Philippe Lottiaux,de Balkany à Marine Le Pen

Philippe Lottiaux, Sciences-Po, ENA, a été, de 2001 à 2011, directeur général des services du maire UMP de Levallois-Perret, Patrick Balkany. Ayant rejoint le Rassemblement Bleu Marine, il a conduit la liste RBM à Avignon aux dernières élections municipales.

Il a déclaré en décembre 2013, dans un entretien donné à Valeurs actuelles : « Aujourd’hui je suis bien décidé à m’installer durablement à Avignon pour m’y investir au profit de ses habitants. [1] »

Dans la même interview, il présentait son itinéraire politique :

« Je viens plutôt de la mouvance RPR. Et, comme beaucoup, je ne me retrouve plus dans l’UMP. Ce parti n’a qu’un leitmotiv : ‘le FN est contraire à nos valeurs’. C’est un peu court. Il va falloir qu’on m’explique quelles sont les valeurs des responsables de l’UMP, à part ‘comment être le mieux positionné pour 2017 ?’. Le RBM incarne un vrai changement, représente une dynamique, et ose parler sans langue de bois des problèmes qui concernent directement les Français. Et surtout il faut arrêter d’ostraciser plus de 25% de la population française. C’est insupportable ! Certains passent leur temps à nous donner des leçons de démocratie en faisant exactement le contraire… [1] »

Sans doute le directeur de cabinet du maire de Fréjus cherchera-t-il à compenser son échec à Avignon en mettant les idées du F.N. en pratique à Fréjus – tout en siégeant au Conseil municipal de la Cité des Papes.

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La vigilance citoyenne s’organise

En réaction à l’élection du maire du Front national à Fréjus, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) de Fréjus / Saint Raphaël a organisé vendredi 18 avril 2014, une première rencontre « pour réunir toutes les associations qui œuvrent pour la démocratie, l’égalité et le mieux vivre ensemble », afin d’organiser, sur le terrain et le plus largement possible, la vigilance concernant la nouvelle gestion qui s’annonce.

D’après Isabelle Le Buzulier la présidente de la section locale de la LDH, « il s’agirait, en quelque sorte, de créer un observatoire de la démocratie locale ». « Notre objectif par aiIleurs est de nous mettre en réseau avec des associations confrontées à la même situation dans d’autres villes conquises par l’extrême droite, afin de mutualiser nos efforts pour redonner espoir et fierté à nos concitoyens. » Des représentants du monde associatif de Cogolin étaient d’ailleurs déjà présents pour l’occasion, et les contacts avec celui du Luc devraient aboutir d’ici la prochaine rencontre. Cette dernière se tiendra à nouveau dans la Maison des associations de Fréjus le 9 mai à 18 heures. Cette initiative découle en partie des craintes de voir réduire les subventions à destination des acteurs culturels et sociaux.

Hasard du calendrier ?! Une autre réunion se tenait, ailleurs, au même moment pour fonder un « Forum républicain ». Celle-là était à l’initiative de quelques colistiers de la liste sans étiquette « Notre identité c’est Fréjus », conduite par la socialiste Elsa Di Méo lors du dernier scrutin. Pour mémoire, elle s’était retirée à l’issue du premier tour pour permettre l’éventuelle constitution d’un front républicain et contrer l’ascension du FN – option mise en échec par le maintien des deux candidat de droite, Elie Brun (maire sortant, ex-UMP) et Claude Mougins (UMP), qui ont ainsi livré la ville au Front national. Il a été procédé au cours de cette réunion à la désignation du bureau et des commissions de travail (au nombre de 8) : Elsa Di Méo a été nommée l’une des quatre porte-parole de ce « Forum républicain », dont la présidence se partage entre deux de ses ex-colistiers : Michel Delage et Marie-José De Azevedo. La prochaine réunion de ce Forum se tiendra le 25 mai et sera, selon Laurence Lopez la coordinatrice, l’occasion « d’établir l’architecture des groupes de travail et de passer à la phase opérationnelle et d’engager des actions ».

De I’intention à l’action

Depuis vendredi la ville de Fréjus est donc pourvue de deux appareils de veille citoyenne, l’un apolitique et l’autre construit par les ex-colistiers d’Elsa Di Méo. On pourrait se réjouir rapidement de cette abondance de bonne volonté qui ne peut pas nuire de prime abord. Cependant certains représentants d’associations ont dû se diviser pour assister aux deux réunions programmées en même temps... quand ils l’ont pu. Constat est donc fait qu’un manque de coordination peut atténuer considérablement la dynamique et épuiser le volontarisme. « Si on ne peut que saluer cette création du Forum républicain, il faut souligner le problème que leur réunion a été programmée en même temps que la nôtre », fait remarquer Isabelle Le Buzulier (LDH). Il faut donc espérer qu’à terme les actions des uns ne nuisent pas à celles des autres, et qu’elles soient menées en se complétant éventuellement. Daniel qui se qualifie de citoyen lambda, manifeste son espoir de concorde : « Il faut trouver une solution pour travailler ensemble et passer par-dessus les égocentrismes pour ne pas rejouer la pièce de ce qui s’est déjà joué de terrible entre les deux tours avec les deux candidats de droite... »

Entre les deux tours des élections, les membres de la Ligue des droits de l’Homme ont déjà mené une opération de sensibilisation auprès des fréjusiens en distribuant des fascicules « Ma ville, ma vie, je la veux.... ouverte, juste, fraternelle, libre, solidaire, démocratique, accueillante », ainsi qu’un dépliant « Extrême droite, fausses questions, mauvaises réponses ». Ce dernier continuera à être distribué pour passer au fil de la critique un certain nombre d’affirmations martelées par l’extrême droite. Dans la même veine, des citoyens ont proposé que soient organisées des projections du documentaire Mains brunes sur la ville qui décrypte la gestion d’une municipalité par le FN. De même que le film sur le thème du racisme La marche a été proposé... Au-delà des actions ayant pour but d’éveiller et de réveiller les consciences,
la Ligue des droits de l’Homme propose également que ses représentants assistent aux conseils municipaux pour réagir rapidement aux décisions. « La municipalité FN veut réduire les dépenses, il faudra savoir lesquelles, on observera le vote du budget et l’élaboration de la politique sociale et culturelle pour laquelle je crains le pire. C’est là-dessus que l’on restera vigilant » explique Isabelle Le
Buzelier qui souligne également que « le nouveau maire FN a retiré le drapeau européen de la mairie ; comme pour illustrer la
préférence nationale ou l’identité nationale ce qui représente un premier pas symbolique qui laisse présager l’application des idées du Front national. Un modéré du Front national ça n’existe pas, il ne faut pas se leurrer il va appliquer les idées du FN. »

D’autres pistes ont été présentées pour agir. Les représentants de la CGT, présents à cette réunion de l’observatoire, ont invité les participants à rejoindre le défilé du 1er mai pour s’exprimer. La LDH propose d’intégrer ceux qui le souhaitent dans sa liste de diffusion pour recevoir toute l’information et les actions qui seront menées par l’observatoire. « Nous restons également à l’écoute de tous ceux qui constateront des manquements démocratiques, et nous pourrons agir » explique encore la présidente.