Val d’Aran : les derniers résidents font de la résistance (La Marseillaise)


article de la rubrique Toulon, le Var > villes du Var
date de publication : mardi 4 octobre 2005
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Le camping du Val d’Aran est depuis hier matin officiellement fermé. Cependant le président de la SA du domaine n’a pu mettre en application formelle cette décision puisqu’une poignée de résidents et d’actionnaires y a fait obstacle. Les uns attendent une solution de relogement, les autres des certitudes...

par Nirina Thoreau, La Marseillaise du 4 octobre 2005.


Prévu à 9h00 c’est aux alentours de 10h00 que Louis Dossetto, le président du conseil de surveillance du domaine du Val d’Aran, a tenté de mettre en application la décision de fermer le camping et de procéder aux coupures d’eau et d’électricité, programmées ce lundi 3 octobre. Une décision motivée pour entreprendre les travaux de mise en conformité des lieux. Un chantier d’importance qui devrait courir sur un an et demi.

Cependant, une quarantaine de familles réside encore sur le domaine et n’a pu trouver d’autres lieux pour l’abriter, crise du logement oblige.

Aussi, ce lundi matin, lorsque Louis Dossetto s’est présenté sur le site, il a trouvé les barrières enchaînées de sorte à ce qu’elles ne puissent se refermer. Ne sachant où aller les occupants du domaine, actionnaires ou simples
locataires, entrent malgré eux en résistance.

Une résistance qui hier matin s’est déroulée dans le calme, sans esclandre. Face au petit comité de groupement de défense du Val d’Aran, le président de la SA a dû se contenter de déclarer le camping fermé « officiellement », mais a renoncé à couper l’eau et l’électricité comme annoncé il y a quelques jours [1]. « Je n’ai pas voulu d’affrontement et dans la mesure où il y a ces familles qui squattent, on ne peut les priver de ces ressources. On ne va pas les mettre à la rue », explique-t-il. Il confiera que ces avertissements en direction des résidents se voulaient être un effet d’annonce : « Je pensais que ça allait faire activer les pouvoirs publics pour trouver des solutions de relogement ».

Mais cet effet d’annonce n’a pas été perçu de la sorte par les derniers occupants qui ont évidemment vécu ces menaces avec forte inquiétude. « Il a tenté un coup de force et a reculé l’échéance car nous nous y sommes opposés », souligne Gilbert de Caro.

« Nous ne faisons obstacle à personne mais il nous faut être relogés. D’autre part nous voulons des certitudes quant au devenir de nos actions. Aujourd’hui, nous sommes prêts à veiller jour et nuit pour empêcher la mise en application de la fermeture. Ceci au moins jusqu ’au 15 octobre, date où l’on ne pourra plus procéder à des expulsions  », ajoute-t-il.

Nirina Thoreau

Démarches de relogements : la préfecture s’implique

La préfecture n’est pas restée insensible aux cas particuliers des résidents à la recherche de logements.

« J’ai souvent rencontré les résidents du camping du Val d’Aran. La position de la préfecture n’a jamais changé. Nous sommes toujours disposés à accompagner, dans leurs démarches, les résidents à la recherche d’un logement » expliquait hier Patrick Crézé, secrétaire général de la préfecture. « Nous mettrons en place d’ici la fin de l’année une maîtrise d’œuvre urbanisme et sociale financée par le Conseil général et la Fondation Abbé Pierre » ajoutait-il.

M. P., Var-Matin, le 4 octobre 2005.

Une restructuration difficile à mettre en place

La position du responsable de la société est pour le moins délicate et il semble avoir bien du mal à gérer une situation devenue très complexe. Car outre la nécessité et l’obligation d’engager des travaux de mise en conformité, le camping doit, par décision de justice, réduire de près de moitié le nombre de ses emplacements - de 470 il doit passer à 270.

« Il faut faire une restructuration complète en accord avec tout le monde, mais il y a un problème de mise en place. Dans le principe les actionnaires partant devront toucher les dividendes de leurs actions », explique le président.

Concrètement, pour revenir après les travaux il faut payer sinon c’est la vente quasi forcée et le départ définitif dans la foulée. Seuls ceux qui en ont les moyens pourront rester en rachetant la part d’un autre, soit une parcelle à 12 000 euros. De plus, ceux-là devront aussi participer au financement des travaux de mise en conformité, ce qui correspond à nouveau à 12 000 euros.

Pour conserver son bien, il faut donc payer gros et rares sont les actionnaires du domaine à pouvoir se le permettre. Aux revenus modestes, la plupart d’entre eux a par le passé investi dans ce petit lopin de terre au Val d’Aran afin d’y poser leur mobil-home et venir y couler des jours paisibles. Une petite part de rêve quand d’autres plus fortunés pouvaient s’offrir une résidence secondaire ou principale en bord de mer.

Au-delà de la question primordiale du logement, c’est aussi pour nombre d’actionnaires la crainte de perdre leur investissement. Ils sont nombreux à s’être résignés à abandonner leur chère colline mais ils attendent légitimement de récupérer l’argent de leur action.

Gilbert de Caro du groupement de défense du Val d’Aran souhaite également qu’on lui rachète son action : « Comme d’autres je n’ai pas les moyens de payer mais on ne va pas partir si nous n’avons pas la certitude d’une part que le camping rouvrira bien après travaux et d’autre part sans toucher notre argent... On attend que l’exploitant s’entende avec tous ses actionnaires ! Nous avons déjà eu la surprise sur des travaux sans en avoir vu le devis. Tout ça manque de transparence ».

Nirina Thoreau

Notes

[1Voir breve 304.


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