faire la teuf, c pas permis dans l’Var !


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : lundi 28 août 2006
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Le monde de la fête deviendrait-il une cible privilégiée de la politique sécuritaire ? La question se pose après l’annulation de la dernière soirée du Festival des Collines à Mazaugues (Var).

[Première mise en ligne le 14 août, mise à jour le 28 août 2006.]


Les Gendarmes jouent les trouble-fête à Mazaugues

par J.-J. O., Var-Matin le 14 août 2006

Sept placements en garde à vue, deux dealers déférés devant la justice... "Et encore nous avons fermé les yeux sur les petits consommateurs et fait semblant de ne pas entendre les insultes qui n’ont pas manqué de fuser", expliquait hier la gendarmerie au lendemain d’une nuit plutôt agitée à Mazaugues.

Après l’annulation de la dernière des trois soirées du Festival [1], samedi, le ton est monté. Côté organisateurs, on ne décolère pas, criant "au harcèlement de la part des forces de l’ordre, dénonçant cette présence et des contrôles outranciers sans commune mesure avec le danger".

Quarante agents de sécurité payés par l’organisation

On met en avant l’engagement de près de quarante agents payés par l’organisation, pour assurer la sécurité. "Que la gendarmerie soit présente malgré cette précaution, on s’y attendait. Elle était même prévue par la commission de sécurité, au sein de laquelle nous avons travaillé en amont. Le cahier des charges a été respecté. Après, bien sûr, on ne peut être garant du comportement de chaque individu. Nous n’avions pas d’autre but que de faire la fête autour de la musique, en impliquant aussi les populations. Qui a eu à se plaindre ?" questionnent les festivaliers.

Ils montrent du doigt la maréchaussée, qui serait à l’origine de la défection du public de jeunes. Beaucoup ont été informés par le bouche-à-oreille, dès le premier soir, et auraient privilégié d’autres destinations.

Résultat, un gros bouillon financier [2] qui se trouve en fait aujourd’hui au centre du débat.

"Nous n’avons fait que notre travail et rien que notre travail, dans le cadre d’une réquisition signée par le procureur de la République. oui, nous avons opéré des fouilles, de véhicules et de personnes, lorsque les chiens ont remarqué quelque-chose. Toutes les opérations ont été menées dans un cadre, et même des attitudes, réglementaires", explique-t-on du côté des forces de l’ordre.

Six mille festivaliers escomptés

Les organisateurs n’en démordent pas : "Plusieurs dizaines de gendarmes, des barrages sur toutes les routes et même un hélicoptère. Le Festival des Collines, ça n’est tout de même pas la guerre !"

"Six mille personnes étaient attendues au cours des trois soirées à Mazaugues. Nous rappelons aussi le danger généré par de telles concentrations alors que le risque d’incendie au pied du massif de la Sainte-Baume était qualifié de très sévère", rétorque la maréchaussée, limitant l’action de l’hélicoptère à un unique survol de la situation samedi soir... Reste que, généralement, la sécurité et la lutte anti-drogue sont les moteurs de la surveillance exercée durant ces soirées. Si une dizaine d’armes a été saisie (pistolet à balles plastiques, coupe-coupe...), le bilan concernant la drogue fait état de la présence de quelques centaines de grammes de substances illicites (cannabis, cocaïne, ecstasy).

Plutôt maigre pour justifier le déploiement d’une cinquantaine de gendarmes [3].
[...]

J.-J. O.

L’an dernier, déjà : « un rassemblement de drogués »  [4]

Les « Collines » annulé

par Michel Gairaud, Le Ravi du 1er juillet 2005

« Paca, terre de festival ». Chaque année, les quelques 300 manifestations et 2000 spectacles vivants programmés durant les vacances d’été sont utilisés comme un argument majeur pour promouvoir la Région auprès des touristes. La quantité ne garantit pas toujours, loin s’en faut, la qualité. Trop souvent, les élus sont friands d’animations « culturelles », lisses et formatées, pour séduire des vacanciers de passage. A rebours, depuis 6 ans, dans le Haut Var, le festival des Collines propose un rendez-vous festif consacré aux musiques actuelles : rock, world, ska, rap, chanson, fanfare... Au menu, des concerts donc, mais aussi des débats, des rencontres, de la bonne bouffe - de préférence biologique - et de la bonne humeur... Le tout organisé par l’association Sud Musique, soutenue, lors des 3 jours du festival, par près de 200 bénévoles.

C’est une histoire pas drôle. La 7ème édition des « Collines », qui devait se dérouler du 25 au 27 août, n’aura pas lieu. La commune de Tourtour (83) avait, dans un premier temps, vivement souhaité accueillir cette édition du festival. « Le Maire est en effet devenu hostile à notre venue après avoir rencontré le sous-préfet de Draguignan qui lui aurait décrit notre festival comme une manifestation proche d’une rave-party et d’un rassemblement de drogués incontrôlés », déplore Sofia Constantine, présidente de l’association éconduite. Sous-préfet qui n’a pas donné réponse aux multiples demandes des organisateurs souhaitant le rencontrer pour défendre leur cause. En six ans, seul véritable incident qu’ils reconnaissent : la détérioration d’un muret de pierre... « Qui fait en sorte que la région devienne une fois pour toutes une longue suite de lotissements inodores, incolores, sans saveur et surtout sans vie culturelle ? (...) Qui crée le vide culturel et la peur panique de la différence ? », s’interroge dans une lettre ouverte Sofia Constantine.

Il y a un an, dans le Ravi, à propos du festival des Collines, Fabienne Lacroix, chargée de mission à l’Adiam 83, association faisant le lien entre acteurs de terrain et institutionnels, soulignait : « beaucoup d’élus (...) veulent de l’animation sur leur commune en été, mais ils ont des a priori sur le public et préfèrent souvent des manifestations classiques déjà très aidées. En fait, ils oublient leur jeunesse. »

Réflexion prémonitoire.

Michel Gairaud

P.-S.

Les organisateurs demandent à être indemnisés, des associations dénonçant une grave menace sur « certaines libertés essentielle » ont lancé une pétition de soutien, et ont demandé à être reçues par le procureur de Draguignan. Pour tout complément, voir Var-Matin du 28 août et le site du festival des collines.

Notes

[1Festival ouvert aux labels indépendants de tous horizons musicaux (rock, rap, world, dub,...)

[2Le conseil général et le conseil régional font partie des partenaires financiers du festival. Les deux assemblées territoriales ont versé une partie de la subvention. Elles devaient débloquer le reliquat après le festival dont le déficit a été qualifié de "dramatique" par l’un des responsables.

[3Quarante gendarmes, selon ce service ; cinquante d’après le cahier des charges de la commission de sécurité.


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