nouveau suicide d’un détenu au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède


article communiqué de la section de Toulon de la LDH  de la rubrique prisons > Toulon - La Farlède
date de publication : mardi 23 février 2010
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C’est le huitième suicide d’un détenu au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, depuis son ouverture en 2004.

D’après l’association Ban public, depuis le 1er janvier 2010,
le nombre de suicides et morts suspectes dans les prisons françaises s’élèverait déjà à 18 – il y en a eu 139 au cours de l’année 2009. En France, le taux de suicides des détenus est 5 à 6 fois plus élevé que celui des hommes âgés de 15 à 59 ans. Certes, la prison héberge des personnes psychologiquement vulnérables, mais il reste à expliquer pourquoi le taux de suicides est en France plus élevé que dans les pays voisins.


Communiqué de la section de Toulon de la LDH

Après le nouveau suicide à la prison de La Farlède, la LDH demande aux parlementaires d’exercer leur droit de visite

Ce samedi 20 février, un nouveau détenu a été retrouvé mort dans sa cellule au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède.
Pour la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme, la responsabilité de ce nouveau drame, le huitième depuis l’ouverture de l’établissement en 2004, incombe à la politique pénitentiaire qui conduit la France à connaître un des taux de suicide les plus élevés en Europe occidentale.
Pour la LDH, il importe maintenant d’affronter les problèmes de fond de la prison française que cette situation révèle.

La surpopulation carcérale – la prison de La Farlède compte 700 détenus pour une capacité de 598 places – rend difficile la vie des détenus et le travail des professionnels.
L’accès aux soins des détenus (et notamment leur prise en charge psychiatrique) est notoirement insuffisant [1].
Il est de la responsabilité des autorités pénitentiaires de veiller au respect des droits des détenus qui sont trop souvent bafoués au nom d’objectifs sécuritaires.

La loi accorde aux parlementaires un droit de visite dans les établissements pénitentiaires, ce qui permet un contrôle effectif, démocratique et nécessaire de l’institution carcérale.
En 2004, le sénateur Robert Bret avait répondu à notre sollicitation en acceptant de visiter le centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède.

Aujourd’hui, nous adressons un nouveau appel aux parlementaires varois en leur demandant de visiter la prison de Toulon-La Farlède.

Toulon, le 23 février 2010

Centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède (photo Var-matin)


Un détenu se tranche la gorge avec une lame de rasoir

[d’après Var-matin le 21 février 2010]


Un détenu du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède a été retrouvé mort hier matin dans sa cellule. La victime, un Marocain âgé de 47 ans, avait la gorge tranchée par une lame de rasoir. [...] Mis en examen pour tentative de meurtre, il était arrivé dans la prison varoise il y a trois mois. Le parquet de Toulon a diligenté une enquête pour recherche des causes de la mort.

En novembre 2004, après la visite du centre pénitentiaire, l’ex-sénateur communiste Robert Bret (Bouches-du-Rhône) avait évoqué « une impression de dureté » et regretté « le manque oppressant de toute présence humaine » lié aux dispositifs de sécurité sophistiqués [2].

Des mesures de précautions pour éviter les suicides en prison avaient été lancées l’été dernier par la Chancellerie, à destination des détenus fragiles. Mais l’homme retrouvé hier à La Farlède ne présentait aucun signe avant-coureur, indique une source judiciaire. Il ne faisait donc pas l’objet d’une surveillance particulière.



Parmi les suicides et décès suspects à la prison de Toulon-La Farlède

- 19 sept 2009 : 5 jours après son incarcération, un ressortissant roumain, âgé d’une trentaine d’années, est retrouvé inanimé à 5 h du matin par l’un des détenus qui partageaient sa cellule ; il se serait pendu à l’aide d’un drap.

- 2 février 2009 : un homme de 68 ans, suspecté d’avoir tué sa tante à la Londe, se tue, par pendaison à l’aide d’un drap, quelque temps après son incarcération.

- 14 octobre 2008 : un homme détenu de 23 ans, qui purgeait une peine de huit mois de prison est retrouvé mort dans sa cellule suite à une « régurgitation massive » [3].

- 7 mai 2005 : B. M., 38 ans, se donne la mort en se pendant à une patère de la cellule qu’il était seul à occuper au quartier des arrivants. Récidiviste, il avait été inculpé la veille pour violences conjugales. (Lire la suite.)

- 17 mars 2005 - Décès de M.A., 42 ans, après ingestion de médicaments.

- 12 novembre 2004 : S., jeune détenu de 21-22 ans, se pend à un porte-manteau dans sa cellule du quartier des arrivants. Il s’était auto-mutilé quelques jours auparavant. Transféré à l’hôpital, on l’avait ramené trois jours plus tard. Le lendemain, il se pendait. Son père venait de décéder il y a un mois.

La "sur-suicidité" du milieu carcéral

Dans une étude récente [4], quatre chercheurs montrent que la tendance à la hausse du suicide en prison ne se retrouve pas à l’échelle de l’ensemble de la population française ; c’est donc une spécificité de l’univers carcéral. Les suicides interviennent en majorité en début de détention et concernent deux fois plus les prévenus que les condamnés.
Ils notent également que la France a le niveau de suicide en prison le plus élevé de l’Europe des Quinze.

Notes

[1Référence : « Prisons : la vérité sur la santé des détenus », avec les professeurs Marc Gentilini et Jean-Pierre Olié, 13 novembre 2008, http://www.canalacademie.com/Prison....

[4Etude publiée dans la revue de l’INED Population & Sociétés n° 462, décembre 2009


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