - La Farlède. Ce nouveau centre pénitentiaire remplacera la Maison d’arrêt Saint-Roch, prison vétuste, souvent montrée du doigt par les observateurs ; elle détenait le record de France pour le taux d’occupation : 340 détenus pour une capacité théorique de 144 places - un taux de 230 % !

Le nouvel établissement est présenté comme une « prison à visage humain ». Nous profitons de l’occasion pour rappeler qu’un condamné subit une peine de privation de sa liberté, mais ne doit pas se voir privé de ses droits d’être humain.

Le nouveau centre devrait accueillir 600 détenus. Mais combien de personnes recevra-t-il effectivement [2] ? La question se pose si on observe l’inquiétante progression du nombre des détenus en France : en 4 ans, il est passé de 51 700 à 62 500 (soit + 21%), alors que les prisons françaises ne disposent que de 48 572 places.

En fait la construction de nouvelles places amène toujours plus de détenus, sans résoudre le problème de surpopulation.

Cette augmentation importante du nombre des détenus a plusieurs causes et notamment : le recours trop fréquent à la détention provisoire (35 à 40 % des détenus sont dans l’attente d’un jugement), l’incarcération de personnes qui n’ont rien à faire en prison - des "sans-papiers", des consommateurs de drogues douces, des jeunes délinquants qui pourraient bénéficier de peines de substitution, des personnes souffrant de troubles psychiatriques ...

Depuis deux ans, le gouvernement a développé une politique répressive, faisant de la sécurité l’un des axes majeurs de son action. Tout se passe comme si la Justice avait pour fonction de pallier l’incapacité de la société d’établir une véritable égalité et la justice sociale.

Pour la Ligue des droits de l’Homme, la solution au problème des prisons passe par l’abandon de la politique répressive actuelle et par la lutte contre les inégalités profondes de notre société.

Toulon, le 19 avril 2004

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Dominique Perben a annoncé la mise en place d’un "dispositif d’accroissement des capacités de détention" en France lors d’une visite, mardi, du centre pénitentiaire de La Farlède, près de Toulon (Var).

[ mardi 20 avril 2004 - Reuters - 21:11 ]

"Il faut permettre une meilleure prise en charge des détenus. La nécessité en est trop grande et les attentes trop fortes pour qu’on la diffère encore plusieurs années", a déclaré le ministre de la Justice. "J’ai donc demandé au directeur de l’administration pénitentiaire de mettre dès maintenant en place un dispositif d’accroissement des capacités de détention", a-t-il ajouté [3].

Dominique Perben a estimé que la forte augmentation du nombre de détenus constatée en mars ne résultait pas du nombre des détentions provisoires mais d’une augmentation des détenus purgeant leur peine. "Nous venons enfin de passer en dessous du seuil de 30% de peines non exécutées pour celles prononcées depuis 18 mois. La non exécution des peines a beaucoup concouru au sentiment d’insécurité, il faut y mettre un terme", a-t-il dit.

Dominique Perben a également insisté sur les qualités en matière de sécurité de l’établissement de La Farlède, qui doit accueillir ses premiers détenus le dernier week-end de juin. Le centre dispose d’un système « anti-grappins » sur les toits inclinés, d’une soixantaine de caméras de surveillance, de filets tendus sur les cours de promenade et un mur d’enceinte doublement sécurisé. "Après la construction, il y a toujours des adaptations à apporter pour tenir compte des plus récentes évasions. Nous allons par exemple améliorer la sécurité des cours intérieures", a-t-il expliqué.

Le ministre, qui a rencontré une délégation de responsables syndicaux, a enfin confirmé le rythme de 2.000 embauches par an dans la pénitentiaire. "Pour les prochains concours d’admission, nous avons enregistré 40.000 demandes d’inscription", a-t-il déclaré.

Dominique Perben est venu dans le Var recevoir symboliquement les clés du centre pénitentiaire de la Farlède, qui doit reçevoir 600 détenus, dont les 340 de la prison Saint-Roch de Toulon, jugée "trop vétuste". Transformée en centre pour détenus en demi-détention, l’actuelle prison toulonnaise doit définitivement fermer avant la fin 2006 pour laisser la place à un vaste programme qui prévoit notamment la création d’une cité judiciaire et l’extension du tribunal de grande instance.

La Farlède est pour sa part l’un des quatre établissements pénitentiaires sur une série de six en voie d’achèvement d’ici à la fin 2004. Il s’inscrit dans la loi du 6 janvier 1995 qui prévoit la construction de 4.000 places de détention pour un coût global de 290 millions d’euros. La construction de la future prison varoise a pour sa part coûté 60 millions d’euros pour une capacité de 597 places de détention.

Parallèlement à l’achèvement de ce programme, 13.200 places de détention sont prévus par la loi d’orientation et de programmation pour la justice, dont 400 destinées aux mineurs, par la construction de 18 établissements pénitentiaires, de deux maisons centrales et de sept établissements pour mineurs.

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Crédits photographiques : Ministère de la Justice

Notes

[1L’architecte est M. Alain Bretagnolle d’Architecture Studio Paris.

[2Le taux d’occupation à la Farlède ne devrait pas dépasser 120 %. En effet, comme pour tout établissement gestion ou capitaux privés, il y a une clause de pénalité financières lorsque ce taux fatidique est dépassé ! Le centre pénitentiaire devrait donc pouvoir recevoir jusqu’à 720 détenus.
Le journal La Marseilllaise, dans son édition du 21 avril, signalait que des lits-gigognes commencent à être installés dans des cellules prévues pour une seule personne.

[3Le discours du ministre peut être consulté sur le site internet du ministère de la Justice.


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