les référents communaux anonymes de La Crau (Var)


article de la rubrique justice - police > surveillance à La Crau
date de publication : lundi 7 mars 2011
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Dans le Var, le maire de La Crau a « instauré un système de vigilance citoyenne », en chargeant 200 habitants de la commune, qui restent anonymes, de jouer le rôle d’auxiliaires de gendarmerie ou de police. Opposants et habitants s’interrogent sur le bien fondé d’une initiative interprétée comme de la délation et sur la nature des informations qui remontent...

[Mis en ligne le 4 février 2011, mis à jour le 7 mars]



Une histoire que les Belges racontent...

A La Crau, 200 "espions" anonymes veillent sur la sécurité


Le maire UMP de La Crau, dans le Var, a développé un service bénévole et anonyme de vigilance citoyenne qui s’appuie sur 200 informateurs. Mais le système est parfaitement opaque et d’aucuns s’interrogent sur l’atteinte aux libertés individuelles.

Maire UMP de La Crau, Christian Simon a pris le gouvernement français au mot lorsque celui-ci a incité les autorités locales a instaurer des systèmes de vigilance citoyenne pour lutter contre l’insécurité. Mais il a manifestement décidé d’être un élève modèle.

A La Crau, 16 000 âmes, il y a désormais près d’une personne sur cent qui "espionne" les petits faits et gestes des voisins pour les "rapporter" confidentiellement au maire. Des "référents" au sens civique bien développé, puisqu’outre le fait qu’ils sont bénévoles, ils sont également anonymes et, selon le maire, rétifs à toute forme de publicité.

Choisis par la majorité en place en dehors de tout vote du conseil municipal, les zélés délateurs échappent donc au contrôle démocratique de l’opposition. Une absence de contrôle qui choque son chef de file, pour qui la délation est "maintenant institutionnalisée" à La Crau [1]. Cette circonstance n’empêche pas Christian Simon de se satisfaire du "succès" de l’opération, alors que la Ligue des droits de homme s’inquiète de l’atteinte aux libertés fondamentales qu’un tel réseau d’informateurs peut générer.

Personne ne s’inquiètera sans doute que soient rapportés des faits de vandalisme ou des lieux de dépôts clandestins d’immondices. Mais qui peut prétendre, vu l’opacité du système, que ce sont là les seules informations que la commune recueille, s’interrogent des administrés.

Pour en savoir plus

  • Référents de quartier, voisins vigilants ... des réseaux se mettent en place, encouragés par les autorités.
  • A la une de Var-Matin :
    les yeux et les oreilles du maire de La Crau veulent rester anonymes et la commune voisine de La Garde signe une convention « cellule de citoyenneté et de tranquillité publique » (CCTP).
  • Christian Simon, le maire de La Crau, était en ligne sur RMC, jeudi 3 février 2011, à 10h45, dans l’émission Les Grandes Gueules, pour défendre son initiative. Selon lui, ces « anonymes » ne constituent pas un système de surveillance : « On recevait régulièrement des courriers de personnes qui se plaignaient au sujet de la ville. On leur a donc proposé de devenir des intervenants ! Je n’ai pas choisi qu’ils soient anonymes... Ces personnes ne voulaient pas qu’on les prenne pour des agents au quotidien ! ».
  • [Ajouté le 7 mars 2011] – Le maire de La Crau a rédigé un long éditorial, tout entier consacré au problème des « référents de quartier », dans le numéro de mars 2011 du journal municipal ; ce texte est téléchargeable au format PDF : http://www.la-crau.fr/docs/actualit....
    La liste des référents est maintenant également accessible, à partir du site de la mairie de La Crau – elle ne comporte plus qu’une centaine de noms.

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Pour terminer : une suggestion, inspirée du formulaire en ligne sur le site du ministère du civisme et de la délation, qui permettrait de simplifier le travail des référents ...

P.-S.

Voir également :

On peut se demander si ce qui s’est passé à La Crau ne préfigure pas ce qui risque de se généraliser avec l’appel à des “réservistes”.

Notes

[1[Note de LDH-Toulon] – Le chef de l’opposition de gauche nous demande de préciser que la citation qui lui est attribuée avait été mal transcrite, et que, en réalité, il avait déclaré au journaliste : « Le Maire de La Crau a organisé la remontée d’information par des personnes anonymes ».


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