l’ancienne prison de Toulon reprend du service


article de la rubrique prisons > Toulon - La Farlède
date de publication : dimanche 1er mai 2005
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L’agglomération toulonnaise ne cesse de se développer.

Un signe parmi d’autres : la population carcérale a plus que doublé en un an (passant de moins de 350 détenus à près de 800 aujourd’hui).

Comment faire face et loger ce petit monde turbulent ? L’administration pénitentiaire, toujours inventive, a eu l’idée véritablement originale de rouvrir - sans tambour ni trompette - l’ancienne prison.

[Première mis en ligne : le 27 avril 2005,
mise à jour, le 1er mai 2005.]


Depuis un an, Toulon possède un établissement pénitentiaire up to date à La Farlède.

Cette "prison à visage humain" a été solennellement inaugurée le 20 avril 2004 par Dominique Perben en personne.

Le 28 juin 2004, l’ancienne et vétuste Maison d’arrêt Saint-Roch était vidée de ses 350 détenus qui étaient transférés à La Farlède.

Un an plus tard, où en est-on ?

1. Le centre pénitentiaire flambant neuf de La Farlède, prévu pour 600 détenus, est maintenant saturé avec 720 prisonniers.

2. Une pétition circule parmi les familles des détenus déplorant la rigidité de l’application des règlements et la sévérité des décisions du JAP. [1]

3. L’ancien établissement Saint-Roch [2] a repris subrepticement du service - sans inauguration ! Le 26 avril dernier, une soixantaine de détenus de la Maison d’Arrêt en fin de peine (moins de trois mois) s’y trouvaient "hébergés". [3]

Des questions viennent immédiatement à l’esprit :

• qu’est-il prévu sur le plan du médical à Saint-Roch ?

• quel est l’accompagnement social ?

• quelle préparation à la sortie ?

etc ...

Cette nouvelle vocation de la prison Saint-Roch n’a paraît-il rien à voir avec les nouveaux projets de prisons-light du ministre de la Justice ...

Dominique Perben va présenter la prison allégée pour "les courtes peines"

Le Monde - 26.04.05

Le ministre de la justice, Dominique Perben, présentera son projet de construction de quartiers pénitentiaires pour "courtes peines", sorte de prison allégée où certains détenus bénéficieront d’un programme éducatif renforcé, dispensé en dehors de la prison classique, où prime d’abord la sécurité.

Par "courtes peines", les services de la justice désignent les condamnations à moins d’un an de prison, exécutées, à l’heure actuelle, dans les maisons d’arrêt. Au 1er avril 2005, sur les 59 300 détenus recensés dans les prisons françaises, 12 000 purgent une peine inférieure ou égale à un an.

Dans ces maisons d’arrêt, sont détenues également les personnes en attente d’un jugement. Or ces établissements sont les plus surpeuplés, les moins bien dotés en terme d’accès au travail, à l’éducation, aux soins psychologiques.

2 000 PLACES PRÉVUES

Prévu dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation pour la justice de septembre 2002, ce concept qui sera présenté par le garde des sceaux, mercredi 27 avril, devrait voir le jour en avril 2007.

2 000 places sont prévues autour de trois sites pilotes : Seysses (Haute-Garonne), Fleury-Mérogis (Essonne) et Strasbourg, selon la chancellerie.

Le ministre veut faire construire des bâtiments de 120, 60 ou 30 places, exclusivement dédiés à des courts séjours de 1 à 6 semaines pour des détenus dûment sélectionnés par les chefs d’établissement. Ces sites resteront dotés de surveillants et de caméras vidéo mais dans un cadre moins strict que dans la maison d’arrêt.

PROGRAMMES ÉDUCATIFS

Les détenus alterneront encellulement individuel et vie collective et s’engageront à suivre un ou plusieurs programmes éducatifs renforcés, axés sur la citoyenneté. En cas d’échec du séjour, le chef d’établissement pourra renvoyer le détenu dans la maison d’arrêt classique. En cas de réussite, le juge d’application des peines pourra décider d’un aménagement de sa fin de peine (libération conditionnelle, semi-liberté, bracelet électronique...).

Face au développement de certains types de délinquance, la chancellerie prévoit de mettre en place, dans ces nouvelles structures, des "programmes prioritaires" autour de certains thèmes comme les violences familiales, les violences routières, les discriminations (racisme, antisémitisme) ou la délinquance liée aux addictions.

Avec AFP

P.-S.

L’Union régionale PACA-Corse CGT Pénitentiaire confirme le constat d’échec. Voici l’essentiel de son communiqué de presse du 28 avril 2005 :

Alors que la loi PERBEN était annoncée comme LA LOI qui allait vider les prisons, le constat d’échec est accablant : le nombre des détenus dans la Région Pénitentiaire PACA-CORSE est passé de 6 881 au premier Janvier 2005 à 7 261 au premier Avril 2005 ; ils se "partagent" 6 210 places tous secteurs confondus.

Avec 134 % de taux de remplissage pour le CP de La Farlède (137 % pour le CP du Pontet), même les nouvelles constructions sont obligées de « pousser le murs ».
Enfin, et dans le but de limiter les dégâts, l’administration Pénitentiaire remet en service l’ex Maison d’Arrêt de Saint-Roch.

Cette montée en charge démontre une fois de plus l’inefficacité de la loi PERBEN ...

Jusqu’ou irons nous, dans la dégradation des conditions de travail et de détention ?

Alors que, de gadgets en effets d’annonces, le Ministre et l’administration ne cessent de s’auto-féliciter, derrière les murs des prisons surpeuplées, qualifiées il y a peu de honte de la République, chaque jour la situation se dégrade, les personnels en nombre insuffisants assument leur mission... dans des conditions de plus en plus difficiles.

Notes

[1A la date du 30 avril, la pétition aurait reçu près d’une centaine de signatures.

[2La prison Saint-Roch avait fait l’objet en juin 2003 d’un rapport très sévère du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT). Les observations du CPT ont-elles été prises en compte ?

[3Depuis que la quasi totalité des détenus a été transférée à La Farlède, la vétuste maison d’arrêt est devenue un centre de semi-liberté.
Elle le restera jusqu’à fin 2006. A cette date, le terrain sera disponible pour la construction d’une "cité judiciaire."


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