“le prix à payer pour la sécurité de la ville” ?


article de la rubrique justice - police > surveillance à La Crau
date de publication : samedi 30 juin 2012
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La Crau : son grand-duc, ses platanes, ses référents, ses vidéos, son collège ... Une ville où la mairie et la gendarmerie étaient informées par email des sanctions disciplinaires infligées aux élèves du collège.

Une ville dont le maire avait confié à l’épouse du secrétaire général de la préfecture la mission de lutter contre la délinquance. Une femme qui n’a pas hésité à déclarer que les dérives sécuritaire révélées au collège sont « le prix à payer pour la sécurité de la ville ».

Une ville où il fait bon vivre ?


La mairie de La Crau recrute dans la sécurité

La lecture du bulletin du personnel municipal de novembre 2011 nous apprenait sur un mode qui se voulait humoristique le recrutement par la mairie de La Crau d’une personne chargée de mission « dans le domaine de la délinquance (La Crau étant, dans ce domaine, statistiquement très en-dessous de la moyenne des communes de même importance, il va donc falloir sponsoriser les criminels pour rattraper notre retard) [1] ». Madame de Mazières avait, parmi d’autres missions, celle de mettre en place le CLSPD (Conseil local sécurité prévention de la délinquance) [2].

C’est elle qui recevait notifications des sanctions infligées aux élèves du collège (voir cette page). Ceci – prétendument – au nom de la lutte contre la délinquance...
Une situation qui demande des éclaircissements : la loi a-t-elle bien été respectée ? S’il y a eu des conventions entre l’Education nationale et la commune ... que celles-ci soient publiées !

La FCPE demande des explications et appelle à une réunion-débat, à laquelle la LDH s’associe :

Communiqué de la FCPE du Var

La FCPE du Var ne peut se satisfaire des explications qui ont été présentées au conseil d’administration du Collège du Fenouillet le jeudi 28 juin et ne peut accepter le refus d’informer, pour l’instant, les parents victimes de ces transmissions abusives de données confidentielles.

La FCPE du Var entend poursuivre son action pour que cette information se fasse au cours de la première semaine de juillet et que ces fiches abusivement transmises soient détruites le plus rapidement possible.

Aussi, la FCPE du Var et le conseil local du Collège de Fenouillet appellent les parents, les enseignants, et tous les citoyens varois attachés au respect des libertés individuelles, à une réunion débat le lundi 2 juillet à 18h30 à :

L’ Espace Jean Natte, Boulevard de La République, La Crau

Sur le thème :

Réforme des procédures disciplinaires dans les collèges et mesures de responsabilisation

  • la nouvelle échelle des sanctions (R. 511-13 du code de l’éducation)
  • les nouvelles modalités de conservation des sanctions.

Les droits des enfants et des parents en cas de contestation ou de communication extra-scolaire.

Est-ce à l’ENA que Madame de Mazières a appris que les dérives sécuritaires du type “emails dénonciateurs”, sont « le prix à payer pour la sécurité de la ville », comme elle l’a déclaré (ici) ? Ou bien, faut-il y voir l’influence de son mari, Olivier de Mazières, secrétaire général de la préfecture du Var, et ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy ?

Ces dérives jettent une nouvelle lumière sur d’autres incidents qui se sont déroulés à La Crau : l’épisode des référents communaux anonymes, et la mise en place contestée d’un Accrobranche dont nous rappelons l’essentiel ci-dessous – vous trouverez de nombreux compléments sur le site Le flamant rose.

Détail de l’Accrobranche (photo Bruno Isolda)

Un accroc dans les branches

par Isabelle Barré, Le Canard enchaîné, 18 janvier 2012


Les habitants de La Crau (Var) sont vernis : leur maire, Christian Simon,
est un innovateur hors pair. En 2011, l’édile UMP a mis en place 200 « référents municipaux », des habitants volontaires pour surveiller la voirie... L’ambiance en a pris un coup, et ça ne s’est pas arrangé avec un projet d’Accrobranche lancé par notre édile haut perché. L’été dernier, les habitants découvrent des échelles et des câbles qui partent dans tous les sens sur le mont Fenouillet. Le site cumule les protections : Natura 2000, espaces boisés classés, ZNIEFF et autres zonages dont on vous épargne la traduction. Mais cela n’a pas empêché la mairie d’installer son « parcours sportif » payant sur terre et dans les airs.

Ecolo, l’Accrobranche ? Pas vraiment. Le projet prévoit 45 000 visiteurs par an qui fouleront des roches où nichent des oiseaux rares, comme les grands ducs, ces hiboux de 70 cm. Totalement miros, les pauvres sont connus pour se prendre de plein fouet tout câble tendu dans les airs, en s’y brisant les ailes... Hurlements de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et des autres associations écolos : « C’est un saccage, ils ont même abattu des arbres, dont un châtaignier multicentenaire, s’étrangle Vincent Tessereau, à la tête du collectif. La main sur le coeur, le maire jure au « Canard » n’avoir pas joué les bûcherons : « On n’a rien demandé, mais on loue le terrain à des propriétaires privés qui ont le droit de couper leurs arbres. » Nuance...

La commune s’est quand même mangé un PV de l’Office national des forêts, le 6 août, pour destruction d’espèces et d’habitats protégés. Et un autre de la préfecture, le 18 août, pour trois menus écarts : travaux dans un espace boisé classe, non déclaration d’une aire de jeux supérieure à 2 hectares et infraction au Code de l’urbanisme. Peccadilles ! « Je conteste toute infraction », balaie le maire. La belle attraction a ouvert en octobre, comme si de rien n’était.
La préfecture, qui a refilé les PV au parquet de Toulon, ne bronche plus. Hasard total, la mairie vient d’embaucher une énarque qui se trouve être l’épouse d’Olivier de Mazières, ancien conseiller de Sarko et secrétaire général de la préfecture. Il n’est pas interdit de bien s’entourer. Dans l’Accrobranche, il y a toujours des filets...

I. B.


Grand-duc (source)

Le parc accrobranche du Fenouillet épinglé

N. Brun avec C. Menteur, Var-Matin, 20 février 2012


Vandalisme, caméras cachées, défaut d’assurance… A La Crau, la structure poursuit son parcours chaotique. La préfecture a dressé un PV pour infraction au code de l’urbanisme.

Le « parc aventure » aménagé au Fenouillet par La Crau et Carqueiranne continue de faire polémique. Ce parc, ouvert en octobre dernier, est un parcours accrobranche, avec via ferrata et tyrolienne géante, sur l’emblématique sommet du mont Fenouillet, inscrit en Natura 2000 et en Espaces Boisés Classés. Cette aire de loisirs est située sur la commune de La Crau mais aussi en partie sur celle d’Hyères… comme l’a découvert - non sans surprise en juillet dernier - le conseil municipal de la cité des palmiers dont le POS et la ZPPAUP sont en contradiction avec ces aménagements.

Des grands ducs très perturbés

Ce parc financé à 50/50 par La Crau et Carqueiranne sur des terrains privés en location, via une Société publique locale, doit accueillir 45 000 visiteurs payants par an sur le site naturel. Selon le maire de La Crau, Christian Simon, « Aucune autorisation n’est nécessaire, les installations faisant moins de deux hectares ».

Au printemps 2011, au lancement du chantier, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage a déposé plainte contre X pour destruction d’espèce protégée. En l’occurrence, un grand-duc d’Europe retrouvé mort sur le site. Elle a également dressé un autre PV, cette fois à l’encontre du maire de La Crau, pour « perturbation volontaire, dégradation et destruction d’habitat volontaire d’une espèce protégée ».

Interrogée sur ce dossier détonant, la préfecture avait fait savoir cet été qu’elle « ne communiquerait pas sur le sujet » [voir notre édition du 14 juillet 2011]. Questionné lui aussi par son conseil municipal en septembre 2011, le maire d’Hyères Jacques Politi avait expliqué : « M. de Mazières [le secrétaire général de la préfecture, président de la Commission des sites et sous préfet de l’arrondissement d’Hyères, Ndlr] s’est rendu sur les lieux. Selon la préfecture, tout est légal [..] et aucun passage en commission de sécurité n’est prévu par la loi. Si vous ne me croyez pas, interrogez vous-même le préfet ! ».

Recours en cascade

Depuis, les choses n’ont fait que s’envenimer au Fenouillet. La tyrolienne a été vandalisée juste avant l’ouverture du parc. Sur une question de l’opposition crauroise, le conseil municipal a appris que cette installation de 250 mètres n’était pas assurée. Mais aussi que des caméras avaient été installées discrètement sur le site… Autre problème : le parc déborde non seulement sur Hyères, mais aussi sur une propriété privée qui fait valoir une expertise de géomètre.

« Il est temps que le préfet intervienne pour faire entendre la loi, l’expliquer et la faire appliquer », s’impatiente le président du collectif de défense du Fenouillet, Vincent Tessereau. Derniers rebondissements en date : la nouvelle de l’embauche de l’épouse de M. Olivier de Mazières, en septembre 2011, à la mairie de La Crau. La préfecture qui vient de sortir de son silence, en révélant tout récemment au Canard Enchaîné qu’elle avait dressé, en août dernier, un PV pour « infraction au code de l’urbanisme, non-respect du POS, travaux en Ebc et création d’une aire de jeux supérieure à deux hectares ».

La balle est donc dans le camp du parquet de Toulon. Le tribunal administratif vient quant à lui de trancher sur le permis de construire de la buvette du parc, au pied du mont Fenouillet, attaqué par trois associations. Le président Dubois-Verdier n’a pas suivi l’avis du rapporteur public et a conclu au rejet de la requête. La juridiction toulonnaise va aussi se pencher prochainement sur la légalité de la Société publique locale La Crau-Carqueiranne.


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