comment faut-il vous le dire ?


article de la rubrique droits de l’Homme > les grandes déclarations
date de publication : mardi 7 avril 2020
version imprimable : imprimer


Les mesures gouvernementales afin de limiter le risque de propagation du covid-19, dans les prisons, ne sont "pas à la hauteur" de la crise.


"Depuis leur mise sous cloche il y a trois semaines, les prisons françaises ont 6.266 prisonniers en moins. Jugeant ce nombre "insuffisant", la contrôleure générale des lieux de privation et de liberté (CGLPL) réclame les libérations anticipées d’"au moins 7.000 détenus supplémentaires" pour éviter un désastre sanitaire.

QUESTION : Vous avez alerté le 17 mars la ministre de la Justice Nicole Belloubet de "l’urgence" d’une libération "massive" de détenus. Estimez-vous avoir été entendue ?

REPONSE : Il y avait 72.575 détenus le 16 mars pour quelque 61.000 places opérationnelles, mais en réalité ce sont plutôt 55.000 places qui sont utilisables. Ce niveau de surpopulation n’a jamais été atteint.
Dans les maisons d’arrêt, on dénombrait au 1er janvier 13.705 détenus en surnombre, qui partagent souvent à trois des cellules de 9 m2.
Ce sont donc au moins 13.000 détenus qu’il faut libérer, voire 15 ou 16.000. C’est ainsi qu’on pourra atteindre l’objectif d’encellulement individuel qui, je le rappelle, est imposé par la loi depuis 1875 et qu’on reporte de moratoire en moratoire, le dernier allant jusqu’à 2022. (...)

Q : Quelles sont les mesures nécessaires selon vous ?

R : Depuis le début, il fallait prévoir de libérer les détenus qui sont à six mois ou moins de leur fin de peine.
Ce n’est pas un chiffre au hasard : la loi de réforme de la justice, et ses mesures concernant les peines entrées justement en vigueur le 24 mars, en pleine crise du coronavirus, prévoit des alternatives à l’incarcération pour les peines inférieures ou égales à six mois, sauf impossibilité.
Que ce même gouvernement n’ait pas choisi ce seuil de six mois est incohérent. (...)

Q : Comment les détenus vivent cette situation sanitaire ?

R : On reçoit beaucoup d’appels ou de lettres de détenus qui s’inquiètent énormément, ont peur de la maladie. La population pénale est déjà extrêmement fragile, 70% souffre d’au moins un trouble psychologique ou psychiatrique. Et ils se sentent une fois de plus les oubliés de la société.
En prison, les gestes barrière sont impossibles à mettre en oeuvre. (...) Cette crise jette une lumière criante sur la situation des prisons en France. " [1]

Notes

[1Cf. AFP, publié le lundi 06 avril 2020 à


Suivre la vie du site  RSS 2.0 | le site national de la LDH | SPIP