dix actions pour accueillir dignement les réfugiés


article de la rubrique les étrangers > les migrants
date de publication : jeudi 15 février 2018
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Dans une tribune au « Monde », l’écrivain Jacques Attali et la députée LRM Bénédicte Peyrol proposent dix actions pour accueillir dignement les réfugiés.


 [1]

Ci-dessous, extraits de l’article paru dans LE MONDE | 06.02.2018.

"Tribune. L’accueil des exilés, qu’il faut bien distinguer des autres enjeux liés à l’immigration, mérite mieux que l’image qu’on en donne d’une simple gestion policière et de ses bavures, mieux que les invectives, les fantasmes et les jeux de rôles. Plus précisément, la politique de la France ne peut se résumer à la poursuite d’adolescents (...)

Une telle politique se décline, à notre sens, en dix actions, qui méritent d’être mises en œuvre simultanément (...)

1. Cette politique doit commencer par une pédagogie auprès des Français. Il est essentiel d’avoir un grand débat national sur notre rapport aux étrangers et à l’accueil. Il est urgent d’expliquer ce qu’est la France (...), la France, qui envoie elle-même des millions de ses enfants vivre dans d’autres pays, où elle trouve naturel qu’ils soient bien accueillis.

Il faut aussi expliquer que les exilés ne viennent en France que parce qu’ils sont obligés de quitter leur pays, devenu un enfer. Il faut aussi faire valoir ce qui marche bien : les centres d’accueil et d’orientation, les projets d’intégration tels que HOPE [acronyme du programme Hébergement, orientation, parcours vers l’emploi]. Et, enfin, il faut donner la parole à des réfugiés qui remercient la France et ne demandent qu’à lui rendre ses services. [2] (...)

2. A l’arrivée des exilés, une seule administration doit pouvoir analyser en une seule fois l’ensemble des statuts possibles (réfugié, protection subsidiaire ou autre catégorie de titre de séjour). C’est déjà le cas en théorie, mais, faute de moyens, cela reste très largement virtuel. Cela permettra de réduire les inégalités de traitement entre migrants, qui ne comprennent pas pourquoi certains obtiennent leurs papiers plus vite que d’autres, alors qu’ils ont autant, voire plus, souffert.

3. Il faut ensuite leur faire passer au plus vite un bilan de compétences et de besoins en matière d’intégration. Et en déduire un parcours, dans le dédale des multiples institutions et associations si compétentes et dévouées pour les servir.

4. Puis il faut les répartir sur les territoires, non selon des quotas, mais selon les besoins économiques et démographiques des villes et villages de France, dont beaucoup, plus qu’on ne le croit, sont prêts à les accueillir si on leur fournit la marche à suivre.

5. Il faut qu’un exilé puisse travailler dès qu’il a obtenu un premier document administratif, et non pas, comme aujourd’hui, neuf mois au moins après avoir déposé une demande d’asile (...)

6. Il faut multiplier les dispositifs d’apprentissage du français et de la culture française, et faire en sorte que les exilés commencent à apprendre notre langue dès leur arrivée (...).

7. Il faut organiser une prise en charge médicale, et en particulier psychiatrique, des réfugiés : beaucoup ont vécu de telles horreurs qu’aucune intégration n’est possible sans un tel passage.

8. Puis vient le moment de la décision. Ceux qui obtiennent le droit de rester en France doivent l’avoir au plus vite.

9. Pour ceux qui ne l’auront pas, et qui devront, en vertu de l’accord inique de Dublin, retourner dans le pays où ils sont arrivés, il faut leur fournir les moyens d’y réussir.(...)

10. Enfin, et surtout, il faut aider à un développement et une sécurité dans les pays dont ils viennent, pour qu’ils aient vraiment envie d’y retourner. Ils deviendront alors les meilleurs ambassadeurs de la France, qui les aura bien reçus.(...)

Une telle politique mérite d’être exposée clairement et menée lucidement. Les enjeux policiers ne sont plus alors qu’annexes et la France pourra continuer d’être fière de ce qu’elle est et des talents de toute nature qu’elle attire." [3]

Notes

[1Détail de l’oeuvre de l’artiste toulonnais Patrice Goux, offerte au collectif migrants 83

[2Lire aussi : Migrants : « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez ! »


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