des artistes quittent Fréjus


article de la rubrique extrême droite > Rachline, maire de Fréjus
date de publication : mercredi 18 novembre 2015
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David Rachline, sénateur-maire Front national de Fréjus, avait annoncé en juillet dernier son intention d’obliger les artistes qui bénéficient d’un atelier loué à prix modéré par la commune à travailler bénévolement pour celle-ci.
La riposte estr venue : une partie des artistes de Fréjus crée la « Fourmilière » et trouve refuge auprès de la Ville de Saint-Raphaël qui met à leur disposition un local. Explication.


Voir en ligne : Le Front national et les artistes

Les artistes quittent Fréjus et passent à l’Est

par Guillaume de Saint Vulfran, La Marseillaise, le 17 novembre 2015


La réponse du berger à la bergère ? En quelque sorte. Rendez-vous était fixé lundi matin dans la salle du conseil de l’Hôtel de ville de Saint-Raphaël. « Malgré les événements et la minute de silence en mémoire aux victimes des attentats, nous nous devions de maintenir l’initiative », explique Olivier Isselin, galeriste. On connaît l’homme : il était l’un des porte-parole, cet été, des artistes et artisans fréjusiens qui étaient tombés sous les foudres de la mairie FN.

« La Ville nous prenait en otage »

« Nous voyons aujourd’hui leur vrai visage : la municipalité m’a mis dehors en résiliant mon bail, juste parce que j’avais pris position contre la convention d’occupation des ateliers communaux. » L’affaire ? Sous prétexte de l’obligation d’assurer la garderie dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires sur leur temps de travail, « monsieur Rachline a mis en place une nouvelle convention liberticide » : « La Ville nous prenait en otage. »

Sans parler des insultes, du refus d’encourager la culture. « Quand on entend les propos de Marion Maréchal-Le Pen qui dit s’opposer aux subventions versées à l’art contemporain en cas de victoire aux Régionales, il y a de quoi s’inquiéter au regard de l’histoire », dénonce Olivier Isselin. La coupe était pleine. Certains artistes (des ateliers communaux, mais aussi privés), rejoints par d’autres, ont donc décidé de franchir le pas, et le Pédagal, et de quitter Fréjus.

Direction sa voisine, à l’Est : Saint-Raphaël. « Dès que nous avons appris leurs problèmes, nous leur avons proposé de les accueillir », souligne le député-maire LR Georges Ginesta, qui n’en demandait pas tant pour renforcer l’attractivité culturelle de sa ville (la culture représenterait quelque 11% du budget communal, selon les élus). Des rapports entre les maires FN et LR ? « Nous n’en avons aucun, hormis 2de siéger au sein de la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée. »

C’est ainsi que se monte le projet de la Fourmilière, lieu d’art dédié à la création (et pied-de-nez aux noms d’oiseaux de certains) qui va prendre place en face de la gare SNCF de la cité balnéaire. « Un lieu qui totalise 630 m² sur deux niveaux situé dans l’un des endroits les plus passants de la ville », souligne l’édile qui, pour l’occasion, ne s’est pas rendu à Versailles siéger au Congrès.

Après le Centre culturel (qui vient d’ailleurs de signer une convention de cinq ans avec le FRAC Paca, explique Guillaume Decard, adjoint à la Culture) et les premiers ateliers d’artistes de la rue Safranier, la commune compte ainsi rénover les anciens locaux de la centrale de réservation de l’Office du tourisme et l’actuelle salle d’exposition Hugues Alberge : « Un espace gigantesque que l’on va restructurer et ouvrir sur l’extérieur, tout en le remettant aux normes, où la quinzaine d’artistes va pouvoir travailler, exposer et faire une école », explique l’architecte Gérard Allibert.

Ouverture du lieu l’an prochain

Coût de l’opération : 300 000 euros. « Il n’y aura pas de régime de faveur. L’association la Fourmilière va signer une convention d’occupation contre un loyer. Ensuite, les contraintes et l’art ne font pas bon ménage. Il faut laisser la plus grande liberté aux artistes », prévient Georges Ginesta. Sage décision...

« C’est l’association qui va ensuite passer une convention avec chaque artiste qui occupera un atelier pour cadrer les règles à respecter », précise Olivier Isselin, président de l’association. L’esprit du projet ? « A la fois espace de création pour les artistes et lieu de rencontre entre l’art et le grand public, la Fourmilière a pour vocation de favoriser et diffuser la connaissance et la pratique de l’art. Elle organise des expositions, des actions de sensibilisation, conçoit et développe une école destinée à faciliter l’accès à l’art pour tous. Au départ ce sera sous la forme de stages pour les enfants et les adultes pendant les vacances.

Chaque artiste pourra y enseigner selon sa volonté et ses possibilités. Et, à partir de septembre, durant toute l’année. La Fourmilière veut permettre à de nouveaux publics de rencontrer l’art de leur temps », poursuit Olivier Isselin. En espérant que les travaux soient livrés à la fin du printemps.

Plus de la moitié des artistes s’en vont

Les petits plus ? La mise en place d’un M.U.R (pour Modulable, urbain et réactif, comme à Bordeaux ou Paris), investi tous les deux mois par un nouvel artiste urbain, ou encore d’une boutique (il faut bien vivre !). De son côté, l’ancienne association fréjusienne Lastrada poursuit ses activités, après avoir changé ses statuts en s’ouvrant à tous les métiers d’arts au-delà du seul département du Var.

Qui reste à Fréjus ? « Contrairement à ce que dit le maire FN, il n’y a pas 95% des artistes qui ont signé la nouvelle convention. Plus de la moitié partent, vont partir ou dénoncer la nouvelle convention. » Comme si tout avait été fait pour les mettre dehors.

G. DE SAINT VUlFRAN


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