juillet 2005 : Sanary en état de siège


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : jeudi 28 juillet 2005
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Les épisodes suivants :
Des élus déterminés à faire respecter leurs décisions, quoi qu’il en coûte :
la loi c’est la loi !

Le manège à Sanary, jeudi 28 juillet 2005

"Nous voulons faire comprendre à tout le monde que la loi n’est pas dans la rue, explique Patricia Mas, la première adjointe. L’interdiction des fêtes foraines a été une décision mûrement réfléchie, il y a désormais un arrêté à respecter."

La municipalité n’ignore pas le mécontentement de certains Sanaryens et estivants.
Mais elle assume totalement une action qui se veut avant tout "symbolique". "Ce n’est pas agréable, certes, on est en train de barricader le port, ça va être très difficile, reconnaît Patricia Mas. Mais nous sommes des élus responsables, qui vont jusqu’au bout de leurs décisions. A Sanary, la démagogie, on ne sait pas faire."

Ferdinand Bernhard, maire de Sanary, l’avait annoncé dès l’été dernier : il n’accueillerait plus de fêtes foraines ni de cirques dans sa commune. Raison officielle : des problèmes de stationnement, qui l’ont conduit à aménager un parking sur le terrain stabilisé en bord de mer où ces manifestations avaient lieu auparavant [1].

En pleine nuit, bravant le maire ...

Le 30 juin dernier, en dépit de l’interdiction municipale, les forains, investissaient les allées et une partie de l’esplanade.

La fête avait donc eu lieu, et avait d’ailleurs rencontré un grand succès, "au mépris de toutes les règles de sécurité", s’insurge Patricia Mas. Mais à la joie des enfants : "les forains se sont installés clandestinement aux endroits habituels. La mairie de Sanary a donc été obligée de reculer devant la volonté des forains et des Sanaryens. Ce sont les enfants qui sont contents... " [2].

Ce même 30 juin, Ferdinand Bernhard annonçait sa ferme intention de "défendre personnellement l’accès au site envahi" à l’occasion de la prochaine fête foraine prévue pour le jeudi 28 juillet. Mais personne n’avait soupçonné l’impressionnant dispositif qu’il mettrait en place, une semaine avant l’échéance.

Huit jours pour préparer le blocus

Dès le 21 juillet, des barricades de béton étaient dressées sur le port, entraînant un véritable blocus des allées d’Estienne d’Orves. "On se croirait en temps de guerre !", n’hésitaient pas à lâcher certains commerçants, stupéfaits. Construction de murets aux abords de l’entrée du parking de l’esplanade, pose de grandes bennes pleines de rochers, Sanaryens et estivants pensaient avoir tout vu, mais ... ce n’était pas fini !

Quelques jours plus tard, dans la nuit de dimanche à lundi, à une heure à ne pas mettre un manège dehors, les élus, Ferdinand Bernhard en tête, accompagnés de quelques policiers municipaux, mettaient la dernière touche à une nouvelle action. "Nous allons nous relayer toutes les nuits sur-place. Quand ils arriveront, quelle que soit l’heure, l’ensemble des élus (de la majorité) sera avertie et viendra illico sur place, écharpe au cou (au bras, plus précisément), accompagnée des forces de l’ordre. Il faut respecter la loi."

Mercredi en fin d’après-midi, le préfet, silencieux jusque là, décidait d’envoyer une compagnie de CRS sur les lieux.
Avec les 400 tonnes de blocs de béton, les rondes de nuit par les élus, le centre de Sanary prend des allures de camp retranché
 [3].

La une de Nice-matin, jeudi 28 juillet 2005.

Quant aux forains, ils suivent de très près l’édification des remparts, déterminés à exercer leur profession et à offrir cette fête aux Sanaryens, malgré l’interdiction et les barricades.
"Il s’agit de l’emploi de 70 familles, et c’est une tradition qui, à Sanary, remonte à 1936. Aucune barrière n’est infranchissable."

Les prochaines nuits vont être chaudes à Sanary !

La méthode Ferdinand Bernhard

Été 2004. Un différend concernant l’édification d’un pont sur la Reppe, fleuve séparant Sanary de Six-Fours, naît entre les deux municipalités.

Le maire de Sanary décide alors de stopper l’ensemble des bus à hauteur du rond-point de la Micheline, à l’entrée de la ville, créant des embouteillages monstres.

Février 2005. Après un triste fait divers, l’agression d’une fillette par un rottweiler, la municipalité interdit sur le territoire de la commune la circulation et la possession de chiens dangereux (pit-bull, rottweilers...).

Mars 2005. Au Domaine du Val d’Aran, six ans après que le branchement EDF ait été coupé à la demande de la mairie, la direction du camping rendait les armes...

Y a-t-il une méthode Ferdinand Bernhard ?

« Concernant le premier magistrat, si aller jusqu’au bout de ses convictions dans l’intérêt général sans démagogie ; si croire que la loi n’est pas dans la rue, ni chez celui qui crie plus fort ; si prendre ses responsabilités quand les autres ne les prennent pas c’est donner naissance à une méthode, alors oui, on peut parler d’une méthode Ferdinand Bernhard », répond Patricia Mas.

La méthode Ferdinand Bernhard selon Cuverville (mai 2000)

Quelques messages postés sur le forum  :

• Ce que je regrette aussi c’est le cirque Arlette Gruss et les sandwichs de Loulou.

• Les Sanaryens ont peur de quoi ? De la lèpre ? de la rage ? ou bien se croient-ils seuls dépositaires de ce qui est bon ou pas bon pour nos enfants ? Votre image en prend un sacré coup. D’ailleurs vous n’en êtes pas à votre première réussite... Je me rappelle d’un gréviste de la faim, d’une église envahie, de manifestants devant la mairie. Parlons-en de la Mairie... Jusqu’à quand allez vous rester solidaires ? Quelle placidité qui confine à l’indifférence... Enfants gâtés !

• Qui pourrait m’expliquer pourquoi les personnes chargées de la sécurité ont des rottweilers comme chiens de travail ??? Le maire aurait-il retourné sa veste ??
des rottweilers pour la sécurité alors que quelques mois auparavant il les considérait comme des chiens pouvant nuire à NOTRE sécurité... Bizarre... Je ne comprends pas tout.

• un massif de fleurs , un car de crs, un palmier, une bombe lacrymo...

Notes

[1L’origine de cette affaire se situe sans doute en juin 2004 : à l’occasion de la Saint-Pierre, fin juin, une poignée de forains avait alors décidé, contre l’avis même de leur délégué, de rester sur place 24 heures supplémentaires après la fin officiellement prévue. Un comportement peu apprécié en mairie. Depuis, la partie de l’esplanade, jusque-là en terre, qui accueillait cirques et fêtes foraines, a été aménagée en parking arboré. Et le 11 mai 2005, Ferdinand Bernhard publiait un arrêté municipal, interdisant, faute de terrain disponible, les fêtes de la Saint-Pierre et de la Saint-Nazaire, ainsi que l’installation de manèges sur les allées Estienne d’Orves et sur l’esplanade de la mer.

[2Message posté le 2 juillet sur le forum sanaryen.

[3Le coût de ces mesures - il sera supporté par les contribuables - "n’est pas énorme" affirme-t-on en mairie, sans toutefois donner de chiffres.


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