quand la prison dit comment va (mal) notre société


article de la rubrique prisons > Toulon - La Farlède
date de publication : mardi 8 février 2022
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Mme Simonnot alerte une nouvelle fois sur les conditions d’incarcération en France au moment même où nous sollicitons les parlementaires suite aux problèmes graves à la prison de la Farlède.


(Article La Provence, décembre 2021)

La Farlède : Un détenu, âgé d’une vingtaine d’années, a été découvert mort dans sa cellule dimanche matin 17 janvier 2022. Les circonstances de son décès sont pour l’instant inconnues. La LDH Toulon-La Seyne a interpellé, par deux fois, les député.e.es du Var ; dans l’immédiat, aucune réponse ...

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Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté :

« Parlementaires, magistrats, vous qui en avez le droit, allez visiter nos prisons »

TRIBUNE PUBLIEE DANS LE MONDE DU 07 02 2022

Dominique Simonnot - Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté - Alertant une nouvelle fois sur les conditions d’incarcération en France, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté invite législateurs et juges à se confronter à la réalité des établissements pénitentiaires et à adopter les solutions qui s’imposent.

Entrez dans les prisons ! Venez découvrir les colonnes de cafards qui cavalent en rangs serrés et les rats qui grignotent dans la cour ! Voyez ces trois hommes dans 4,30 mètres carrés d’espace vital qui montent la télé à fond quand l’un d’eux va aux toilettes. Ecoutez ce que me dit celui-ci : « Je suis dans un trou qui s’appelle une prison, à trois dans une cage pour un. Ils nous ont mis un gamin de 22 ans qui fait crise d’épilepsie sur crise d’épilepsie. On le relève quatre fois par nuit et, à chaque crise, il s’arrête de respirer, on croit qu’il va mourir à côté de nous. »

Et celui-là : « J’ai 79 ans et jamais je n’aurais pensé terminer ma vie dans de telles conditions. C’est une ambiance létale. La cellule en dessous de moi, il y a un aveugle, l’autre nuit, il a voulu aller aux toilettes, il est tombé du lit. Il n’a été relevé qu’à 7 heures du matin. » Entendez cet autre qui a fini par percer lui-même l’abcès dentaire dont il souffrait depuis des jours. Impossible de voir un dentiste. Trop longue liste d’attente, trop peu de véhicules d’extraction médicale.

Venez, écoutez les surveillants, les directeurs pénitentiaires dire leur colère, leur désespoir. Vous décrire leurs tâches rendues folles par la folie des cellules qui débordent. Ils vous diront avoir débuté il y a une quinzaine d’années à un surveillant pour 53 détenus, et être passés à un pour 150… Rassurez-les, dites-leur qu’il est normal que leur tâche ait triplé.

Quelque 1 600 détenus à même le sol ... (...)

Atteinte à l’ensemble des droits fondamentaux

De fait, la surpopulation affecte l’ensemble des droits fondamentaux et surtout la réinsertion, puisque les conditions d’une détention influent forcément sur les comportements à la sortie. Les parloirs réduits se déroulent dans des conditions drastiques. L’accès à la formation, à l’enseignement, au travail est restreint. Trop de monde ! Et l’administration pénitentiaire ne peut afficher « complet ».

Des solutions existent ! Elles ont pour noms régulation carcérale et aménagements de peine, qui permettent d’accorder les incarcérations prononcées au vrai nombre de places, sous le contrôle des magistrats." (A lire dans Le Monde du 7/02/2022)


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