Dans sa lettre, Pinar Selek explique : "Si la Cour suprême ne valide pas mon acquittement, ce sera alors la condamnation à perpétuité." Voir la pétition lancée par son éditeur (Éditions Liana Lévi) [1]
"Ils réclamaient justice pour Pinar SELEK" (Marseille le 2 mai 2018 [2]
Née en 1971 à Istanbul, Pinar Selek a obtenu la nationalité française, et c’est à Nice où elle enseigne qu’elle attend un énième rebondissement dans la procédure judiciaire.
Car elle a été acquittée à quatre reprises, mais le procureur de la cour suprême a cassé en janvier dernier le dernier jugement sans produire la moindre preuve à charge.
Elle encourt donc la prison à perpétuité. [3]
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Le 21 mars, Pinar Selek rendait publique une Lettre où elle rappelle :
"en juillet 1998, c’est-à-dire il y a vingt ans, je me suis trouvée dans les mains des bourreaux qui ont ensuite jeté mon corps comme un cadavre en prison. J’y suis restée deux ans et demi, sans pouvoir utiliser mes mains, mes bras, en voyant mes longs cheveux tomber, tomber… La résistance, la mort, les cris et tant d’autres choses.".
Ces mois de prison l’ont laissée durant de longues années anéantie.
Aujourd’hui, elle pourrait revivre ce cauchemar. En effet, des documents transmis récemment à sa famille, en Turquie, laissent entrevoir une nouvelle condamnation, cette fois à perpétuité, de graves difficultés pour ses proches, la confiscation de ses livres. Il faut lire sa lettre :
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Voir article Nice-Matin le 25/03/2018 [5]
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" Que sait-on réellement du génocide arménien ? Pinar Selek, d’origine turque, française depuis octobre 2017, se souvient de conversations d’adultes dénigrant les Arméniens, de ses camarades craintives, des discours d’état proclamant la supériorité nationale. Une grande claque !" [6]
L’universitaire turque Pinar Selek, en exil depuis 2009, continue à être harcelée par la « justice » de son pays. Elle parle ici du système Erdogan et du prochain référendum visant à présidentialiser le régime et à remettre en cause les droits sociaux.
Comment expliquer un tel acharnement de la « justice » turque à votre égard ?
"Depuis longtemps, ceux qui, en Turquie, contestent et franchissent des lignes rouges ont été emprisonnés, ont été tués ou ont dû s’exiler. Mon enfance s’est passée devant les prisons. Mon père s’y trouvait. Quand j’étais moi-même emprisonnée après 1998, il y avait 45 000 prisonniers politiques en Turquie.
Depuis le génocide des Arméniens, depuis la construction de l’État turc basée sur la violence, la peur règne. C’est un système autoritaire depuis longtemps. De temps en temps, il y a des ouvertures mais il ne s’agit pas de transformations structurelles, donc quand on continue à lutter, on subit la même répression. Mon cas est spécifique parce que je suis seule dans cet acharnement. Je ne suis pas incluse dans des groupes comme les journalistes ou les universitaires. Je suis en plus accusée de crimes très graves qui sont faux.
On a voulu faire de moi un exemple, une terroriste. Mais il y a toujours eu une grande mobilisation autour de moi, qui continue encore aujourd’hui. En une semaine, par exemple, 200 avocats se sont occupés de mon dossier. J’ai toujours été acquittée car il n’y a rien, aucune preuve. Mais l’État ne veut pas perdre contre moi. En plus je suis une femme, une féministe. Qui parle de la sexualité, de choses horribles pour eux. Je suis aussi très ferme sur le génocide arménien et je continue à écrire. Ça ne leur plaît pas." (extraits de : [7]
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IN MEMORIAM
Alors que Pinar Selek vient d’obtenir la nationalité française, plusieurs membres de la section de Nice souhaitent évoquer la mémoire de Nebi Yildizturan, archéologue turc, torturé dans les prisons de la dictature militaire turque, marqué définitivement par les séquelles physiques de la torture, évadé de Turquie, pris en charge par un groupe Amnesty de Seine-et-Marne à son arrivée en France en 1989, sous le statut de réfugié.
Plus tard, nous avons aidé Nebi à trouver sa place dans notre département, en dépit du lourd handicap physique dont il était affecté à la suite des tortures subies ; nous gardons un souvenir ému de la petite cérémonie "béret, camembert, litron de rouge" à l’occasion de son acquisition de la nationalité française.
En dépit de tout ce qu’il avait subi, Nebi était un homme d’une grande douceur, un esprit fin et conciliateur, un homme ouvert, un véritable européen. Trop tôt décédé à Paris en 2009, entouré de ses amis.