Plus de quatre-vingt personnes sont venues former le vingt-deuxième Cercle de silence à Toulon, le 25 septembre 2010 – un cercle que des militants d’extrême droite ont tenté de perturber.
Nous continuerons à dénoncer de façon non-violente les règlements souvent inhumains réservés aux migrants du seul fait que leurs « papiers » ne sont pas en règle, et à manifester ainsi notre solidarité avec eux.
Le prochain Cercle se reformera sur la Place de la Liberté, samedi 23 octobre 2010 de 11h30 à 12h30.
Sans papiers, la dignité en partage
par Jean-François Sicurani, La Marseillaise du 27 septembre 2010
Militants des droits de l’Homme et citoyens ont reconduit le désormais rituel rendez-vous du Cercle de silence samedi à Toulon.
Samedi 25 septembre, onze heures et des poussières, place de la Liberté.
Là où on a quitté jeudi les salariés qui portaient un toast aux fruits de la lutte à l’espace CGT après la puissante manifestation contre la réforme des retraites, on retrouve avec exactitude hommes et femmes de conscience engagés dans un autre combat : dénoncer « les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu’ils n’ont pas de papiers en règle ».Membres de la très active section toulonnaise de la Ligue des droits de l’Homme, enseignants réunis au sein du réseau Education sans frontières, citoyens venus à titre individuel, tous ont réaffirmé leur opposition fondamentale à la politique du gouvernement français en matière d’immigration et à ses graves manquements au droit. Comme chaque quatrième samedi du mois depuis longtemps déjà, le Cercle du silence oppose à la brutalité calme et détermination et à l’oubli la conscience. Luther King, les sit-in dans les campus contre la guerre du Vietnam, le bed-in de John et Yoko à Amsterdam, la marche du sel de Gandhi et pour tout dire une certaine foi encore actuelle, entre Sangatte et Roissy, en une contestation pacifique mais non moins résolue. A la clé, des exigences.
« Nous n’acceptons pas que soient prises en notre nom des dispositions qui brisent des vies humaines et font voler en éclats des couples et des familles, nous refusons les interpellations au faciès, l’enfermement d’hommes, de femmes, même d’enfants dans des centres de rétention administrative et leur expulsion, nous dénonçons les conditions de détention inhumaines et le zones d’attente des aéroports ».
De très longues minutes durant, chacun ici se recueille et adresse un message de solidarité aussi audible que le silence de la mer, aussi prégnant que l’ordre est sourd, qu’une goutte d’eau est une larme de trop.
Ne nous y trompons pas : pacifisme n’est pas docilité et les militants pour les droits humains n’avancent ni sans convictions ni sans quelques certitudes. La prochaine occasion de le vérifier nous sera donnée le lundi 18 octobre, 18h30 à la faculté de Droit de Toulon, avec une conférence donnée par Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris, membre du syndicat de la magistrature, sous l’intitulé « Le populisme pénal ou l’exploitation électoraliste des faits divers ».
Le cercle du silence fait face au FN
par Catherine Pontone, Var Matin le 26 septembre 2010
Comme chaque mois, plus d’une soixantaine de militants associatifs, étaient réunis, hier, en silence, place de la Liberté, pour « dénoncer les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu’ils n’ont pas de papiers en règle [...]. Et la contrainte de familles entières à vivre et à travailler dans la clandestinité et la peur. »
Et ceux-ci de s’élever, dans la foulée, contre « les conditions de détention dans les centres de rétention administrative ». Tout comme de s’inquiéter sur une énième refonte de la loi sur l’immigration, « réduisant le pouvoir du juge judiciaire, garant des libertés individuelles », relaie Elisabeth, de la Ligue des droits de l’homme.
Pacifistes face aux forces du maintien de l’ordre
À quelques mètres du « cercle », tenu à distance par un cordon de policiers, en tenue de maintien de l’ordre, des représentants du Front national, tour à tour, hurlent au mégaphone « leur désaccord aux associations qui manifestent leur soutien aux sans-papiers. » Des discours suivis de slogans repris en choeur par une cinquantaine de militants, couverts par la musique d’ambiance d’une journée festive consacrée par la ville à la jeunesse. Ambiance...
Si les militants FN ont voulu se rapprocher, sans succès, du cercle du silence, ce n’était pas « pour les empêcher de manifester », a expliqué Jean-Yves Waquet, responsable local du FN. Ni « pour dialoguer ». Simplement, pour mieux se faire entendre... En vain. Le commissaire principal, Dominique Nivaggioli, garant « de la paix publique » a maintenu avec ses hommes une certaine distance. Les représentants de jeunes frontistes ont donné de la voix pour s’élever contre l’immigration clandestine, et son coût, selon eux (« logements réservés, prestations sociales... »), pour la société.
« Provocatrice » cette contre-manif ? « Non ! », s’indignent les militants. « Pour nous, la provocation est de l’autre côté », martèle Jean-Yves Waquet. Cette « phobie de l’étranger est inadmissible et contraire à notre devise républicaine », réagira Jacques, militant de longue date auprès de la Ligue des droits de l’homme.
- Militants du Front national, venus tenter de perturber le Cercle de silence, à Toulon, le 25 septembre 2010 (photo Frank Muller).